Un nouveau plan d'action pour les échanges entre civilisations dévoilé lors d'un sous-forum    L'indice mondial des prix alimentaires progresse légèrement en juin selon la FAO    Gazoduc Africain Atlantique : Réunions à Rabat du Comité technique et du Comité de pilotage    Tanger: Des travaux à la forêt Al Borj pour la mise en place d'une ligne électrique à haute tension    Rencontre sino-américaine à Kuala Lumpur : ouvre-t-elle la voie à une désescalade entre Pékin et Washington ?    SM le Roi félicite le président de Sao Tomé-et-Principe à l'occasion de la fête nationale de son pays    L'ANEF encadre des travaux forestiers à Al Borj liés au projet électrique Tanger II    L'ICESCO renforce le dialogue civilisationnel lors d'une rencontre de haut niveau avec des responsables chinois    Mehdi Bensaïd lance des projets culturels et pose la première pierre du chantier de restauration de Sijilmassa    La cigogne et l'entrepreneur    REIM Partners investit plus d'un milliard de dirhams dans le premier OPCI dédié à la santé    L'OMPIC participe à la 1ère réunion de l'Alliance francophone de la propriété intellectuelle    Dar Taarji dévoile AKAN, une collection singulière de boutique-hôtels de charme    France : Un Franco-Marocain tué après avoir tenté de stopper une violente altercation    Marrakech : L'influenceuse Fidji Ruiz hospitalisée avec son mari Anas après un grave accident de la route    U.S. Congress reveals details of proposed bill to designate Polisario as a terrorist organization    Aznar révèle que Chirac a proposé de céder Ceuta et Melilla au Maroc    Morocco and France strengthen parliamentary ties at APF session in Paris    Ballon d'or 2025 : Achraf Hakimi séduit la presse internationale    Espagne : L'Association des travailleurs marocains fustige les propos anti-migrants de Vox    «Akayeb Denya», nouveau recueil de nouvelles de Maati Kabbal    Marrakech accueille la première édition des Summer Series    Jazzablanca 2025 : Trois univers musicaux pour une soirée inoubliable    Réseau : Auto Nejma tisse sa toile à Agadir    L'Université d'Aix-Marseille attribue le titre de «Docteur Honoris Causa» à Mostafa Terrab    Algerian Referee Sparks Controversy at Women's Africa Cup of Nations After Removing "RAM" Logo    Oulad Youssef : Intervention réussie des forces de sécurité pour neutraliser un individu ayant agressé un agent de la protection civile et s'étant retranché dans un château d'eau    Les prévisions du samedi 12 juillet    CAN (f) Maroc 24 / Groupe C (J2) : La Tanzanie accroche l'Afrique du Sud    CAN (f) 24 / J3 : Ce soir, Maroc-Sénégal, le suspense à son comble !    Euro féminin 2025 : Hier, l'Espagne et l'Italie qualifiées, ce soir duel pour la première place entre l'Allemagne et la Suède    Les Gardiens du Patrimoine : bande-annonce    Hommage à Najwa Slaoui : Une ingénieure brillante au service de 2M Maroc    Gouvernance des données : Pilier négligé de notre stratégie digitale ? [INTEGRAL]    L'intelligence artificielle, catalyseur de réinvention de l'action publique au Maroc    Israël nomme Avihai Levin, expert des échanges avec le monde arabe, à la tête de sa première représentation économique au Maroc    CAN Féminine : L'Afrique du Sud évite le piège tanzanien et préserve ses chances    Chambre des représentants : adoption en commission du PL portant création de la "Fondation Maroc 2030"    Londres : un homme poignardé à mort par un agresseur cagoulé à Knightsbridge    Donald Trump menace d'imposer des droits de douane de 35% sur les produits canadiens    Chine: Des universités lancent un programme de licence en économie de basse altitude    Saâd Abid : «Le secteur privé peut, lui aussi, soutenir ces initiatives dans le cadre d'une stratégie RSE.»    Cinéma : "13 jours, 13 nuits", Roshdy Zem rejoue l'évacuation de Kaboul    Le Conseil de gouvernement adopte le projet de loi portant création de la « Fondation Maroc 2030 »    La Chine à mes yeux: un concours ouvert aux Marocains pour découvrir et raconter la Chine    USA : Trump lance la diplomatie du commerce    Al-Haouz: 46.650 familles ont pu achever les travaux de construction et de réhabilitation de leurs habitations    Le programme d'aide au logement bénéficie à 55 512 Marocains    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Les droits de l'Homme dans le concret
Publié dans Les ECO le 12 - 06 - 2017

Lundi 5 mai, les prévenus ayant à nouveau refusé de comparaître, l'audience a débuté avec 4 heures de retard. Ce fait illustre une nouvelle fois l'attention extrême avec laquelle la Cour traite la question des droits de l'homme dans ce procès de Gdim Izik. On doit rappeler que le droit criminel est contraignant à l'égard des prévenus, dans toutes les grandes démocraties. À cet égard, les pratiques des Etats-Unis sont bien connues avec la comparution de prisonniers en tenue et entravés. Qu'avons-nous observé ici, à Rabat ?
