Alors que plus de 90% des jeunes de Casablanca-Settat voient dans la culture un levier majeur de développement, une étude met en lumière leur soif de participation et d'innovation. Entre attentes claires et propositions concrètes, la jeunesse régionale veut désormais peser dans les choix culturels, loin du rôle passif qu'on lui assigne trop souvent. «Plus de 90% des jeunes de la région Casablanca‐Settat considèrent la culture comme un levier essentiel de développement personnel et régional», a révélé samedi Driss Guerraoui, président de l'Association des études et recherches pour le développement (AERD). Intervenant à à Bouznika lors de la 3e rencontre régionale sur «l'inclusion des jeunes de la région de Casablanca‐Settat par la culture», il a souligné que «les jeunes souhaitent être activement impliqués dans les initiatives culturelles, que ce soit en tant que participants, créateurs ou promoteurs». L'étude présentée lors de l'événement met en évidence des «perceptions fortes et convergentes» chez les jeunes quant au rôle structurant de la culture dans leur inclusion sociale, éducative et citoyenne. «Les jeunes interrogés expriment un intérêt marqué pour la participation aux activités culturelles et une volonté affirmée de contribuer activement à la dynamique culturelle régionale», a‐t‐il ajouté, soulignant que ces jeunes formulent aussi des attentes nettes à l'égard des pouvoirs publics, des collectivités territoriales et du secteur privé. Parmi leurs demandes : le développement et la modernisation des infrastructures culturelles, le soutien aux initiatives artistiques et entrepreneuriales à caractère créatif, le renforcement de la formation aux métiers de la culture, ainsi que la mise en œuvre d'une approche intégrée coordonnant les niveaux local, régional et national. L'étude signale encore que ces jeunes sont prêts à devenir «moteurs dans la promotion des industries culturelles et créatives», via la création d'associations, la sensibilisation de leurs pairs ou la participation à des projets innovants. Elle identifie également comme leviers essentiels l'école, la famille, les maisons des jeunes et les plateformes numériques ou réseaux sociaux, qui «constituent des terrains privilégiés pour renforcer l'engagement culturel des jeunes et encourager l'émergence d'initiatives créative». De son côté, Rokia Achmal, vice‐présidente du Conseil régional de Casablanca‐Settat, a déclaré que les questions de jeunesse et de culture «constituent une priorité stratégique de la région». Elle a rappelé que ces domaines relèvent des compétences régionales, conformément à la loi organique 113.14, et sont intégrés au programme de développement régional doté de 1,695 milliard de dirhams pour la période 2021‐2025. Achmal a regretté que, malgré leur poids démographique et leur potentiel créatif, les jeunes soient encore «peu impliqués dans l'élaboration des politiques liées à «l'économie orange», un secteur conjuguant culture, créativité et technologie, désormais pilier des économies modernes. Elle a affirmé que les pays qui investissent dans leurs infrastructures – éducation, financement, législation – sont ceux «qui parviennent à créer des emplois, de la valeur et un environnement propice à l'innovation». Elle a enfin insisté sur la nécessité de considérer les jeunes «comme de véritables partenaires du changement, capables de contribuer à l'équilibre entre culture, développement durable et innovation», appelant à intensifier les efforts collectifs pour renforcer leur participation à la vie régionale. Cette rencontre était organisée par le Conseil régional et l'AERD, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, ainsi que les universités Hassan II de Casablanca, Hassan Ier de Settat et Chouaïb Doukkali d'El Jadida. Chercheurs, étudiants et acteurs institutionnels ont ainsi échangé autour des résultats de l'enquête et des objectifs stratégiques pour une inclusion culturelle durable. Sami Nemli / Les Inspirations ECO