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Offshoring 2030 : le Maroc passe à l'échelle industrielle
Publié dans Les ECO le 25 - 11 - 2025

Le Maroc ouvre un nouveau chapitre dans l'histoire de son offshoring. Avec la circulaire entrée en vigueur le 1er juillet 2025, le gouvernement engage une refonte d'ampleur qui dépasse la simple modernisation d'un secteur performant. Le pays restructure en profondeur son modèle, l'organise autour de standards exigeants et l'inscrit dans une vision de souveraineté numérique assumée.
Le Maroc engage la réforme la plus structurante jamais opérée dans le secteur de l'offshoring. Lundi, le gouvernement a diffusé une circulaire clé aux ministres et ministres délégué(e)s, les aménageurs-développeurs-gestionnaires des P2I Offshoring ainsi qu'aux directeurs généraux et directeurs des entreprises et établissements publics, déroulant le détail de l'«Offre Offshoring Maroc».
Cette communication intervient dans une logique de mobilisation générale voulue par le gouvernement afin d'assurer une mise en œuvre optimale du dispositif et d'en garantir l'appropriation par l'ensemble des acteurs concernés. L'objet de la circulaire en question est de définir les conditions et les modalités d'octroi des avantages de l'Offre Offshoring Maroc.
Décliné en quatre parties et comprenant six annexes, le document trace les contours de ce que sera le secteur à court et moyen terme (horizon 2030) en termes de champ d'application de l'Offre Offshoring Maroc, les mesures incitatives que cette stratégie propose, le mécanisme de gouvernance qui l'entoure ainsi que le dispositif de mesures transitoires y afférentes.
En somme, le gouvernement dépasse désormais la logique d'accompagnement d'un secteur performant, qu'il restructure en profondeur, organise autour de nouveaux standards et érige en pilier affirmé de souveraineté numérique. Un tournant majeur, tant par l'ampleur du dispositif que par la cohérence nouvelle qu'elle apporte à un écosystème devenu l'un des moteurs silencieux du développement national.
Un secteur devenu prioritaire dans la stratégie économique nationale
En effet, depuis plus de vingt ans, le Maroc a su capitaliser sur une combinaison unique de proximité géographique, de capital humain multilingue et d'infrastructures technologiques performantes pour s'imposer comme une destination de référence dans l'offshoring.
La montée en puissance des services externalisés, l'évolution rapide des technologies et l'intensification de la concurrence internationale ont cependant rendu impératif un repositionnement stratégique. Le lancement de la stratégie Digital Morocco 2030 a constitué le premier signal fort d'une volonté d'aller au-delà du modèle historique basé sur la compétitivité-coût, en inscrivant le pays dans une logique de valeur ajoutée technologique.
Dans cette perspective, la nouvelle circulaire du chef du gouvernement, entrée en vigueur depuis le 1er juillet 2025, redessine entièrement le fonctionnement du secteur et pose des fondations durables. Elle vise à préparer la prochaine décennie en dotant le Maroc d'une architecture capable d'attirer les leaders mondiaux du numérique, d'accompagner les transformations profondes des métiers et de générer des emplois qualifiés qui répondent aux standards internationaux.
Une offre nationale repensée autour de trois leviers structurants
La nouvelle «Offre Offshoring Maroc» repose sur trois piliers essentiels qui forment désormais un cadre intégré. Le premier concerne le développement d'un vivier de talents adapté à des métiers en perpétuelle évolution, grâce à une formation multidimensionnelle qui répond aussi bien à la quantité qu'à la qualité attendues par les investisseurs. Le deuxième pilier s'articule autour de la mise en place d'infrastructures modernes et de plateformes dédiées, pensées comme des espaces de référence pour l'accueil des activités offshoring. Le troisième pilier porte sur un cadre incitatif attractif, cohérent, harmonisé et valable jusqu'en 2030, conçu pour encourager l'investissement, l'emploi stable et l'implantation durable au Maroc.
L'ensemble forme un dispositif qui rompt avec l'approche fragmentée du passé. Le pays s'équipe d'un modèle lisible, complet et aligné sur une vision de long terme où l'offshoring n'est plus seulement un secteur de performance économique mais un instrument de politique publique.
Les P2I, cœur stratégique de la nouvelle architecture
Le changement le plus profond introduit par la circulaire concerne le rôle désormais central des Plateformes industrielles intégrées dédiées à l'offshoring (P2I). Ces plateformes deviennent bien plus que des zones d'implantation, elles constituent la colonne vertébrale d'un modèle visant à garantir des conditions d'exercice homogènes, sécurisées et compétitives.
Chaque P2I est réservée exclusivement aux activités d'offshoring et doit être située à proximité des grands centres urbains afin de favoriser l'intégration avec le tissu économique local. Elles proposent une offre immobilière flexible, des services aux standards internationaux, une connectivité renforcée, des infrastructures prêtes à l'emploi et un guichet unique chargé de simplifier toutes les démarches administratives, de la création de l'entreprise à l'obtention des titres de séjour pour les salariés étrangers.
