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Insolvabilité d'entreprise : la hausse de 95% Post-covid inquiète
Publié dans Les ECO le 23 - 06 - 2025

Le Maroc figure parmi les pays à risque «très élevé» d'insolvabilité selon Allianz Research, avec une hausse de +95% par rapport à la période pré-pandémique. Une fragilité alimentée par les retards de paiement, une croissance atone et l'exposition critique de secteurs clés.
Le récent rapport d'Allianz Research, «The corporate battlefield : Global insolvencies in times of war economics», place le Maroc dans une position préoccupante au sein du paysage mondial des insolvabilités. Alors que la vague d'insolvabilités devrait croître de +6% en 2025 et +3% en 2026 à l'échelle mondiale, le Royaume affiche des dynamiques révélatrices de fragilités profondes. Analysons les implications pour l'économie marocaine. L'un des premiers constats qui se dégage est le fait que le Maroc affiche un profil inquiétant dans l'indice mondial d'insolvabilités d'Allianz Research.
En 2024, il figure parmi les pays au niveau «très élevé» (+15% et plus par rapport à la moyenne 2016-2019), une catégorie partagée avec l'Espagne et la Pologne. La projection pour 2025 confirme cette vulnérabilité : une hausse attendue de +7% des insolvabilités, dépassant la moyenne mondiale (+6%) et le classant aux côtés de la Suisse et de la Nouvelle-Zélande dans la catégorie «Increasing (+5% to +10%)».
Le rapport souligne explicitement que le Maroc continue d'anticiper un niveau élevé d'insolvabilités de ses entreprises, avec des défis persistants liés aux retards de paiement. Une tendance qui reflète une faiblesse structurelle de l'environnement des affaires, aggravée par des tensions chroniques de trésorerie – où les retards de paiement étranglent la liquidité des entreprises – et un ralentissement économique modéré. Une croissance insuffisante pour absorber les chocs sectoriels, comme le confirment les projections locales (+3,1% en 2025), ne permet pas d'inverser la dynamique.
Le niveau d'insolvabilités marocain dépasse désormais de 95% la moyenne pré-pandémique (contre +12% au niveau mondial), signalant une anomalie économique préoccupante parmi les marchés émergents.
Les secteurs en surchauffe : transport, B2B et construction en ligne de mire
Bien que le rapport ne détaille pas spécifiquement les secteurs marocains exposés à la surchauffe, les tendances globales identifiées par Allianz Research épousent les vulnérabilités structurelles de l'économie marocaine.
Le secteur des transports et stockage – en forte croissance mais frappé par une hausse des faillites liée aux coûts logistiques et énergétiques – trouve un écho dans la dépendance marocaine aux importations et à la volatilité des prix des carburants. Les services B2B, deuxième secteur le plus touché par les insolvabilités majeures en Europe, en raison de leur sensibilité aux ruptures de chaînes de paiement, reflètent les risques pesant sur les sous-traitants et prestataires locaux.
Enfin, la construction, en tête des secteurs à risque pour l'emploi mondial (+30% d'insolvabilités au Canada en 2024), concerne un pilier de l'économie marocaine. Collectivement, ces trois secteurs représentent environ 40% du PIB industriel marocain.
Disons que la fragilité des B2B marocains s'explique par leur dépendance aux commandes publiques, souvent grevées de retards de paiement, et un accès restrictif au crédit pour les PME, confrontées à des taux d'intérêt réels relativement élevés (+5,5% en 2024). Une combinaison de facteurs qui expose ces secteurs à un risque systémique dans un contexte de resserrement financier persistant.
Emploi menacé : l'effet domino des insolvabilités sur le marché du travail marocain
Le rapport Allianz Research estime à 2,3 millions le nombre d'emplois directement menacés par les insolvabilités mondiales en 2025.
Pour le Maroc, ce risque est amplifié par deux facteurs structurels : la petite taille des entreprises (3 salariés en moyenne selon la cartographie des établissements économiques pour la période 2023/2024 du HCP, contre 15 dans l'UE) et le taux élevé de liquidations immédiates, générant des licenciements directs.
