La FIFA installe à Salé son bureau Afrique au sein du complexe Mohammed-VI    Heatwave alert in Morocco : Temperatures to soar up to 48°C from Sunday to Tuesday    Mohamed Ould Errachid reçoit le président de l'Assemblée nationale du Vietnam    Médiateur du Royaume : Recours croissants des administrés face à l'administration    Le Roi Mohammed VI se félicite des liens de fraternité avec les Maldives    Les indicateurs hebdomadaires de BAM en 5 points clés    5G au Maroc : tout savoir sur le calendrier, les opérateurs et les investissements 2025-2030    Internet haut débit : Le Maroc progresse, mais les inégalités persistent    Casablanca / Tourisme : Envolée spectaculaire de la clientèle chinoise (+101,27 %) et progression de Mohammedia avec +33,29 %    Le Maroc affine sa stratégie industrielle et énergétique, selon un rapport de l'Organisation internationale du travail    Les importations marocaines de blé atteindront 7,8 millions de tonnes en 2025-2026, selon les autorités américaines    Le Maroc devance l'Afrique dans les échanges commerciaux avec la Turquie avec 1,8 milliard de dollars d'importations au premier semestre    Message de condoléances et de compassion de S.M. le Roi à la famille de feu Afif Bennani    Inde-Nouvelle-Zélande: Progression des discussions en vue d'un accord de libre-échange    Trump rabaisse Macron : Quand la reconnaissance de la Palestine devient un bras de fer diplomatique    Maroc - USA : Satisfecit du département d'Etat américain [INTEGRAL]    CAN (f) Maroc 2024 : Le Ghana décroche le bronze    Finale. CAN (f) Maroc 24 / Lionnes de l'Atlas vs Super Falcons pour le titre : Horaire ? Chaînes ?    Football: l'Argentin De Paul quitte l'Atlético Madrid pour l'Inter Miami    Le président de la commune de Bouskoura et trois élus suspendus pour manquements graves dans la gestion de l'urbanisme et des recettes locales    Moussem Moulay Abdellah Amghar : Une édition 2025 sous le signe de la modernisation    Ziad Rahbani, fils de Fairouz et légende de la musique libanaise, s'éteint à 69 ans    La Guinée choisit le Maroc pour accueillir l'Algérie dans les éliminatoires de la Coupe du Monde 2026    Hatim Essaouabi est officiellement un joueur de La Gantoise !    Sanctions infligées à l'équipe féminine d'Algérie après la CAN féminine au Maroc    Sahara : L'Algérie silencieuse après le soutien du Portugal au Maroc    UN marks first International Day of Women and Girls of African Descent    Safar 1447: La luna creciente avistada, el inicio del mes fijado para el 26 de julio    Safar 1447 : Le croissant lunaire aperçu, début du mois fixé au 26 juillet    Revue de presse de samedi 26 juillet 2025    Tafilalet : La plus ancienne mosquée médiévale du Maroc révélée à Sijilmassa    Depuis Rabat, 550 enfants du monde élèvent la voix pour la paix : «Assez de mort (...), écoutez-nous»    «Le Maroc choisit une coopération fondée sur la confiance et non sur la dépendance» : les confidences de l'ambassadrice Farida Loudaya    CAN féminine 2024 - Jorge Vilda : « Avec un moral au beau fixe, la sélection marocaine lorgne le titre »    «Nous ne sommes pas condamnés à rester les "sugar daddy" du Polisario» : Abdelmadjid Tebboune brise le silence sur les milliards dilapidés pour soutenir les séparatistes et provoque un tollé en Algérie    Rabat accorde les licences 5G à trois opérateurs au terme de l'appel de l'ANRT    Des toits aux tapis : Comment DAIS fusionne le graffiti avec le patrimoine marocain    Sijilmassa révèle dix siècles d'histoire à la faveur des fouilles archéologiques de 2024-2025    Cinéma : un nouveau Superman qui a du chien    Santé : Lancement des services de 200 établissements de santé rénovés dans huit régions    MSF: Un quart des enfants Palestiniens de moins de 5 ans souffrent de malnutrition    Chasse au Maroc : vers un modèle durable et modernisé    Températures prévues pour samedi 26 juillet 2025    Maroc - Vietnam : Coopération entre la Chambre des représentants et l'Assemblée nationale    Algérie et normalisation silencieuse... Quand les communiqués disent ce que les slogans taisent : Tebboune reconnaît implicitement Israël    La justice canadienne condamne Hicham Jerando à une peine de prison ferme pour diffamation envers le juge Abderrahim Hanine    «Récompenser la terreur» : Netanyahou fustige Macron après l'annonce de la reconnaissance de l'Etat de Palestine    L'Humeur : Jeunesse délinquante, diatribe et logorrhée    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Maroc 2030 : le capital-investissement trace sa voie
Publié dans Les ECO le 02 - 06 - 2025

À l'occasion de sa 11e Conférence annuelle, l'AMIC a dressé un état des lieux stratégique d'un secteur en pleine accélération. Alors que le capital-investissement célèbre ses 25 ans de structuration au Maroc, il s'impose désormais comme un levier décisif au service de la souveraineté économique, de l'inclusion et de la transformation industrielle. Entre consolidation des pratiques, montée en puissance des acteurs locaux et mobilisation autour du Fonds Mohammed VI pour l'investissement, l'heure est venue pour l'industrie de changer d'échelle.
