Cofondateur de Techso Group Deux mois après la cyberattaque contre la CNSS, une nouvelle attaque informatique a permis de hacker des données de la conservation foncière. Si l'Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie ne semble pas directement visée, se pose toutefois la question de la vulnérabilité de nos entreprises et institutions nationales. Comment expliquez-vous cette nouvelle attaque contre des sites et établissements marocains quelques semaines après l'attaque d'envergure contre la CNSS ? Pour l'heure, c'est difficile de se prononcer sur la nature de cette attaque et si elle est réellement dirigée contre les sites de l'ANCFCC ou de la FRMF. Car, en ce qui concerne l'ANCFCC par exemple, elle dément et indique que son système informatique n'a pas été atteint. Il se peut que ce soit des plateformes annexes ou en rapport avec le site de l'ANCFCC qui aient été réellement attaquées, comme par exemple les sites des notaires. Pour le moment, il n'y a pas encore d'éléments et de données fiables qui permettent de dire si oui ou non ces plateformes ont été réellement touchées. Je pense qu'il faudra observer la situation dans les prochains jours afin d'y voir plus clair. Cela ne veut-il pas dire que les sites des institutions marocaines sont finalement très vulnérables ? Je ne vais pas dire cela, car, en réalité, personne n'est à l'abri d'une cyberattaque. Aussi bien les plus grandes entreprises que les plus grandes nations au monde se font attaquer par des individus malveillants ou dans le cadre de guerres hybrides. À vrai dire même, être attaqué est signe d'un certain prestige, car l'on ne s'attaque qu'aux entreprises qui réalisent des performances et à qui on est sûr de pouvoir causer du tort. Cela dit, je conviendrais avec vous qu'il y a aujourd'hui un impact et des motivations géopolitiques derrières ces cyberattaques. Pensez-vous réellement que les entreprises et les institutions marocaines soient bien protégées ? Nous ne pouvons pas dire qu'elles ne sont pas bien protégées. La loi 05-20 et les directives nationales permettent aujourd'hui la mise en place de tout un dispositif de prévention, mais aussi de réaction en cas de cyberattaques. Et c'est un dispositif qui allie à la fois les aspects techniques, organisationnels, et ressources humaines. Mais le travail doit se poursuivre en termes de sensibilisation envers le grand public, en plus d'investir davantage sur le volet technique. Par ailleurs, il nous faut renforcer nos capacités en termes de ressources humaines. Et pour cela, il faut aussi bien mettre à niveau les compétences dans les entreprises qu'accélérer la formation d'ingénieurs dans la cybersécurité par les universités. Abdellah Benahmed / Les Inspirations ECO