Les assureurs-crédit européens sont unanimes : l'attractivité et la cote du Royaume sont en hausse auprès des opérateurs économiques. Allianz Trade, Coface et le Belge Credendo le créditent d'un des meilleurs risques politiques et de l'environnement des affaires. Le Maroc creuse l'écart non seulement sur le plan régional, mais aussi avec ses principaux concurrents sur le continent. Cet «alignement des planètes» intervient après la reconquête de l'investment grade (BBB) par le Trésor. Le relèvement de la note de la solvabilité du Trésor par les agences de notation financière à «BBB», suivi de la bonne tenue du rating auprès des grands assureurs-crédit, confirment ce que l'on peut qualifier d'«alignement des planètes» pour le Maroc en matière de risque pays. Si elles ne font pas de miracles, ces notations sont scrutées par les investisseurs et les opérateurs en quête d'opportunités. Elles renseignent non seulement sur la qualité de la signature du pays sur les marchés financiers, mais aussi sur son environnement macroéconomique et institutionnel ainsi que sur le risque de crédit inter-entreprises. La note émise par les assureurs-crédit cherche donc à établir la capacité moyenne des entreprises de ce pays à honorer leurs paiements dans les délais. Plus elle est bonne, moins la prime de risque appliquée vers la destination est faible. Dans sa dernière évaluation de 2025, le groupe Coface explique la notation risque pays du Maroc – classé B sur une échelle qui va de A à D – par la stabilité politique et institutionnelle, la densité ainsi que par la lisibilité de ses relations avec les Etats-Unis et l'Europe, et la dynamique des investissements directs étrangers (IDE). Les récents succès diplomatiques et géopolitiques de Rabat sur le Sahara marocain ont changé la lecture du risque pays du Royaume. Cette évolution devrait d'ailleurs déboucher sur un reclassement. Les analystes de Coface soulignent en outre l'impact de la continuité de la politiqué économique (maîtrise de la dette et du déficit budgétaire) et la consolidation des réserves de change tout comme le choix stratégique des investissements des opérateurs marocains en Afrique. Au niveau sous-régional (Maghreb), le Maroc est loin devant. C'est aussi l'un des tout meilleurs risques en Afrique en compagnie du Botswana et de la Namibie. Ses rivaux continentaux – Egypte, Nigéria, Afrique du Sud, Tunisie, Ghana – dans la course aux IDE sont placés une catégorie en dessous dans la grille des assureurs-crédit européens, tous étant notés «C». Chez Coface, Allianz Trade ou encore chez l'assureur-crédit belge Credendo, le Maroc creuse l'écart par rapport à la concurrence sur les deux principales composantes d'évaluation, à savoir le risque politique et l'environnement des affaires. La stabilité politique du Royaume est le dénominateur commun chez tous les assureurs-crédit. Le Maroc est crédité de 2 dans la grille du belge Credendo sur une échelle de notation qui compte sept classes. C'est, de loin, la meilleure note de tous les poids lourds du continent. Plus on se rapproche de 1, plus le risque pays est meilleur. Mieux encore, le pays augmente sa fiabilité auprès des investisseurs et des opérateurs économiques. L'autre belle surprise est l'amélioration de la cote de l'environnement des affaires. Sur ce critère, malgré des difficultés persistantes portant sur le règlement des litiges commerciaux et des déboires de quelques exportateurs (allemands et français), le Maroc se maintient en A4, la quatrième sous-classe de l'équivalent de la première division chez Coface. Même tendance chez Allianz Trade où il est dans la catégorie C sur une échelle qui va jusqu'à G. Pour rappel, le risque pays est constitué de deux composantes essentielles : l'évaluation de l'environnement des affaires et celle du risque politique. La première consiste à mesurer la transparence financière des entreprises et l'efficacité des tribunaux en matière de règlement des dettes. La deuxième composante concerne le risque politique. Elle est évaluée en tenant compte d'événements internes (climat social) ou externes (nombre de conflits passés et présents ainsi que de leur intensité) et du risque terroriste dont l'indice est apparu récemment. La note du risque pays n'a pas vocation à se substituer à d'autres diligences d'évaluation du risque. C'est un élément parmi un ensemble d'outils à disposition des investisseurs et des entreprises, tempèrent les analystes de Coface : «Il peut exister de bonnes entreprises dans des pays à risque et des entreprises à risques dans des pays fiables. Le risque global résulte donc à la fois des spécificités de l'entreprise et de celles du pays dans lequel elle opère». Bien positionné pour les destinations de crédits à l'export Le Maroc crève l'écran dans la classification des risques pays des Etats contractants de la convention internationale sur les crédits à l'exportation bénéficiant d'un soutien public. Il est noté 3 soit, de loin, le meilleur rating en Afrique, et bien au dessus de plusieurs pays plus avancés que lui. Cet «arrangement» (c'est sa qualification juridique) réunit l'Australie, le Canada, la Corée, les Etats-Unis, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, la Suisse, la Turquie et l'Union européenne. Les classifications des risques pays constituent l'une des pierres angulaires des règles de l'Arrangement sur les taux de primes de risque minimums. Une des principales règles de l'arrangement est de fixer des taux de prime tenant compte du risque de non-remboursement de sa dette extérieure. Dans le cadre du système défini par les participants, le concept de risque englobe le risque de transfert et de convertibilité (risque qu'un gouvernement impose des contrôles sur les flux de capitaux ou sur les devises, empêchant une entité de convertir la devise locale en devise étrangère et/ou de transférer des fonds à des créanciers situés en dehors du pays), ainsi que les cas de force majeure (guerre, expropriation, révolution, troubles civils, inondations ou tremblements de terre, par exemple). Abashi Shamamba / Les Inspirations ECO