Entre professionnalisation, technicité accrue et ancrage dans les droits humains, la Sûreté nationale a multiplié les offensives sur tous les fronts de la criminalité en 2025. Trafic de stupéfiants, cybercriminalité, blanchiment, traite humaine, fraude monétaire, criminalité violente..., les chiffres témoignent d'une dynamique de répression soutenue. En 2025, la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) a franchi un cap décisif dans la mise en œuvre de sa stratégie sécuritaire nationale. Face aux transformations rapides du paysage criminel, tant en nature qu'en complexité, elle a poursuivi avec fermeté et intelligence la consolidation de son modèle : une sécurité intégrée, anticipative, technologique, et profondément ancrée dans le respect des libertés et des fondamentales. Une criminalité sous contrôle : efficacité, maîtrise et résilience Avec 779.008 affaires pénales enregistrées sur l'ensemble du territoire national, 2025 confirme une stabilisation globale des infractions, malgré une conjoncture sociale et régionale instable. Le taux de résolution des affaires, culminant à 95%, constitue à cet égard une performance inédite dans les annales policières nationales, fruit d'une montée en puissance des services d'investigation, d'une meilleure circulation de l'information entre directions, et d'une culture institutionnelle fondée sur la réactivité. Les crimes violents, qui nourrissent un fort sentiment d'insécurité, ne représentent plus que 6% du total des infractions, soit 43.869 affaires contre 48.000 l'année précédente. Ce recul s'explique par la désarticulation systématique des bandes structurées : 1.112 réseaux criminels ont été neutralisés, 1.737 personnes interpellées, 166 véhicules saisis, ainsi que 112 motos utilisées dans des actes délictueux. La criminalité de voie publique a fortement diminué. Les vols sous la menace ont reculé de 24%, les cambriolages de 12%, et les vols avec violence de 6%. Ces baisses sont notamment dues au déploiement accru de brigades mobiles, à l'utilisation de la vidéosurveillance, à l'exploitation de la biométrie et à la généralisation des bases de données interconnectées. Stupéfiants, cybermenaces, blanchiment : la guerre sur tous les fronts L'un des champs de bataille les plus ardus reste la lutte contre les stupéfiants. En 2025, 134.126 personnes ont été arrêtées dans des affaires de drogue, dont 378 ressortissants étrangers, et 106.117 dossiers judiciaires instruits. Les quantités saisies illustrent l'ampleur du défi : 170 tonnes de cannabis, 1,7 tonne de cocaïne, 6 kg d'héroïne et 1,59 million de comprimés psychotropes, dont plus de 350.000 de type ecstasy. La DGSN a misé sur une coopération policière transnationale particulièrement efficace. En partenariat avec l'Espagne, six opérations de livraisons surveillées ont été menées, aboutissant à la saisie de 55 tonnes de cannabis et à l'arrestation de 38 trafiquants internationaux. Face à l'émergence de drogues de synthèse locales, telles que le redouté psychotrope «L'Boufa», la police marocaine a renforcé son arsenal de contrôle, notamment à l'intérieur des zones frontalières. Résultat : une baisse de 33% des saisies de cette drogue. La lutte contre les crimes technologiques s'est intensifiée. 13.643 affaires de cybercriminalité ont été traitées, allant du chantage sexuel à l'usurpation d'identité, en passant par la diffamation en ligne, l'apologie du terrorisme ou les attaques par hameçonnage. La plateforme de signalement «E-blagh», lancée mi-2024, a recueilli 25.876 signalements, permettant un traitement judiciaire rapide et une protection accrue des victimes. L'extorsion sexuelle numérique, en léger recul de 5%, a fait l'objet de 370 enquêtes, avec 486 victimes identifiées, dont 129 étrangères, et 89 cybercriminels interpellés. Sur le plan financier, 633 affaires de blanchiment d'argent ont été traitées, avec 398 gels d'avoirs, pour une valeur globale de 660 millions de dirhams, dont 240 millions