La Cour suprême brésilienne a formé lundi une majorité de trois voix sur quatre en faveur du maintien en détention provisoire de l'ancien président Jair Bolsonaro, déjà condamné en septembre à 27 ans de prison pour tentative de coup d'Etat. Trois magistrats du premier collège – Alexandre de Moraes, Flávio Dino et Cristiano Zanin – se sont prononcés pour la mesure lors d'un vote virtuel, tandis que celui de la juge Cármen Lúcia reste attendu. La décision devrait être unanime, depuis la sortie de Luiz Fux, jusque-là seul juge à émettre des réserves sur les mesures coercitives visant l'ancien dirigeant de droite (2019-2022). Dans son vote, Alexandre de Moraes, rapporteur du dossier, a qualifié Jair Bolsonaro de « récidiviste » dans la violation de mesures judiciaires. Il a souligné que l'ex-président avait « sciemment et délibérément » endommagé son bracelet électronique, un acte que l'intéressé avait d'abord attribué à la « curiosité » avant d'évoquer, dimanche, un épisode de « paranoïa » lié à la prise de médicaments. Le juge Dino a, lui, mis en avant non seulement la manipulation du dispositif de surveillance, mais aussi la mobilisation de sympathisants autour de la résidence du septuagénaire, à l'initiative de son fils, le sénateur Flávio Bolsonaro. De tels rassemblements, a-t-il averti, comportent un « risque réel » de tensions et rappellent les événements du 8 janvier 2023, lorsque des partisans avaient envahi les sièges des pouvoirs à Brasilia. Lire aussi : Brésil : Jair Bolsonaro fait appel de sa condamnation à 27 ans de réclusion pour tentative de coup d'Etat Les départs précipités de plusieurs alliés politiques, notamment l'ancienne députée Carla Zambelli, l'ex-directeur de la police fédérale Alexandre Ramagem et le député Eduardo Bolsonaro, ont également pesé dans l'analyse des juges, qui y voient des « signaux de désorganisation institutionnelle » et un risque accru de fuite. Jair Bolsonaro, 70 ans, a été incarcéré samedi après plusieurs mois en résidence surveillée avec un dispositif électronique. Il est détenu dans une cellule spéciale de la police fédérale à Brasilia. Lors d'une audience dimanche, l'ancien dirigeant a assuré n'avoir « jamais eu l'intention de fuir » et a expliqué avoir tenté d'ouvrir son bracelet sous l'effet d'« hallucinations ». Sa défense affirme qu'il s'agirait d'un épisode de « confusion mentale » liée à une interaction médicamenteuse. Un nouveau recours contre sa condamnation définitive pour tentative de coup d'Etat peut encore être déposé jusqu'à lundi minuit. La mise en détention de l'ancien chef de l'Etat continue par ailleurs d'alourdir le climat politique à l'approche de la présidentielle de 2026, son camp restant sans figure de proue alors que le président Luiz Inácio Lula da Silva a confirmé son intention de briguer un quatrième mandat.