Le marché obligataire aborde une phase de normalisation graduelle, portée par une détente modérée du déficit de liquidité bancaire et un retour marqué des levées sur le court terme. Les signaux haussiers observés sur plusieurs maturités traduisent un repositionnement des investisseurs, tandis que le Trésor ajuste ses besoins de financement avec prudence. La dynamique des taux s'inscrit dans un mouvement de normalisation progressive, marqué par une détente mesurée de la liquidité bancaire. Selon BMCE Capital Global Research (BKGR), le déficit moyen de liquidité se contracte pour atteindre -136,8 milliards de dirhams (MMDH), en recul de -0,65%. Dans le même temps, les avances à 7 jours de Bank Al-Maghrib (BAM) augmentent et se fixent à 69,6 milliards, soit un léger renforcement des injections de ressources au profit du système bancaire. Les placements du Trésor se montrent plus modestes que lors de la semaine précédente, leur encours quotidien maximal s'étant établi à 7,9 milliards contre 10,3 MMDH auparavant. Le marché interbancaire reste stable et discipliné, le TMP se maintenant à 2,25%, tandis que le MONIA reflue vers 2,231%, ce qui traduit un environnement monétaire en léger relâchement. Court terme en tête sur le primaire Le marché primaire se distingue par le regain d'activité observé sur les maturités courtes. Lors de la dernière adjudication, le Trésor a levé 3,99 MMDH sur un total proposé de 10,11 milliards, soit un taux de satisfaction de 39%. Deux lignes concentrent l'ensemble des souscriptions, à savoir l'échéance 26 semaines, servie à un taux limite de 2,25% et l'échéance 2 ans, au taux de 2,5551%. BKGR précise que ces niveaux correspondent à des variations respectives de 17 points de base (pdb) pour le court terme et de 5,7 pdb pour le 2 ans. Les maturités longues n'ont pas été retenues, aucune souscription n'ayant été validée sur les segments 10 ans et 20 ans, ce qui confirme l'orientation prudente du Trésor et des investisseurs, davantage tournés vers la flexibilité et la visibilité qu'offre le court terme. Un marché secondaire orienté à la hausse Sur le marché secondaire, la tendance évolue nettement dans le sens d'une revalorisation des rendements. D'après BKGR, les taux progressent sur plusieurs maturités, en particulier le 10 ans qui gagne 13 pdb, le 15 ans qui avance de 9,62 pdb et le 2 ans qui s'apprécie de 8,66 pdb. Ce mouvement souligne un ajustement haussier sur la partie médiane et longue de la courbe, reflet d'un marché qui intègre progressivement les anticipations de politique monétaire et de financement du Trésor. Les niveaux observés suggèrent que les investisseurs réclament un rendement supplémentaire pour se positionner sur des durées plus longues, dans un contexte où la trajectoire future des taux demeure un élément central des arbitrages. Les opérations d'émission d'obligations demeurent limitées mais ciblées. Trois lignes sont recensées durant la période observée, dont deux émissions CIH Bank d'une durée de dix ans, l'une au taux facial de 3,56% et l'autre proposée sur la même maturité, avec un taux révisable fixé à 2,78%. À celles-ci s'ajoute une émission FT SOFAC AL III d'une maturité de cinq ans au taux facial de 2,94%. Aucun mouvement n'est signalé sur les segments BSF, BT ou CD, ce qui traduit un marché actif mais sélectif. Perspectives Pour la période à venir, BKGR anticipe une légère intensification des interventions de BAM sur le marché monétaire, avec un volume d'avances à 7 jours attendu autour de 70,8 MMDH, contre 69,5 milliards précédemment. Le Trésor devrait maintenir un rythme soutenu de levées en décembre, malgré l'absence de tombées importantes, afin de préparer plus confortablement les premières échéances de 2026. Le scénario décrit par BKGR privilégie un biais haussier sur les taux courts, alors que les maturités intermédiaires semblent offrir le meilleur équilibre entre portage et risque. L'approche demeure néanmoins prudente, à quelques semaines de la dernière réunion annuelle du Comité de politique monétaire, qui pourrait orienter les anticipations pour le début de l'année suivante. Sanae Raqui / Les Inspirations ECO