À partir du 1er janvier 2026, le sang humain et animal, ainsi que ses dérivés, seront exonérés de la taxe sur la valeur ajoutée, à l'intérieur du territoire comme à l'importation. Cette disposition, prévue dans l'article 7 de la Loi de finances 2026, corrige une aberration aussi silencieuse qu'injuste. Car depuis des années, un produit vital, souvent obtenu gratuitement grâce au don, était paradoxalement frappé d'une charge fiscale. On ne devrait pas avoir à applaudir une telle mesure, tant elle semble relever du bon sens. Pourtant, elle était attendue. Elle répare l'incohérence d'un système où le sang, élément de survie, était considéré comme un bien commercial ordinaire. En le sortant du champ de la taxation, le législateur en reconnaît enfin la nature singulière. Cependant, cette avancée ne saurait être une fin en soi. Elle constitue tout au plus un levier parmi d'autres pour soulager un secteur transfusionnel sous pression. Les chiffres montrent clairement à quel point l'urgence est structurelle. Pour ne citer que les stocks, doit-on rappeler qu'ils ne couvrent guère plus d'une semaine de consommation dans certaines régions ? Car au-delà du coût, se pose la question de l'accès. Les hôpitaux font face à des tensions récurrentes. Les patients atteints de pathologies chroniques dépendent d'un accès constant à des produits dérivés du sang, dont certains doivent encore être importés à grands frais. Maintenant, si l'exonération de TVA peut en réduire partiellement le coût, elle ne garantit pas leur disponibilité. Et c'est là que la nécessité d'investir dans la production locale devient impérieuse, de même que la modernisation des centres de transfusion et l'édification d'une véritable souveraineté sanitaire. Le sang n'est pas un flux biologique comme un autre. Il est l'indicateur d'une santé collective, mais aussi d'un projet social. Si la mesure introduite par cette Loi de finances est un geste fiscal bienvenu, elle ne sera véritablement utile que si elle s'inscrit dans une stratégie globale, cohérente et ambitieuse. Meriem Allam / Les Inspirations ECO