directement liés au trafic de drogue. Cette offensive contre l'économie souterraine s'est accompagnée de 431 enquêtes pour corruption et détournement de fonds publics, débouchant sur 614 arrestations. Fraudes financières, contrefaçon, délits monétaires Les infractions liées aux moyens de paiement falsifiés et à la contrefaçon monétaire ont connu une recrudescence. Les services de la DGSN ont traité 655 affaires, impliquant la saisie de plus de 92.000 faux billets, dont 91.340 en dollars US, 3.940 en euros, 2.900 en livres sterling, et 592 faux billets marocains. La police a également démantelé 18 réseaux spécialisés, mis la main sur 23 serveurs et appareils numériques et arrêté 185 individus impliqués dans ces fraudes à grande échelle, notamment à travers des techniques de phishing, vishing, et piratage de données bancaires. Les pertes estimées avoisinent les 15 millions de dirhams. Migration clandestine, traite humaine et exploitation La DGSN a démantelé 105 réseaux de passeurs, souvent liés à des filières transnationales d'exploitation et de traite. 415 individus ont été arrêtés et 684 faux documents de voyage saisis. Ces actions ont permis d'empêcher la migration illégale de 34.211 personnes, dont 7.008 ressortissants étrangers. Contre-terrorisme : une vigilance discrète mais permanente Bien que les menaces terroristes aient légèrement baissé en intensité, la DGSN reste extrêmement vigilante. En 2025, 21 individus soupçonnés de radicalisation violente ou de préparation d'attentats ont été déférés devant la justice. Ces chiffres ne tiennent pas compte des affaires instruites par le BCIJ (rattaché à la DGST), mais confirment une coopération renforcée et fluide entre les services. Police scientifique : la montée en puissance de la vérité technique La police scientifique et technique s'est imposée comme un outil central dans l'élucidation des crimes. Le Laboratoire national de Casablanca, désormais certifié par Interpol pour la traçabilité ADN, a réalisé 23.242 expertises en 2025, dont 18.249 en génétique, 2.918 en chimie médico-légale, et 8.492 expertises numériques, traitant plus de 33.500 supports électroniques. La balistique légale s'est également affirmée, avec 319 expertises, 198 armes à feu analysées, et 14.445 projectiles traités. Ces données confirment la volonté de la DGSN de basculer vers un modèle d'enquête probatoire, basé sur la science, les preuves matérielles et les standards internationaux. Droits humains, contrôle des abus et transparence La DGSN a mis en place 4.126 sessions de formation dédiées aux droits de l'Homme depuis 2017. En 2025, 828 notes de service ont été diffusées pour rappeler les obligations des enquêteurs en matière de respect de la dignité humaine, notamment lors de la garde à vue et de l'interrogatoire. Pas moins de 3.125 visites inopinées ont été effectuées dans les lieux de détention. Des formations sur la protection des réfugiés et demandeurs d'asile ont été organisées en partenariat avec le HCR, au profit de 90 cadres de la Sûreté. La DGSN a par ailleurs formalisé un partenariat inédit avec l'Instance nationale de probité et de lutte contre la corruption, ainsi qu'avec la DGST, afin de mettre en place des protocoles d'échange d'informations, d'éthique professionnelle et de traitement des plaintes citoyennes. Sécurité routière : l'enjeu d'une mobilisation citoyenne partagée Les indicateurs de la sécurité routière restent préoccupants. En 2025, le Maroc a enregistré 101.053 accidents en zone urbaine, faisant 1.433 morts, 5.556 blessés graves et 128.563 blessés légers. Cela représente une hausse de 4% par rapport à l'année précédente. Face à cette situation, les services de la DGSN ont intensifié leurs contrôles, établissant 369.493 PV, saisissant 37.935 véhicules, dont 28.247 motos, et arrêtant 2.920 conducteurs dangereux. L'accent a également été mis sur la modernisation du système de verbalisation, la vidéosurveillance et la prévention en milieu scolaire.