La réforme introduite par la loi 03.25 redéfinit en profondeur l'architecture des fonds au Maroc en ouvrant l'accès à de nouveaux véhicules d'investissement et en renforçant la gouvernance du secteur. Malgré l'ampleur des changements, Fitch Ratings estime que la solidité des fonds monétaires demeure intacte et que la notation AAAmmf mar ne devrait connaître aucune variation. Le marché marocain des fonds vit une mutation juridique majeure qui redessine les contours de l'industrie sans altérer ses fondamentaux. Fitch Ratings anticipe une transition fluide et considère que la réforme adoptée par le Parlement n'affectera pas les notations des fonds monétaires qu'elle suit depuis plusieurs années. L'adoption de la loi 03.25 représente l'une des révisions les plus profondes du cadre régissant les organismes de placement collectif depuis trois décennies. Le texte modernise la structure des OPCVM, élargit les catégories de fonds autorisés et renforce l'architecture prudentielle. Cette transformation intervient dans un marché en pleine croissance qui dépasse désormais 789 milliards de dollars canadiens d'actifs sous gestion. Dans cette dynamique d'expansion, Fitch estime que la réforme améliore la robustesse de l'écosystème sans en modifier les équilibres de risque. Fitch anticipe une stabilité des notations malgré l'ampleur des changements Dans son analyse, Fitch souligne que l'introduction de ces nouveaux véhicules, conjuguée à une gouvernance plus stricte, n'altère pas la solidité des fonds monétaires notés. L'agence rappelle qu'elle suit cinq MMF, tous classés AAAmmf mar, un niveau qui traduit une qualité élevée de gestion de la liquidité et une exposition très limitée aux actifs risqués. Elle estime que les nouvelles exigences imposées aux gestionnaires, notamment en matière de politiques de risque, de transparence et de reporting, consolideront la confiance des investisseurs plutôt qu'elles ne perturberont les équilibres établis. Fitch observe que les gestionnaires marocains qu'elle note représentent près de 70 pour cent de l'industrie et qu'ils disposent de structures suffisamment robustes pour absorber les ajustements réglementaires. Elle s'attend également à ce que l'ouverture à de nouveaux produits soutienne la croissance des actifs sous gestion. À fin septembre, l'industrie enregistrait une progression annuelle de 21%, portée par la montée des fonds obligataires qui concentrent 75% des encours. Les fonds monétaires, qui représentent 14% de la taille du marché, bénéficient d'une demande régulière de la part des investisseurs institutionnels. Une consolidation attendue de la gestion des risques et de la qualité opérationnelle La réforme touche directement les piliers analysés dans les notations IMQR de Fitch. L'agence explique que les exigences de formalisation du processus d'investissement, les obligations de mise à jour des méthodologies d'évaluation et la surveillance accrue des ressources humaines influencent positivement la qualité du cadre opérationnel. Elle suivra notamment l'évolution des pratiques de gouvernance, les niveaux de liquidité exigés dans certains fonds et les mécanismes de gestion des concentrations. Les gestionnaires devront aussi renforcer la documentation sur la liquidité, un enjeu central pour les fonds monétaires. L'environnement réglementaire amélioré pourrait faciliter l'arrivée d'investisseurs internationaux, particulièrement intéressés par les ETF et les fonds en devises, deux catégories désormais possibles sous la loi 03.25. De nouveaux véhicules d'investissement Pour rappel, la loi 03.25 réorganise le régime des OPCVM autour de trois axes principaux. D'abord, l'ouverture du marché à de nouveaux types de fonds : le texte autorise les fonds indiciels cotés, une première pour la place casablancaise, ainsi que les fonds nourriciers, les fonds maîtres, les fonds à compartiments et les fonds en devises étrangères. Cette diversification rapproche le cadre marocain des standards internationaux et offre aux investisseurs institutionnels ou particuliers une palette plus large d'outils d'exposition aux marchés. Ensuite, la loi introduit une gouvernance révisée : les sociétés de gestion doivent désormais formaliser leurs dispositifs d'évaluation, de liquidité et de gestion des risques et les mettre à jour régulièrement. Elles sont tenues d'obtenir l'approbation préalable de l'Autorité marocaine du marché des capitaux pour tout changement significatif. La loi consacre également l'obligation d'une information plus complète à destination des porteurs de parts. Enfin, la réforme renforce les pouvoirs du régulateur. L'AMMC peut retirer une autorisation en cas de manquements répétés. Elle bénéficie de prérogatives élargies en matière de contrôle, notamment sur les dépositaires et sur les entités participant à la commercialisation des parts d'OPCVM. Le texte prévoit une période transitoire de six mois à compter de sa publication au Bulletin officiel pour permettre aux gestionnaires d'aligner leurs pratiques sur les nouvelles exigences. Les points que Fitch jugera déterminants dans la mise en œuvre La réforme impose aux gestionnaires une transition qui ne se limite pas à l'intégration de nouveaux produits. Fitch suivra surtout la manière dont les sociétés de gestion renforceront la documentation de leurs politiques de liquidité, leurs protocoles d'évaluation et leurs dispositifs opérationnels. Ces éléments constituent le socle des notations IMQR et influencent directement la qualité de gestion des fonds monétaires. L'agence accordera aussi une attention particulière à la montée en puissance du rôle de l'AMMC, notamment dans l'application des sanctions et dans l'harmonisation des reportings exigés. La capacité du marché à absorber les nouveaux standards tout en maintenant une discipline stricte de gestion sera déterminante pour préserver la confiance des investisseurs. Faiza Rhoul / Les Inspirations ECO