Le dernier rapport de l'Observatoire marocain de la TPME dresse un état des lieux précis du tissu entrepreneurial de la région Souss-Massa. Avec plus de 22.000 entreprises actives, un chiffre d'affaires cumulé de 123 milliards de dirhams et une valeur ajoutée en forte progression, la région confirme sa vitalité économique. La région de Souss-Massa s'affirme, année après année, comme l'un des pôles économiques les plus dynamiques du Sud du pays. Selon la dernière étude, publiée lundi à Agadir, par l'Observatoire marocain de la TPME (OMTPME), le tissu productif local a poursuivi sa consolidation après la pandémie, tout en enregistrant une croissance plus mesurée que celle observée durant la période pré-Covid. L'analyse, qui couvre les années 2017 à 2023, dresse le portrait d'une région portée par la reprise du commerce, la vitalité de ses services et la montée en puissance de nouvelles zones d'activité. Une base productive solide, dominée par les microentreprises En 2023, Souss-Massa comptait 22.143 entreprises personnes morales actives (EPMA), soit 6,1 % du total national. La région a enregistré 3.896 créations d'entreprises sur l'année, contre 730 dissolutions, un volume supérieur à la moyenne de la période pré-Covid. Les microentreprises demeurent prédominantes, représentant 86 % du tissu productif, une part stable depuis 2020. Ce poids illustre à la fois la vitalité entrepreneuriale locale et la fragmentation d'un marché où les structures de petite taille restent majoritaires. Sur le plan territorial, Agadir-Ida-Outanane concentre plus de la moitié des entreprises actives (52,3 %), suivie d'Inezgane-Aït Melloul (23,1 %) et de Taroudant (10,2 %). Les provinces de Chtouka-Aït Baha et Taroudant enregistrent la progression la plus rapide, témoignant d'un rééquilibrage progressif du tissu économique au-delà du Grand Agadir. Une économie tirée par le commerce et les services Les chiffres confirment la place centrale du commerce dans l'économie régionale. En 2023, ce secteur représente 49,6% du chiffre d'affaires (CA) et 43,5% de la valeur ajoutée (VA) générés par les entreprises, loin devant l'industrie manufacturière (23,3 % du CA et 17,6% de la VA) et la construction, en recul à 7,4% du CA. Le rapport note également la montée du secteur tertiaire, dont la contribution au total du CA est passée de 66,2 % en 2017 à 67,4% en 2023, portée par la logistique, les services techniques, le tourisme et les activités administratives. En valeur absolue, le chiffre d'affaires cumulé des EPMA a atteint 123,1 milliards de dirhams en 2023, en hausse de 8,8 % par rapport à 2022 et de 54,4% par rapport à 2017. La valeur ajoutée s'élève à 21,7 milliards de dirhams, en progression de 15,1% sur un an et de 56,6 % en six ans. Ces performances traduisent la capacité du tissu productif régional à retrouver un rythme de croissance supérieur à celui d'avant la crise sanitaire. La montée en puissance des grandes entreprises L'un des enseignements majeurs de l'étude réside dans la recomposition du tissu productif. Si les TPME constituent encore l'essentiel du nombre d'entités, les grandes entreprises (GE) dominent désormais en valeur économique et concentrent 52,3 % du chiffre d'affaires et 49,2 % de la valeur ajoutée générés dans la région. Avant la pandémie, ces parts ne dépassaient pas respectivement 43,9% et 39,2%. À l'inverse, la contribution des TPME à la richesse régionale recule, passant de 60,8% à 50,8% sur la période 2017-2023. Cette évolution s'explique par la consolidation d'acteurs industriels et commerciaux structurants installés dans le Grand Agadir et la professionnalisation accrue de certains secteurs, notamment la logistique, l'agroalimentaire et le BTP. Des dynamiques territoriales différenciées La préfecture d'Agadir-Ida-Outanane et celle d'Inezgane-Aït Melloul concentrent 92,2 % du chiffre d'affaires et 92,9 % de la valeur ajoutée régionale. Agadir se distingue particulièrement, son chiffre d'affaires a progressé en moyenne de 14,3 % par an depuis 2020, contre 2,8 % avant la pandémie. En parallèle, la province de Chtouka-Aït Baha s'impose comme un pôle émergent, soutenu par l'agro-industrie et les activités logistiques, tandis que Taroudant confirme sa montée en puissance dans les créations d'entreprises et l'emploi. Le rapport fait également le point sur l'emploi déclaré à la CNSS. En 2023, 28.096 entreprises ont déclaré 567.298 salariés, soit une hausse annuelle moyenne de 10% depuis 2016. L'emploi féminin atteint 184.415 salariées, représentant 11,9% des emplois féminins au niveau national. Cependant, la part des entreprises dirigées par des femmes reste limitée : 12,2% des EPMA, contre 15,1 % au niveau national. Dans la préfecture d'Agadir-Ida-Outanane, ce taux s'élève à 15,5%, traduisant un dynamisme plus marqué que dans les provinces rurales où il tombe parfois sous les 11 %. En matière de financement, 8.340 entreprises ont bénéficié d'un crédit bancaire en 2023, soit 7,1 % des entreprises financées au niveau national, pour un encours total de 19,6 milliards de dirhams. Mais les entreprises féminines n'en captent que 7,6%, illustrant un accès au crédit encore inégal. Une économie en mutation, entre résilience et concentration L'étude de l'OMTPME montre une région en transition économique maîtrisée. Le tissu entrepreneurial se renforce, la valeur ajoutée progresse rapidement et les emplois se multiplient. Toutefois, la forte concentration géographique et sectorielle demeure un enjeu : plus de neuf dirhams sur dix sont produits dans le Grand Agadir, et la moitié des richesses provient du seul commerce. La diversification vers l'industrie, la transformation agricole, les services numériques ou la logistique verte apparaît comme une voie essentielle pour consolider une croissance plus équilibrée. Sanae Raqui / Les Inspirations ECO