Cette fois sera peut-être la bonne. Le Maroc se dotera enfin des dispositifs pour mobiliser l'épargne à long terme. Revendiqués depuis une décennie, ils ont enfin des chances d'être adoptés avec l'entrée en vigueur de la loi de finances 2011. Poussées par le manque de liquidité qui a caractérisé le marché au lendemain de la crise financière, les autorités souhaitent ainsi augmenter le taux d'épargne qui se situe, actuellement, à environ 30% du revenu national disponible brut. Entre plans d'épargne logement (PEL), plans d'épargne actions (PEA) et plans d'épargne entreprise (PEE), proposés par la CGEM, le projet de loi de finances pour 2011 propose des formules pour le PEL, le PEA et le plan d'épargne éducation, mais n'évoque nulle part les PEE. Destinées à la classe moyenne, ces solutions devront permettre d'améliorer l'accessibilité au logement et de promouvoir l'enseignement privé en plus d'améliorer l'accès des particuliers au marché boursier. On notera à cet égard l'exonération totale des revenus et profits de capitaux mobiliers réalisés dans le cadre du PEA, dont l'imposition s'élève à 10% pour les dividendes ou 15% pour toute cession des titres cotés, à condition que le montant cumulé ne dépasse pas 600.000 DH. Ce plafond est jugé par les professionnels peu encourageant vu les opportunités qu'offre le marché boursier. Avis partagé par Karim Hajji, directeur général de la Bourse de Casablanca, qui estime que «bien que cette mesure soit encourageante le plafond fixé à 600.000 DH reste insuffisant». Par ailleurs, selon ce dispositif, ces actions devront être conservées pendant cinq ans pour bénéficier de l'exonération fiscale, permettant ainsi d'attirer davantage de particuliers intéressés par un investissement sur le long terme, souligne un professionnel. En effet, «les avantages fiscaux combinés à une reprise du marché et à l'injection de papier frais devraient inciter les particuliers à revenir en masse à la Bourse de Casablanca, mais cette fois dans une logique d'investissement à long terme», précise-t-il. De plus, cette incitation permettrait également une diversification des placements des ménages, en les réorientant vers les actions, jugés risquées. À condition toutefois que les acteurs sur le marché financier jouent le jeu. Destinés à des non avertis, l'effort de communication et d'éducation devrait être accentué. À défaut, ce sont les OPCVM actions qui pourront attirer le plus cette catégorie d'investisseurs. Pour Karim Hajji les banquiers joueront un rôle déterminant dans la commercialisation de ces plans.