Cette structuration donne naissance à des espaces d'excellence conçus pour attirer des investisseurs exigeants, tout en assurant des conditions opérationnelles prévisibles. Chaque plateforme est encadrée par une convention conclue entre l'Etat et l'aménageur-développeur-gestionnaire, laquelle définit les obligations de ce dernier, les modalités de reporting ainsi que les indicateurs de suivi. Cette logique contractuelle place les P2I au cœur d'un modèle de gouvernance disciplinaire et proactif.
Une gouvernance renforcée, structurée et centralisée
Autre changement majeur, l'offshoring est désormais piloté par une gouvernance à deux niveaux. Le Comité de pilotage, présidé par le chef du gouvernement, fixe les orientations stratégiques, suit la mise en œuvre de l'offre, statue sur les demandes de qualification des P2I, examine les situations exceptionnelles et évalue l'ensemble du dispositif incitatif.
Cette instance garantit une cohérence nationale et une supervision de haut niveau. Le Comité technique de l'offshoring (CTO) assure la mise en œuvre opérationnelle. Présidé par l'Autorité de la Transition numérique, il valide les programmes de réalisation des P2I, instruit les demandes d'implantation des entreprises, examine les dossiers d'avantage fiscal et des primes, contrôle les services proposés sur les plateformes, traite les dérogations lorsque l'unanimité est requise et propose les ajustements nécessaires.
Le CTO devient ainsi l'ultime garant du respect des critères et du bon fonctionnement du système. En articulant clairement pilotage stratégique et gestion opérationnelle, la circulaire introduit une logique d'accountability qui n'existait pas jusqu'ici. Elle transforme un secteur jusque-là guidé par l'attractivité en un domaine où la performance doit répondre à des obligations et des standards formalisés. Toute entreprise souhaitant intégrer une P2I doit déposer un dossier complet auprès du gestionnaire de la plateforme.
Ce dossier inclut notamment les statuts de l'entreprise, les références de l'investisseur, une description détaillée du projet, un business plan, le programme d'investissement, un échéancier de réalisation ainsi que le nombre d'emplois à créer.
Cette exigence documentaire constitue une étape centrale du processus, puisqu'elle permet de garantir la conformité des projets aux filières définies, de faciliter l'évaluation par les gestionnaires et d'assurer une prise de décision rapide et transparente.
Un système incitatif cohérent et orienté vers l'emploi stable
La circulaire redéfinit l'ensemble des incitations fiscales et sociales destinées aux entreprises et les intègre dans un cadre unique, digitalisé et prévisible. L'avantage lié à l'impôt sur le revenu permet de plafonner la charge fiscale à 20% pour les entreprises installées dans les P2I, et à 10% pour celles implantées dans des plateformes régionales telles que Fès Shore, Oujda Shore ou Tétouan Shore, ou dans toute future zone hors Casablanca et Rabat.
L'avantage lié à l'impôt sur les sociétés prévoit une prise en charge par l'Etat de 56% du taux applicable. À ces mécanismes fiscaux s'ajoutent deux instruments orientés vers l'emploi . La prime à l'emploi représente 17% du revenu brut imposable de chaque nouveau poste stable occupé pendant au moins 18 mois. La prime à la formation couvre 3,5% du revenu brut imposable annuel pour chaque nouvelle recrue.
Ces mesures visent à soutenir à la fois la création d'emplois qualifiés et l'investissement dans les compétences. La circulaire rappelle par ailleurs que les différents avantages fiscaux et primes prévus dans le cadre de l'Offre Offshoring Maroc ne sont pas cumulables avec les autres dispositifs nationaux de soutien à l'investissement ou à la formation. Les entreprises ne peuvent donc pas superposer ces mesures avec les programmes existants, qu'il s'agisse du Dispositif d'aide à la formation (DAF), des contrats spéciaux de l'OFPPT ou des mécanismes d'amélioration de l'employabilité portés par l'ANAPEC.
Cette règle vise à garantir la cohérence du modèle incitatif, à éviter les doublons et à orienter les entreprises vers un cadre unique, lisible et harmonisé. Les entreprises opérant hors des P2I peuvent également accéder à la prime à l'emploi et à la prime à la formation. Lorsqu'elles sont installées dans des régions dépourvues de plateformes intégrées, elles peuvent en outre bénéficier des avantages liés à l'impôt sur le revenu et à l'impôt sur les sociétés, ce qui permet de préserver une dynamique territoriale équilibrée et d'éviter une concentration excessive des incitations autour des seules zones intégrées.
Par ailleurs, la circulaire introduit également une avancée importante en matière de simplification administrative. L'Autorité de la Transition numérique met en place une plateforme digitale dédiée à la gestion des mesures incitatives, conçue pour centraliser l'ensemble des demandes et fluidifier leur traitement.
