Naymah Benjelloun, présidente de la Fondation Omar Benjelloun Les Echos : Comment est née l'idée de la création de la fondation «Omar Benjelloun» ? Naymah Benjelloun : Mon défunt mari, Omar Benjelloun, était un industriel dans la ville de Casablanca. Il a eu le désir de réaliser un projet pouvant marquer l'espace patrimonial de Marrakech. Il était également un grand collectionneur d'objets d'art, principalement marocains. Un jour, il m'a annoncé qu'il voulait créer un musée pour contenir tous ces objets et faire profiter le public de l'art marocain ancien. A Marrakech, il est tombé sur un vieux palais datant du 19e siècle, qui avait appartenu à Menebhi, pacha de la ville en son temps. Complètement en ruines, ce palais est devenu, après sa restauration, le musée de Marrakech. Juste après, Omar Benjelloun a enchaîné, restaurant la «medersa Benyoussef» et la «qoubba des Almoravides». Dans le musée, nous avons une galerie d'art contemporain, qui a vu passer de grands artistes internationaux aussi bien du Pakistan, d'Iran que du Maroc. L'art, en général, n'a pas de frontières, dans la mesure où cela permet à beaucoup de Marocains de voir tout ce qui se passe à l'étranger sans voyager. Cela permet également un contact réel et une relation agréable entre l'artiste et les visiteurs. Le musée accueille en ce moment les œuvres de l'artiste «Chayan Khoï». Pourquoi ce choix ? Chayan Khoï est un grand artiste iranien, qui vit à Paris. Il voyage partout dans le monde et photographie toute sa beauté. Sa particularité est qu'il travaille ses photos avec une technique d'assemblage photographique qu'il nomme lui-même «Cyberéalisme». Il met en scène, dans une même image, les merveilles de la nature et un aperçu du patrimoine culturel mondial. Chayan Khoï est un précurseur dans la création numérique. Il s'est tourné progressivement vers des techniques plus artisanales et plus traditionnelles. Considérant ses références internationales, cela fait plus d'un an que nous essayions de l'accueillir au musée. Quels sont vos projets dans l'avenir ? L'année 2010 sera consacrée à l'art contemporain. Nous accueillerons des artistes venant du monde entier, notamment des Etats-Unis d'Amérique et de France. De plus, nous projetons d'exposer de l'antiquité marocaine (bijoux anciens, tapis, objets de décoration) durant toute l'année. Toutefois, ces œuvres ne sont pas à vendre. Nous changeons constamment de collection, selon une thématique prédéterminée, dans le but de diversifier notre activité.