Le projet d'accord sur la libéralisation des échanges de produits agricoles frais et transformés, ainsi qu'halieutiques transformés, entre le Maroc et l'Union européenne (UE), devra passer son grand test, ce mercredi 15 février, devant la plénière des eurodéputés. Du moins en à en juger par la version de tutelle. Les efforts de lobbying déployés de part et d'autre du détroit, devraient ainsi prouver leur efficacité en termes de persuasion. À Strasbourg, dans l'hémicycle européen, les débats ont démarré depuis hier avec la véhémence à laquelle on s'attendait entre défenseurs et détracteurs de ce partenariat. «Nous attendons avec impatience ce vote, en espérant qu'il soit positif. Nous sommes en tous cas optimistes et espérons que cela sera le cas. Nous croisons les doigts pour que demain puisse nous apporter une bonne nouvelle», nous confie Eneko Landaburu, le diplomate, chef de la délégation de l'Union européenne au Maroc. Pour ce pays, justement, les dernières cartouches ont été tirées la semaine dernière. Dernier lobbying Une délégation de quelques responsables des professionnels du secteur regroupés au sein de l'Association des exportateurs marocains (Asmex), ont en effet fait le déplacement auprès de leurs homologues français, histoire de s'attribuer les faveurs de ces derniers pour la mise en œuvre de ce projet de partenariat. Ahmed Ouayach, président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural, et Hammou Ouhali, président de la Fédération interprofessionnelle de la viande rouge, ont ainsi été reçus par Xavier Belin, le patron de la FNSEA. Cette rencontre n'en est qu'une parmi d'autres l'ayant précédées, notamment entre opérateurs marocains et professionnels espagnols. Ces derniers sont pour l'heure les principaux détracteurs de l'accord agricole entre le Maroc et l'UE. L'argument phare, brandi depuis le début des négociations relatives à ce projet de partenariat en 2005 -et qui ne cesse d'être ressassé- est surtout lié à du protectionnisme économique et de la lutte anti-dumping contre les produits agricoles marocains. Enjeux Il faut savoir que ce vote en plénière sera l'aboutissement d'un long processus de codécisions et de validations préalables imposées par les circuits protocolaires de l'UE. Il y a tout juste quelques semaines, la Commission du commerce international (INTA) donnait son «feu vert» à l'UE pour la mise en œuvre de cet accord. Une recommandation favorable, venue atténuer celle, défavorable cette fois, émise quelques jours plus tôt par une autre commission du PE, en l'occurrence celle de l'Agiculture et du développement rural (AGRI). «Si l'on avalise un accord de ce type, le marché communautaire peut être exposé à des risques provoqués par des retombées économiques négatives potentielles dans les zones spécialisées dans la culture de légumes», défendait-t-on dans le rapport final de la commission AGRI. L'accord proposé permettra au Maroc de libéraliser immédiatement 45% (en valeur) des importations venant de l'Union européenne, tandis que les importations du Maroc vers l'Union européenne seront libéralisées à 55%. L'accord prévoit également une augmentation des concessions dans le domaine des fruits et légumes, secteur dans lequel les produits marocains représentent 80% des importations dans l'Union européenne. Au finish, quoi qu'il en soit, le dernier mot reviendra à la majorité parlementaire...