Sous les lustres de la 11e Conférence annuelle de l'AMIC, les chiffres tombent, les constats s'affinent et une ambition s'affiche sans détour, celle de faire du private equity un levier décisif de l'émergence économique.
Placée cette année sous le signe de la transformation, cette édition a rassemblé près de 300 professionnels, investisseurs, régulateurs, entrepreneurs et partenaires stratégiques. Un rendez-vous à forte charge symbolique, qui marque à la fois un quart de siècle d'existence pour l'AMIC et un tournant stratégique pour le secteur du capital-investissement au Maroc.
Un secteur arrivé à maturité… ou presque
Le chemin parcouru depuis la création de l'AMIC en 1999 est considérable. Jadis embryonnaire, le capital-investissement s'est structuré au fil des réformes, des crises et des cycles économiques. L'industrie revendique aujourd'hui 33 membres actifs, 29 membres associés, plus de 320 entreprises accompagnées, et des montants cumulés levés dépassant les 30 milliards de dirhams (MMDH) sur 25 ans.
Le président de l'AMIC, Hassan Laaziri, a rappelé, lors de la séance inaugurale, que «le capital-investissement a permis d'accompagner près d'un tiers des sociétés cotées à la Bourse de Casablanca. Cela montre la profondeur de son impact économique».
Au-delà des chiffres, c'est une vision qui s'impose, celle d'un secteur capable non seulement de financer, mais surtout de transformer l'entreprise marocaine. Loin du simple apport en capital, le private equity s'affirme comme un levier de création de valeur, de structuration et d'accompagnement stratégique.
Un alignement conjoncturel favorable
L'étude stratégique «The New Transformative Path to 2030», dévoilée par L'AMIC en partenariat avec Strategy& à cette occasion, dresse un diagnostic lucide et volontariste. Le Maroc dispose aujourd'hui d'un alignement sans précédent de leviers économiques, politiques et sectoriels pour faire du capital-investissement un pilier du financement de la croissance.
D'un côté, le Nouveau modèle de développement prévoit de porter à deux tiers la part de l'investissement privé. De l'autre, les dynamiques de réindustrialisation, de transition énergétique, de digitalisation et de montée en puissance de l'export — notamment via les PME — ouvrent des besoins de financement massifs et différenciés.
Comme l'a souligné Jonathan Le Henry, associé chez Strategy&, «le Royaume bénéficie d'un momentum unique. À condition de le structurer, le capital-investissement peut devenir une colonne vertébrale de la souveraineté économique marocaine».
2024, année de bascule pour l'industrie
L'année écoulée a confirmé la vitalité du secteur. Les levées de fonds ont atteint un sommet de 3,9 MMDH. Au total, 13,8 milliards ont été levés entre 2018 et 2024, soit une progression de 50% par rapport à la période précédente. À cela s'ajoutent un triplement des montants investis ou réinvestis, une accélération du rythme des désinvestissements, et un doublement du nombre de sociétés de gestion (passées de 20 en 2014 à plus de 40 aujourd'hui). Ces chiffres traduisent une réelle dynamique de professionnalisation et de consolidation.
Pour Nasser Seddiqi, directeur du pôle Métiers à l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), «l'année 2024 a été celle de tous les records. Mais au-delà des chiffres, c'est un tournant stratégique. Le capital-investissement est devenu un pilier du financement de l'économie. Il est temps que tout l'écosystème se mobilise pour en démultiplier l'impact.»
L'effet démultiplicateur du Fonds Mohammed VI
L'élément catalyseur de cette mutation reste le Fonds Mohammed VI pour l'Investissement. En s'engageant sur plusieurs compartiments spécialisés, notamment sur les segments intermédiaires sous-adressés, ce fonds public vise un effet de levier estimé à trois.
À l'horizon 2027, il pourrait ainsi mobiliser plus de 18 milliards supplémentaires, réorientant le paysage du capital-investissement national. Ce soutien public est stratégique. Sur les quinze dernières années, le secteur n'avait levé «que» 15 milliards.
L'injection à venir représente donc une rupture de rythme. Elle doit cependant être accompagnée d'un élargissement de la base d'investisseurs, en particulier institutionnels locaux et family offices, et d'une diversification des instruments (dettes privées, fonds mezzanine, restructuring…).
