Après une ouverture en grande pompe, marquée notamment par la présence de la princesse Lalla Hasna et quatre jours d'intenses activités culturelles et artistiques, la première édition de la Foire internationale de l'art contemporain d'Afrique et de la Méditerranée de Casablanca, s'est clôturée samedi soir. La réussite de ce rendez-vous organisé par la Fondation Temas de Arte, met fin aux préjugés et démontre que la capitale économique peut aussi devenir une destination culturelle. D'ailleurs, le président de Temas de Arte, Victor del Campo l'a bien précisé : «Casablanca est un grand marché de l'art contemporain». Avec plus de 2.000 visiteurs comptant des artistes, des agents culturels, des galeristes, des collectionneurs et des amateurs de l'art contemporain, des transactions commerciales importantes, Foro Casablanca & Top 25 Art Fair ont tenu toutes leurs promesses. Il faut dire que le programme concocté par les organisateurs y était pour beaucoup. Outre la foire «Top 25 Art Fair» qui a réuni 25 galeries venues d'Espagne, d'Allemagne, des Etats-Unis et du Maroc, le forum «Foro Casablanca» a été une occasion pour débattre de bon nombre de sujets d'actualité. C'est ainsi qu'on a discuté de la promotion et de l'internalisation des industries culturelles à travers les administrations publiques, décortiqué le rôle des réseaux sociaux dans l'activisme culturel, mis l'accent sur le tourisme culturel et son importance dans le développement local et zoomé sur l'impact économique et social des industries culturelles dans la ville. Ces tables rondes ont vu la participation d'experts d'ici et d'ailleurs. Consécration pour Fouad Maâzouz et Galerie 21 Le dernier jour de cette manifestation a été marqué par la consécration de l'artiste Fouad Maâzouz et de la galerie casablancaise Galerie 21. Elu meilleur artiste par le comité consultatif du Top 25 Art Fair, Maâzouz, déjà primé dans plusieurs événements au Maroc et à l'étranger est considéré comme l'un des meilleurs photographes arabes et africains. D'ailleurs, le Top 25 Art Fair 2011 reconnaît en lui le symbole de cette nouvelle génération d'artistes africains et méditerranéens de l'art contemporain. «C'est avec grand plaisir que j'ai reçu ce Prix. Je le partage avec la Galerie 38, qui me suit depuis des années. Plus qu'un Prix, je perçois cette consécration comme une responsabilité. Une motivation supplémentaire qui me pousse à poursuivre mon travail», a déclaré le jeune artiste. Côté galerie, c'est la Galerie 21, représentée par Aziz Daki et Aïcha Amor qui s'est particulièrement distinguée lors de cette édition. «Nous sommes à la fois heureux et fiers de ce Prix qui couronne notre travail», commente Aziz Daki, co-fondateur de la Galerie 21. Connue sur la place, la Galerie 21, la seule galerie marocaine qui avait été sélectionnée pour participer à la foire d'art contemporain «Art Dubaï» qui s'était tenue, en mars denier, œuvre depuis sa création à mettre en avant de jeunes artistes talentueux. Rappelons que la deuxième édition de Foro Casablanca & Top 25 Art Fair qui aura lieu en 2010 à Barcelone accueillera les heureux élus, en l'occurrence Fouad Maâzouz et la Galerie 21. Guillermo Escribano, Conseiller culturel de l'ambassade d'Espagne à Rabat «La culture n'a rien à avoir avec l'événementiel» Les Echos quotidien : Pourquoi avoir soutenu Foro Casablanca et Top 25 Art Fair ? Guillermo Escribano : La participation de l'administration espagnole est multidisciplinaire. Le soutien financier à cet événement est assuré à la fois par le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Culture espagnols. Il y a aussi des participants du ministère de l'Industrie. Bref, c'est un échantillon qui montre le degré de coopération entre le Maroc et l'administration publique espagnole. En effet, les grandes mairies prennent part à cet événement, notamment celles de Madrid et de Barcelone ainsi que les communautés autonomes. Il faut dire que le projet qui nous a été présenté par le président de la Fondation Temas del Arte, Victor del Campo, a été adopté sans hésitation aucune par l'ambassade de mon pays à Rabat, qui a cherché également à trouver le financement nécessaire à une manifestation de telle envergure. Concrètement, le budget consacré à cet événement par l'administration espagnole s'élève à combien ? Il s'élève à quelques dizaines de milliers d'euros. Vous savez, les plus grandes activités culturelles qui ont eu lieu au Maroc en 2010 ont été financées par l'Espagne. Nous organisons annuellement au Maroc une moyenne de 700 activités culturelles et artistiques à travers notamment le réseau des instituts Cervantès. Je peux vous dire que le budget dédié à la foire de Casablanca est de loin le plus important. En abritant une telle manifestation, Casablanca pourra-t-elle devenir une ville culturelle et artistique ? Casablanca est une ville fantastique qui a un potentiel énorme, contrairement aux préjugés. En mettant en place cet événement, on contribue à développer un secteur embryonnaire qui a été lancé au Maroc grâce à Marrakech Art Fair. Organiser plusieurs foires d'art contemporain ne peut qu'être bénéfique pour l'art au Maroc. En plus, l'idée est de défendre, comme en Espagne, la mise en place d'industries culturelles. Dans mon pays, la culture crée 800.000 emplois et représente 5% du PIB. Il faut donc cesser de penser que la culture est seulement de l'événementiel. Elle est plutôt un muscle économique important qu'il faut exploiter.