Une extrapolation des données du rapport révèle l'ampleur locale du péril et des projections qui soulignent la vulnérabilité accrue d'un tissu productif dominé par les TPE, où chaque faillite entraîne des destructions d'emplois disproportionnées, fragilisant la consommation des ménages et la stabilité sociale.
Guerre commerciale : un risque systémique pour l'économie exportatrice marocaine
Un scénario de guerre commerciale «à grande échelle» (défini par des droits de douane américains) pourrait alourdir les insolvabilités mondiales de +8% en 2026, selon Allianz Research. Le Maroc, dont 30 à 35% du PIB dépend des exportations, selon les années, y a une exposition critique, particulièrement dans deux secteurs clés : l'automobile, pilier majeur des exportations marocaines, représentant la première industrie exportatrice du pays devant le secteur minier, et le textile, déjà sous pression compétitive.
Selon le rapport, des droits de douane additionnels dégraderaient la compétitivité-prix de près de 8.000 PME exportatrices intégrées aux chaînes de valeur européennes, principalement comme sous-traitants. Le rapport quantifie l'effet domino : l'Europe occidentale subirait plus de 9.100 insolvabilités supplémentaires dans ce scénario, touchant directement ses partenaires commerciaux.
Pour le Maroc, cette dynamique représenterait un double choc :
contraction de la demande européenne et réduction des marges face à une concurrence asiatique moins pénalisée, risquant d'accélérer les défaillances dans les écosystèmes industriels locaux fragilisés.
Dépenses de défense : un levier anti- insolvabilité inefficace pour le Maroc
Alors qu'Allianz Research anticipe que la hausse des budgets militaires européens pourrait réduire les insolvabilités de -0,4 point en 2025 grâce à des effets d'entraînement dans l'aéronautique, les métaux et l'électronique, le potentiel pour le Maroc reste marginal.
Le rapport souligne que ces bénéfices dépendent de trois conditions : des investissements domestiques massifs, des capacités industrielles locales et une intégration aux chaînes d'approvisionnement stratégiques –, trois critères faiblement remplis au Maroc. Le budget défense marocain (9,6% du PIB en 2024) finance principalement des infrastructures ciblées sans déclencher de transformation industrielle significative.
Le tissu productif local, notamment en métallurgie légère et électronique embarquée, manque de profondeur technologique pour capter les commandes, contrairement à l'Europe où 60% des dépenses militaires irriguent des écosystèmes industriels intégrés.
Ainsi, les effets positifs restent concentrés sur quelques sous-traitants du BTP, sans contrebalancer la vulnérabilité des secteurs civils exposés, confirmant que les secteurs axés sur la consommation (détail, agroalimentaire, loisirs) verront un impact direct minime des dépenses de défense. Une dynamique qui limite de manière drastique l'effet stabilisateur observé en Europe, où 3.700 entreprises pourraient être épargnées.
Un diagnostic sans concession, un appel à l'action
Disons que le rapport d'Allianz Research dresse un constat implacable. Le Maroc subit une vague d'insolvabilités plus sévère et durable que ses pairs émergents (Afrique du Sud : -22% vs 2016-2019). Une tendance qui serait le symptôme de défaillances de gouvernance (retards de paiement), vulnérabilités sectorielles non résolues (B2B, construction), et absence de chocs de compétitivité (coût du crédit, fiscalité).
«Le Maroc ne verra pas de tendance à la baisse des insolvabilités avant 2026», souligne le rapport d'Allianz, qui souligne que la résilience passera par un choc de liquidité (fonds de garantie des paiements, plafonnement des délais), et une diversification sectorielle ciblée (découplage des secteurs à risque).
En l'absence de mesures structurelles, le Royaume s'expose à une crise de confiance prolongée, où chaque insolvabilité nourrit le cercle vicieux du crédit restreint et de l'emploi précaire.
Bilal Cherraji / Les Inspirations ECO


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