Des déséquilibres persistants à corriger
Malgré les progrès enregistrés, plusieurs signaux d'alerte subsistent. Les opérations minoritaires représentent désormais 94% de la valeur totale des deals (contre 59% entre 2006 et 2011), limitant la capacité d'influence des investisseurs sur la gouvernance. Surtout, le segment des tickets intermédiaires (entre 20 et 100 MDH), primordial pour les PME en croiss
ance, reste marginalisé. L'étude Strategy& pointe également des freins réglementaires et fiscaux toujours présents : TVA sur les frais de gestion, fiscalité groupe absente, faiblesse de la place secondaire, restrictions sur les univers d'investissement des OPCC… Autre point à signaler, la dépendance encore forte aux bailleurs internationaux (DFI), malgré une tendance à l'équilibrage.
L'implication des assureurs, caisses de retraite ou banques marocaines reste en deçà du potentiel, bridée par un manque de mécanismes incitatifs et une perception du risque encore élevée.
Un vecteur d'impact économique et social
Le capital-investissement s'impose aujourd'hui comme un véritable levier d'intérêt général, bien au-delà de sa fonction initiale de recherche de rendement. Son impact s'étend à des dimensions structurantes pour l'économie marocaine : il participe à la consolidation de filières industrielles stratégiques, favorise l'émergence de champions régionaux capables de rayonner à l'international, et accélère l'adoption des normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG).
En soutenant les entreprises dans leur croissance, il contribue également à la création d'emplois qualifiés et à une meilleure inclusion économique des territoires, en apportant du capital là où le financement classique fait souvent défaut.
Laaziri résume cette ambition ainsi : «Le private equity doit accompagner la mue du pays : bâtir des entreprises plus compétitives, plus responsables et plus ouvertes sur le monde. Notre vision, c'est un capital-investissement au service de la souveraineté économique et de l'inclusion.»
En 2025, le capital-investissement est entré dans une nouvelle ère. Ni marginal, ni pleinement mature, il se situe à un moment charnière. Pour qu'il devienne un moteur systémique du développement, il faudra non seulement des capitaux, mais aussi un récit partagé, un engagement durable, et une architecture cohérente d'incitations.
L'AMIC, en fédérant les acteurs et en donnant de la visibilité à l'ensemble de l'écosystème, entend jouer ce rôle d'aiguillon stratégique. Un quart de siècle après sa naissance, le capital-investissement marocain aborde son deuxième cycle avec des ambitions renforcées. Loin d'être un simple rouage financier, il s'impose comme une réponse stratégique aux défis d'une croissance inclusive, souveraine et durable. Le prochain défi sera de traduire cette vision en résultats tangibles. Le cap est fixé, l'heure est à l'exécution !
Hassan Laaziri
Président de l'AMIC
«Aujourd'hui, une nouvelle phase s'ouvre pour notre industrie, marquée par l'activation du Fonds Mohammed VI pour l'investissement. Grâce à ce levier, ce sont près de 18 milliards de dirhams supplémentaires qui devraient être mobilisés sur les deux prochaines années, soit davantage que les 15 milliards levés sur les 15 dernières années. Ces ressources serviront à financer des entreprises ambitieuses, porteuses de projets de croissance interne ou externe, à améliorer leur compétitivité, à structurer et consolider des secteurs encore fragmentés, et à favoriser leur internationalisation.»
Jonathan Le Henry
Partner chez Strategy&, Head de la région Maghreb
«L'étude que nous avons menée avec l'AMIC confirme la vitalité du capital-investissement au Maroc. En deux générations de fonds, les montants levés et investis ont été multipliés par trois. Cela démontre non seulement l'intérêt croissant pour cette classe d'actifs, mais aussi la capacité réelle du marché à absorber et déployer efficacement ces capitaux. Le capital-investissement doit désormais être reconnu comme un levier de transformation stratégique. Ce n'est pas uniquement un outil de financement, mais un moteur de croissance, d'internationalisation et de compétitivité pour les entreprises marocaines, à l'heure où le pays se prépare aux grandes échéances de 2030.»
Trois leviers pour un changement d'échelle
Pour dépasser le plafond de verre, l'AMIC et Strategy& proposent une feuille de route articulée autour de trois axes structurants :
1. Enclencher un cercle vertueux local : en portant à 70% la part des investisseurs marocains dans les levées, en mobilisant les family offices et en structurant l'épargne longue.
2. Renforcer l'attractivité du Maroc : à travers un meilleur cadre réglementaire, une visibilité accrue à l'international et la promotion de stratégies d'internationalisation des entreprises marocaines accompagnées.
3. Institutionnaliser le dialogue public-privé : avec l'AMIC comme plateforme d'interaction permanente entre autorités, régulateurs et acteurs privés, pour faire évoluer le cadre fiscal, juridique et prudentiel.
Sanae Raqui / Les Inspirations ECO


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.