À quelques jours de la 13e Réunion de haut niveau entre le Maroc et l'Espagne, les indicateurs économiques confirment l'intensification d'un partenariat stratégique aux fondations désormais solides. Echanges commerciaux records, investissements croisés ambitieux, implantation massive d'entreprises espagnoles au Maroc... les chiffres donnent la mesure d'une coopération qui dépasse les intentions diplomatiques. Alors que Madrid s'apprête à accueillir la XIIIe Réunion de naut niveau Maroc-Espagne, les chiffres économiques récents confirment une dynamique bilatérale solide, traduisant sur le terrain la volonté politique de faire évoluer les liens entre les deux pays vers un véritable partenariat stratégique. Cette dynamique se manifeste à travers l'augmentation soutenue des échanges commerciaux et le renforcement des investissements directs étrangers (IDE), dans un contexte de rapprochement diplomatique inédit. Des échanges commerciaux à un niveau record Selon l'Agence espagnole des douanes (AEAT), le volume des échanges bilatéraux a atteint 22,7 milliards d'euros en 2024, un niveau historique. Ce chiffre fait suite à une croissance soutenue observée depuis 2015, année où les échanges totaux s'élevaient à 9,8 milliards d'euros. D'après Eurostat, le Maroc est devenu, ces dernières années, le premier partenaire commercial de l'Espagne en Afrique, et figure parmi ses principaux partenaires hors Union européenne. Le commerce bilatéral est équilibré, selon les mêmes sources : en 2024, les exportations marocaines vers l'Espagne ont atteint 9,83 milliards d'euros, tandis que les exportations espagnoles vers le Maroc s'élevaient à 12,86 milliards d'euros. Le Maroc exporte notamment des produits agricoles, textiles et automobiles, et importe des machines, équipements industriels, produits chimiques et composants électroniques. Un afflux confirmé d'investissements directs Le rapport mondial sur l'investissement publié par la CNUCED (UNCTAD) en 2024 note que le stock cumulé d'IDE au Maroc atteignait 69,3 milliards de dollars US en 2023 (tous pays confondus). Bien que les données ventilées par pays ne soient pas toujours publiées dans le détail, des rapports de la Banque d'Espagne et de l'AMDIE (Agence marocaine de développement des investissements et des exportations) indiquent que l'Espagne figure régulièrement parmi les cinq premiers investisseurs étrangers au Maroc. En 2024, selon le rapport d'activité de l'AMDIE, près de 200 milliards de dirhams (environ 18,5 milliards d'euros) de projets d'investissement ont été validés, dont une partie significative en partenariat avec des entreprises européennes, principalement espagnoles, françaises et allemandes. Le secteur industriel (automobile, énergie renouvelable, agro-industrie) concentre l'essentiel des investissements espagnols, en lien avec les grands projets marocains structurants (Plan d'accélération industrielle, stratégie verte, décarbonation, etc.). D'après les chiffres communiqués par la Chambre espagnole de commerce au Maroc, plus de 1.300 entreprises espagnoles opéreraient actuellement sur le territoire marocain. Elles sont présentes dans des domaines aussi variés que la construction, la finance, l'agroalimentaire, l'enseignement supérieur, l'ingénierie et les nouvelles technologies. Tanger Med, Casablanca, Fès et Agadir apparaissent comme des hubs d'accueil privilégiés. 5 milliards d'euros d'investissements croisés prévus à l'horizon 2028 La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et la Confederación española de organizaciones empresariales (CEOE) tablent sur un volume d'investissements croissants. Lors du dernier forum économique bilatéral, les deux entités ont fixé un objectif conjoint de 5 milliards d'euros d'investissements croisés projetés d'ici 2028, notamment dans les secteurs de la transition énergétique, de la logistique, des infrastructures sportives, et des industries culturelles, en lien avec la co-organisation du Mondial 2030. C'est dire que la relation Maroc-Espagne dépasse le cadre diplomatique pour s'ancrer dans une réalité économique structurée. Le sommet de haut niveau prévu à Madrid le 4 décembre 2025 est appelé à donner un nouveau souffle à cette coopération, en structurant davantage les investissements croisés et en explorant de nouveaux relais de croissance tels que l'hydrogène vert, la cybersécurité et l'innovation industrielle.