Alors que plusieurs décès de femmes en couches dans des hôpitaux publics ont récemment indigné l'opinion publique, le ministère de la Santé et de la Protection sociale a lancé, à Rabat, une plateforme nationale de surveillance des décès maternels. Baptisé SSDMAR, cet outil numérique vise à prévenir les drames évitables en améliorant le suivi des soins maternels à travers une approche analytique, transparente et coordonnée à l'échelle du Royaume. Face à l'indignation suscitée par plusieurs décès récents de femmes dans des hôpitaux publics lors d'accouchements, le ministère de la Santé et de la Protection sociale a procédé, jeudi, à Rabat, au lancement officiel de la plateforme nationale du Système de surveillance des décès maternels, audit et riposte (SSDMAR). Cette démarche intervient dans un contexte tendu, marqué par la montée des critiques de l'opinion publique sur la qualité des soins offerts aux femmes enceintes dans certaines structures sanitaires. Le SSDMAR, fruit d'un travail de développement numérique par le ministère, vise à assurer un suivi rigoureux des décès liés à la grossesse, à l'accouchement et à la période néonatale. Il permet d'identifier les causes profondes de ces tragédies, de déterminer les facteurs de risque, et de mettre en place des mesures correctives pour éviter les erreurs fatales. «Cet outil marque une nouvelle étape dans la réforme de notre système de santé. Il traduit notre engagement à renforcer la performance des structures sanitaires et à améliorer la qualité des soins dispensés aux mères et aux nouveau-nés», a déclaré le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, lors de la rencontre de lancement. La plateforme permettra notamment d'analyser les parcours de soins, de corriger les dysfonctionnements identifiés, et d'assurer un suivi rigoureux de la mise en œuvre des recommandations, aussi bien au niveau national que régional. Elle sera déployée progressivement et accompagnée de formations destinées aux professionnels de santé, dans le respect strict des règles de protection des données. Cette initiative s'inscrit dans les Hautes orientations royales, qui considère la santé maternelle et infantile comme un pilier du développement humain et un indicateur majeur de l'équité du système de santé national. Azzedine Bouzid, chef du ervice de la Protection de la santé maternelle et infantile, a précisé que le SSDMAR repose sur une architecture intégrée favorisant la coordination entre les différents niveaux d'intervention – national, régional et local. Il permettra, selon lui, de renforcer la gouvernance, d'améliorer l'organisation des soins et de créer une dynamique continue d'amélioration, garante de la pérennité des réformes. Au-delà de son rôle opérationnel, explique le ministère, la plateforme contribuera à élaborer une carte nationale interactive des indicateurs de santé maternelle et favorisera la transparence des données sanitaires, tout en alimentant une revue clinique permanente. Selon les chiffres du ministère, le taux de mortalité maternelle a chuté de 112 à 72,6 décès pour 100.000 naissances vivantes entre 2010 et 2018. De son côté, la mortalité néonatale est passée de 21,7 à 13,6 décès pour 1.000 naissances vivantes sur la même période. Toutefois, le ministère reconnaît que la réduction continue des décès évitables reste une priorité nationale, exigeant une mobilisation renforcée et une amélioration constante des soins tout au long de la grossesse, de l'accouchement et du post-partum.