Quand les valeurs humanistes dirigent un procès pénal
Que sous réserve de leur limitation de circulation, les prévenus ont été tout à fait libres tout au long de ce procès, de comparaître en lançant des slogans hostiles au Maroc, d'exprimer un mépris complet à la Cour, aux victimes et aux témoins, le tout avec la force des images qu'offrent les beaux habits traditionnels des peuples du désert.
Que le président n'a pas usé de son pouvoir légitime de contrainte. Plus encore, qu'il a retardé durant 4 heures l'ouverture de l'audience, en sachant que cette stratégie du refus divise les prévenus : quatre d'entre eux ont ainsi fait état d'une excuse médicale, un autre de la préparation du baccalauréat. Qu'il a au contraire exprimé son respect, sinon son assentiment à ce droit des prisonniers. Que ce faisant, il a en ces circonstances fait la preuve concrète et tangible que la volonté de respecter les droits de l'Homme est la marque de ce grand procès. Ce concept de droits de l'Homme est structuré autour de principes et de règles qui conditionnent les pratiques répressives de tous les Etats du monde. Les méthodes policières, la juridiction compétente, la procédure suivie, les droits des prévenus, la juste peine sont autant de sujets fondamentaux. Dans ce procès, les prévenus ayant tardivement fait état de tortures et malveillances lorsqu'ils furent arrêtés, avaient demandé à la Cour de bénéficier d'une expertise médicale. Demande légitime qui leur a été accordée, mais leur stratégie globale du refus se trouvant mise en défaut, ils ont ajouté que cette expertise devait être effectuée par une commission internationale. Sachant que rien dans le droit international ne l'envisage et qu'aucun Etat au monde et notamment la France ne l'accepterait, leur demande ne pouvait être retenue. Que s'est-il passé alors ?
Des expertises médicales au-dessus de tout soupçon
Mardi 6 juin, la Cour a entendu le comité d'experts médicaux. Faisons une pause sur ce comité. Il s'agit d'un collectif composé d'un chirurgien du traumatisme et d'un psychiatre, le travail d'ensemble étant coordonné par le professeur de médecine légale Fadila Ait Boughima. La sagesse de la Cour fut de désigner un collectif afin que le principe du contradictoire, si essentiel pour le respect des droits de l'Homme dans un procès pénal, s'exprime encore au stade du diagnostic médical. Ici, il s'agit de trois personnalités éminentes du monde médical, à la notoriété internationale, en raison de la reconnaissance de leurs confrères étrangers. Peut-on croire que des intérêts militants ont pu conduire leur diagnostic ? L'un d'entre-eux aurait-il été tenté, qu'il aurait rencontré l'obstacle du consensus que tout comité d'experts doit toujours rechercher. Qu'a-t-il été dit alors à la Cour et aux parties ?
Que la mission d'expertise a comporté des entretiens individuels longs et attentifs aux allégations des prévenus. Que de nombreux examens ont été réalisés au CHU par d'autres médecins, des radiologues, des ophtalmologistes, des ORL. Que leurs analyses et leur diagnostic ont été encadrés par le Protocole d'Istanbul, dont on doit savoir qu'il s'agit du référentiel international majeur parce qu'établi sous l'égide des Nations Unies. Que dit ce Protocole ?
Le protocole d'Istanbul
Que les médecins experts n'ont pas le choix. Qu'ils sont tenus de respecter avec précision les conditions qui y sont fixées. Qu'ils n'ont pas à dire «il y eu torture ; il n'y a pas eu torture» car le protocole leur impose d'éclairer la Justice sur le degré de compatibilité entre les allégations des prévenus et les traces ou marques de blessures et de traumatismes. Qu'ont alors conclu les trois médecins experts ?
L'analyse des cicatrices invoquées par certains prévenus a été poursuivie par la recherche des corrélations nécessaires avec un acte de torture. Des examens approfondis effectués, il ressortait que d'autres causes leur ont scientifiquement paru devoir être retenues comme explicatives, parce que les marques se sont révélées non compatibles avec les faits de torture invoqués ou encore plutôt liées à des pathologies constatées, comme une inflammation des oreilles ou des phénomènes de vieillissement. Ce qui a conduit les experts à ne valider scientifiquement aucune des allégations de torture. Alléguer n'est pas prouver ! La qualité de ces expertises a rendu très difficile la mission de défense des accusés sur ce point, ce qui permet de comprendre que les avocats de la défense n'ont pu faire mieux que de questionner le professeur Ait Boughima sur le % de la probabilité des tortures, question qui selon le protocole d'istambul ne pouvait avoir de réponse. Ainsi à la date du 7 juin, la phase des plaidoiries a débuté. Tout d'abord avec les avocats des parties civiles, très méthodiques sur l'analyse des faits. Porteurs de la mémoire des victimes et des droits de leurs familles, ces avocats ont été très présents tout au long de ce procès. Puis, le réquisitoire du parquet va suivre. Les avocats généraux ont montré tout au long de la procédure leur souci de ne rien abandonner des faits. La question qui se pose est de savoir si la semaine prochaine, la stratégie politique de déni global des prévenus sera maintenue par leurs avocats, commis d'office depuis le départ de leurs confrères ? Nous rappellerons que l'avocat n'a que l'intérêt de son client à considérer et qu'il est libre de l'apprécier en son âme et conscience. Indépendance et force morale sont les deux mamelles de la fonction d'avocat.
Hubert Seillan
Avocat au barreau de Paris et observateur dans le procès de Gdim Izik


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.