Des voix sahraouies résolument anti-marocaines appellent le chef du Polisario à s'affranchir de la tutelle d'Alger. Cet appel intervient quelques jours après la réunion, dans les camps de Tindouf, d'un groupe d'opposants à Brahim Ghali. Alors que le Polisario se félicite de sa participation au sommet Union africaine–Union européenne à Luanda, en Angola, des voix sahraouies appellent Brahim Ghali à prendre ses distances avec l'Algérie et à «ouvrir un dialogue national pour préparer les futures négociations avec l'occupation marocaine, sous l'égide des Etats-Unis». «Ne comptez pas sur l'allié (l'Algérie, ndlr) qui vous a fourni un avion privé pour vos déplacements en Afrique, car cet allié a ses propres intérêts, susceptibles de changer sous la pression américaine. Les Etats-Unis ont déjà exercé des pressions sur Israël et l'Ukraine pour qu'ils acceptent leurs plans de paix», a écrit Said Zarwal sur les réseaux sociaux. Ce Sahraoui, établi en Suède, s'est distancié de la direction du Polisario. «Inutile de rappeler que l'ancien président syrien, Bachar Al-Assad, qui avait ses propres avions présidentiels, n'a plus besoin d'en emprunter, perdant un à un ses alliés et passe désormais ses journées à Moscou. Vous devriez tirer des leçons de cette situation et former une délégation de négociation dans les plus brefs délais.» Cet appel survient juste après la réunion, dans les camps de Tindouf, d'un groupe d'opposants à la ligne politique de Brahim Ghali. Divisions flagrantes parmi les figures de la communication «Said Zarwal ne s'exprime pas uniquement en son nom. Il est perçu comme le porte-parole officieux d'un courant émergent au sein du Polisario, malgré de profondes divergences tribales. Sans remettre en cause les principes fondamentaux du mouvement, comme l'indépendance et l'autodétermination, les membres de ce courant souhaitent rompre avec l'ancienne garde et son alignement total sur l'Algérie», explique une source proche du dossier à Yabiladi. Cette demande au chef du Polisario de former rapidement une équipe de négociateurs avec le Maroc contraste avec les «indiscrétions» publiées la semaine dernière par un média espagnol, évoquant l'absence d'un calendrier immédiat pour des négociations avec le royaume. Ce démenti contredit pourtant les informations annoncées quelques jours plus tôt, non pas par la presse marocaine, mais par un «ministre sahraoui» dans des confidences à un média proche du Polisario, qui parlait du «lancement à la mi-janvier d'un nouveau cycle de discussions entre les parties prenantes». Ces divergences parmi les figures du Polisario sont amplifiées sur les réseaux sociaux, chaque camp cherchant à imposer sa ligne politique. Le 11e congrès de la jeunesse du Front, prévu du 25 au 27 novembre dans les camps de Tindouf, s'annonce comme une scène de confrontation entre les principaux courants au sein du Polisario.