Bank of Africa lance une nouvelle émission d'obligations subordonnées perpétuelles d'un montant maximal d'un milliard de dirhams, destinée aux investisseurs institutionnels qualifiés. Structurée en deux tranches à taux révisables, cette opération vise à renforcer les fonds propres réglementaires de la banque tout en intégrant les mécanismes prudentiels d'absorption des pertes et de flexibilité sur les coupons exigés par la réglementation bancaire. Bank of Africa engage une nouvelle opération sur le marché des capitaux. La banque lance une émission d'obligations subordonnées perpétuelles d'un montant maximal d'un milliard de dirhams, destinée exclusivement aux investisseurs institutionnels qualifiés de droit marocain. Cette opération s'inscrit dans la continuité de la stratégie de gestion active des fonds propres du groupe. Elle vise à renforcer les fonds propres réglementaires de catégorie Additional Tier 1, communément appelés AT1, sans recourir à une augmentation de capital et sans dilution des actionnaires existants. La période de souscription s'étend du 19 au 23 décembre 2025, pour une date de jouissance fixée au 30 décembre. Un instrument de fonds propres, pas une obligation classique Les titres émis par Bank of Africa ne relèvent pas de l'obligation traditionnelle. Leur caractère perpétuel signifie qu'ils ne comportent aucune échéance contractuelle prédéfinie. En cas de liquidation de l'établissement, ils sont remboursés après l'ensemble des créanciers, y compris les autres dettes subordonnées à maturité déterminée, et uniquement avant les actionnaires. Cette subordination élevée explique le niveau de risque assumé par les investisseurs, mais aussi la rémunération plus attractive associée à ces instruments. Les obligations intègrent par ailleurs deux mécanismes clés exigés par la réglementation bancaire. D'une part, la possibilité pour l'émetteur d'annuler le paiement des coupons sans que cela constitue un défaut. D'autre part, un dispositif d'absorption des pertes reposant sur la dépréciation du nominal en cas de détérioration des ratios prudentiels Deux tranches pour répondre à différents profils de taux L'émission est structurée en deux tranches non cotées, allouées par adjudication à la française. La tranche A propose un taux d'intérêt révisable tous les cinq ans, indexé sur le taux des bons du Trésor à cinq ans majoré d'une prime de risque comprise entre 220 et 230 points de base (pbs). La tranche B, à taux révisable annuellement, est indexée sur le taux monétaire à 52 semaines avec une prime de risque comprise entre 210 et 220 pbs. Cette structuration permet à Bank of Africa de diversifier sa base d'investisseurs tout en optimisant le coût de son capital réglementaire dans un environnement de taux encore incertain. Le cœur de l'opération réside dans le mécanisme d'absorption des pertes, élément central des instruments AT1. Si le ratio Common Equity Tier 1 de la banque venait à passer sous le seuil réglementaire de 6% des risques pondérés, le nominal des obligations serait automatiquement déprécié à hauteur du montant nécessaire pour rétablir ce niveau minimum de fonds propres. Cette dépréciation, qui peut aller jusqu'à ramener le nominal à une valeur plancher, permet à la banque de renforcer immédiatement sa solvabilité. À l'inverse, en cas d'amélioration ultérieure de la situation financière, Bank of Africa se réserve la possibilité de réapprécier tout ou partie du nominal déprécié, sous réserve de l'accord préalable de Bank Al-Maghrib. Une flexibilité assumée sur les coupons Autre caractéristique majeure de l'opération, la banque peut décider d'annuler le paiement des intérêts, en totalité ou en partie, sur une base non cumulative. Les coupons annulés ne sont ni reportés ni dus ultérieurement. Ce choix, qui répond aux exigences réglementaires encadrant les instruments de fonds propres, renforce la capacité de la banque à préserver ses ressources en période de tension. Cette flexibilité fait des obligations subordonnées perpétuelles un outil de gestion prudentielle à part entière, davantage orienté vers la résilience du bilan que vers la seule logique de financement. Une opération inscrite dans la durée Avec cette nouvelle émission, Bank of Africa prolonge une trajectoire entamée depuis plusieurs années sur le segment des obligations AT1. Le groupe a déjà procédé à plusieurs émissions de même nature, entre 2017 et 2025, confirmant une stratégie cohérente de renforcement progressif de ses fonds propres réglementaires. Au-delà de l'opération elle-même, cette émission traduit la volonté de Bank of Africa d'anticiper les exigences du régulateur et de consolider sa solidité financière dans un environnement bancaire marqué par une vigilance accrue sur les ratios de solvabilité et la qualité du capital. Elle illustre aussi la montée en maturité du marché marocain des instruments hybrides, désormais pleinement intégrés dans l'arsenal financier des grandes banques du pays. Sanae Raqui / Les Inspirations ECO