La 8e édition du Congrès des experts-comptables a clôturé, vendredi 27 novembre à Marrakech, ses travaux. Les experts comptables, qui s'ouvrent sur le monde de l'économie et de l'entreprise marocaine et africaine, se sont penchés sur la manière d'affronter les différents défis auxquels est confronté le continent africain. Le message était clair. L'Afrique demeure un continent d'espoir et il pourrait même jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale. Plusieurs rapports diffusés par des institutions financières internationales sur l'Afrique révèlent en effet que les opportunités y sont nombreuses, notamment pour certains secteurs tels que les infrastructures, l'énergie, les ressources naturelles, le BTP, les technologies de l'information et les communications. Toutefois, il est nécessaire de réfléchir sur la manière d'affronter les différents défis qui empêchent de saisir les opportunités de croissance et de compétitivité recherchées. C'est d'ailleurs ce sur quoi se sont penchés, durant deux jours, les participants à la 8e édition des experts comptables, laquelle a ouvert ses travaux, jeudi 26 novembre, autour de la thématique : «Croissance et compétitivité : Valoriser les synergies de l'Afrique». L'Ordre national des experts-comptables, organisateur du congrès avec la Fédération panafricaine des experts-comptables, ont invité décideurs économiques, politiques et représentants d'administration et d'organisations professionnelles pour l'analyse des ressorts de la croissance en Afrique. Pas moins de 500 participants et invités de 40 pays d'Afrique et d'Europe ont pris part à cette manifestation, qui se tient, pour la première fois, en partenariat avec la CGEM. Le président de l'ordre, Abdellatif El Quortobi, a tenu à mettre l'accent sur le rôle des experts-comptables qui «ont un rôle très important à jouer, notamment en fournissant les bonnes informations et outils indispensables à la prise des bonnes décisions». Leur implication, selon Quortobi, est donc nécessaire pour la réussite de certains projets structurants menés par les entreprises. C'est le cas des projets de croissance externe, d'endettement, de recherche de financements, etc. Et ce congrès, dit-il, constitue une occasion pour appréhender l'environnement économique marocain et africain et de cerner les politiques de croissance et d'amélioration de la compétitivité. Il permet ainsi d'analyser notamment des synergies pouvant rapprocher les entreprises et les experts marocains et africains. El Quortobi signale l'intérêt d'un rapprochement des experts-comptables africains pour mieux servir, aussi bien les grandes entreprises déjà présentes en Afrique que les PME, qui se verront, à court terme, engagées dans une nouvelle dynamique. Le ministre de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique, Moulay Hafid Elalamy a, lui aussi, soutenu que l'Afrique connaîtra une certaine dynamique dans les prochaines années. Le continent africain aura des perspectives plus fortes à l'avenir. Néanmoins, pour réussir cette dynamique, il doit savoir exploiter intelligemment les richesses normes dont il dispose aujourd'hui. «L'Afrique a vécu ces dernières années une véritable transformation. Beaucoup de pays africains ont découvert, au-delà de ce qu'ils avaient déjà en matière de ressources naturelles, un sous-sol encore plus riche en pétrole. Cela va pousser à la création d'une place qui, disons-le, est en train d'émerger», explique le ministre. D'ailleurs, souligne Elalamy, depuis un certain temps, l'Afrique, avec sa population qui totalise près d'un milliard d'habitants, attire beaucoup d'intérêts à travers ses partenaires internationaux. Pour le ministre, le continent africain doit veiller à mettre en place des stratégies à même de créer de la valeur ajoutée localisée. «Aujourd'hui, fort heureusement, nous percevons une véritable volonté de transformation et de changement dans chacun des pays-frères», annonce-t-il. Le but recherché, c'est d'aller justement dans cette stratégie de créer une valeur ajoutée localisée. De son côté, la présidente de la Confédération générale des entreprises marocaines, Miriem Bensaleh Chaqroun, cite le dynamisme démographique de l'Afrique et sa base de consommation comme principaux atouts. «L'Afrique représente sans aucun doute l'un des marchés le plus attractifs du 21e siècle, aussi bien en tant que marché de consommation qu'en termes d'opportunités d'affaires», a-t-elle souligné. Pour Bensalah, il y a lieu de souligner également que la classe moyenne africaine représentait, en 2013, près de 375 millions d'individus, soit 34% de la population. À l'horizon 2030, poursuit-elle, cette classe moyenne devrait compter plus d'un demi-milliard de personnes. Toutefois et au-delà de cette croissance naturelle, il convient, selon Miriem Bensaleh, de se poser quelques questions. Cette croissance sera-t-elle pérenne d'ici dix ans ? Est-ce que cette croissance profitera plus aux entreprises africaines et particulièrement aux PME et aux TPE ? En d'autres termes, insiste-t-elle, «il faudra faire de la croissance durable et surtout inclusive pour pouvoir obtenir une soutenabilité au niveau de cette croissance recherchée». Pour la patronne des patrons, les pays africains doivent encore travailler sur leur compétitivité. «En analysant les performances des 54 pays africains, on se rend compte que la croissance est tirée par les investissements en infrastructures économiques et sociales, l'exploitation des ressources naturelles, l'agriculture, les importations et quelques exploits en matière d'industrie, mais ils ne servent pas encore assez de locomotive», souligne Miriem Bensaleh. Notons qu'en marge de cette manifestation, organisée sous le haut patronage du souverain, des ateliers d'information ont été animés par des experts comptables sur les marchés africains. L'occasion pour les entreprises marocaines et africaines de s'informer sur les opportunités d'investissement qu'offre l'Afrique et les contraintes auxquelles il faut faire face.