Tirée par une hausse de la production et des ventes en octobre 2025, l'activité industrielle au Maroc semble renouer avec une certaine dynamique. Mais derrière ces chiffres positifs se cachent des fragilités persistantes, avec des carnets de commandes en demi-teinte et des disparités sectorielles marquées. La reprise reste à confirmer dans un environnement économique encore incertain. L'industrie nationale a connu, en octobre 2025, une embellie mesurée. C'est ce que révèle la dernière enquête mensuelle de conjoncture publiée par Bank Al-Maghrib, qui dresse le portrait d'un secteur en reprise modérée, mais encore exposé à plusieurs incertitudes. L'activité globale s'est redressée, portée par une hausse de la production et des ventes, mais les signaux envoyés par les carnets de commandes restent hétérogènes, voire préoccupants dans certains segments. La production industrielle a globalement progressé dans la majorité des branches, permettant au Taux d'utilisation des capacités (TUC) de se maintenir à un niveau élevé de 80%, illustrant une mobilisation soutenue de l'outil de production. Cette performance est portée par une demande intérieure qui semble résiliente, alors que les ventes à l'export, elles, ont enregistré un recul, soulignant une dépendance accrue au marché local. La dynamique observée touche de manière différenciée les secteurs : l'agroalimentaire ainsi que la mécanique et métallurgie enregistrent une bonne performance, tandis que le textile, toujours fragile, reste sur une pente descendante, et que la chimie peine à transformer son rebond de production en véritable relance des ventes. Pourtant, derrière ces chiffres, en apparence rassurants, se dessine une réalité plus nuancée. Les commandes stagnent dans leur ensemble. Certaines branches comme la mécanique et métallurgie voient leurs carnets s'étoffer, mais d'autres, à l'instar de l'agroalimentaire ou du textile, constatent un affaissement de la demande. Cette asymétrie traduit un déséquilibre sectoriel qui fragilise la portée de la reprise. Dans le détail, le secteur agroalimentaire enregistre une progression de la production et des ventes, aussi bien sur le marché intérieur qu'à l'export. Néanmoins, le recul des nouvelles commandes laisse entrevoir un essoufflement à venir. Les industriels du secteur font preuve de prudence, d'autant que leur taux d'utilisation des capacités, établi à 74%, reste inférieur à la moyenne globale. Le textile, de son côté, continue de souffrir d'un contexte international morose et d'une demande extérieure volatile. La production et les ventes sont orientées à la baisse dans plusieurs sous-branches, notamment l'habillement. Les carnets de commandes restent à un niveau jugé inférieur à la normale, et les perspectives à court terme demeurent floues. La chimie et parachimie affiche une hausse de la production, mais la stagnation des ventes, conjuguée à la baisse des exportations, conduit à une anticipation défavorable de l'activité future. Les entreprises du secteur redoutent une baisse de la production dans les mois à venir, confirmant un climat d'incertitude qui persiste malgré les efforts d'ajustement. En revanche, la mécanique et métallurgie tire son épingle du jeu. Ce secteur enregistre une hausse simultanée de la production, des ventes et des commandes. Les carnets sont jugés normaux par les industriels, et le TUC atteint 87%, témoignant d'un dynamisme soutenu, qui tranche avec les difficultés des autres branches. Ce bon comportement vient en partie compenser les fragilités structurelles d'autres segments industriels. Les anticipations pour les trois prochains mois reflètent cette diversité des trajectoires. Alors que la production globale est attendue en stagnation, une amélioration est escomptée dans la majorité des secteurs, à l'exception de la chimie. Les ventes devraient, elles aussi, se redresser, sauf dans l'agroalimentaire où un fléchissement est anticipé. Cette prudence face à l'avenir s'explique autant par la volatilité des débouchés extérieurs que par les incertitudes macroéconomiques pesant sur la demande locale. En somme, l'industrie marocaine semble renouer avec une certaine dynamique, mais sur des bases encore fragiles. Si des signaux encourageants sont perceptibles, notamment dans la mécanique et dans certaines niches exportatrices, les faiblesses structurelles liées à la concentration des débouchés, à la dépendance à la demande intérieure et à la volatilité de certains marchés stratégiques pèsent toujours sur la reprise. Pour consolider ce frémissement, une meilleure visibilité sur les carnets de commandes, une diversification des marchés et un soutien ciblé à l'investissement productif seront nécessaires.