Cette digitalisation du dispositif s'inscrit dans le cadre de la loi 55-19 sur la simplification des procédures et vise à garantir une expérience unifiée pour les entreprises, qu'il s'agisse du dépôt des dossiers, du suivi des demandes ou de la délivrance des autorisations. Elle marque une étape supplémentaire dans la volonté de l'Etat d'offrir un accès rapide, transparent et sécurisé aux différents avantages prévus par l'Offre Offshoring Maroc.
Une période transitoire pensée pour accélérer la relocalisation
Pour éviter que la montée en puissance des nouvelles P2I n'entraîne un ralentissement des implantations, la circulaire prévoit une période transitoire particulièrement incitative. Les entreprises qui signent une convention ou un mémorandum d'entente avec l'Etat, ainsi qu'une promesse de bail dans une P2I en cours d'aménagement, peuvent bénéficier immédiatement des avantages liés à l'impôt sur le revenu et à l'impôt sur les sociétés.
Cette mesure vise à encourager une relocalisation rapide et à garantir que les nouveaux espaces soient occupés dès leur disponibilité. La circulaire encadre strictement l'accès anticipé aux avantages fiscaux pendant la période transitoire. Les entreprises ne peuvent bénéficier de l'avantage lié à l'impôt sur le revenu et de celui lié à l'impôt sur les sociétés qu'après la signature d'une convention ou d'un mémorandum d'entente avec l'Etat, ainsi que d'une promesse de bail dans une P2I en cours d'aménagement.
Ces avantages prennent effet dès la signature de ces documents, même si les locaux ne sont pas encore livrés, ce qui permet aux investisseurs de sécuriser leur installation tout en accélérant la relocalisation progressive des effectifs vers les plateformes dédiées.
Un changement d'échelle pour un secteur en première ligne
En redéfinissant les règles du jeu, le Maroc opère un saut qualitatif décisif. Le secteur de l'offshoring cesse d'être un simple pôle d'attractivité économique pour devenir un instrument stratégique de politique publique, placé sous une gouvernance structurée et inscrit dans une logique de souveraineté numérique.
Les P2I cristallisent cette transformation en devenant des infrastructures de référence, à la fois zones d'accueil, espaces de formation, centres de services et leviers d'équilibre territorial. La réforme donne au Maroc une capacité nouvelle d'offrir un cadre homogène, lisible et compétitif qui aligne les ambitions nationales sur les exigences d'un marché mondial en mutation.
Elle conforte la place du pays comme acteur crédible de l'économie numérique internationale et pose les fondations d'un écosystème capable de soutenir durablement la création d'emplois qualifiés, l'industrialisation des services et l'ancrage de nouvelles activités à forte valeur cognitive.
Les cinq univers de l'offshoring marocain
La circulaire définit avec précision le périmètre des activités éligibles à l'Offre Offshoring Maroc et l'organise autour de cinq grandes filières qui structurent désormais l'ensemble du secteur. La première, l'ITO, couvre l'externalisation des processus liés aux technologies de l'information, notamment la gestion d'infrastructure, le développement de logiciels et la maintenance applicative.
Vient ensuite la filière CRM, consacrée à la gestion de la relation client et regroupant l'accueil, le traitement des débordements d'appels, le télémarketing, la gestion des plaintes, le recouvrement et l'ensemble des services digitaux associés. La filière BPO rassemble les activités d'externalisation des processus métiers, qu'il s'agisse de fonctions administratives générales ou de tâches métiers spécifiques.
L'ESO, dédiée aux services d'ingénierie, englobe les activités techniques et les projets de recherche et développement externalisés. Enfin, la filière KPO s'inscrit dans un registre à forte intensité cognitive et comprend les études de marché, l'analyse de données, le publishing spécialisé et l'externalisation des prestations juridiques.
La circulaire précise qu'une liste indicative annexée au document encadre ces activités et offre un référentiel opérationnel qui confirme l'orientation du dispositif vers des métiers à forte valeur ajoutée et à contenu expert.
Une procédure d'implantation encadrée et accélérée
La circulaire instaure une procédure d'implantation claire et rapide. Les entreprises doivent déposer leur demande auprès du gestionnaire de la P2I, accompagnée d'un dossier complet comprenant notamment le programme d'investissement, les statuts, la description du projet, le business plan et le nombre d'emplois à créer.
Le gestionnaire dispose d'un délai maximum de cinq jours ouvrables pour instruire le dossier lorsque l'activité figure sur la liste définie. Lorsque le CTO doit intervenir, ce délai est porté à vingt-cinq jours. Cette limitation stricte des délais réduit les incertitudes et renforce considérablement l'attractivité opérationnelle des P2I.
Sanae Raqui / Les Inspirations ECO


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