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Irréversible mondialisation des esprits

Il vient de survenir sous nos yeux l'évènement sociopolitique le plus important de l'histoire contemporaine depuis la chute du mur de Berlin en novembre 1989. Le fracas engendré hier par la destruction du rideau de fer résonne encore aujourd'hui dans l'esprit de l'humanité : il aura permis de réunifier l'Allemagne pour en faire l'une des principales puissances économiques de la planète et aura mis un terme à la guerre froide en redessinant la cartographie de la géostratégie mondiale. Le fracas engendré aujourd'hui par la révolution du Jasmin résonnera dans nos esprits pour longtemps. Il devrait permettre de libérer la société tunisienne d'un régime aussi dictatorial que celui de Cuba, de Biélorussie, du Kazakhstan, de Birmanie ou même de Corée du Nord. Il aura surtout un effet d'entraînement vertueux sur la région du Maghreb et sur le monde arabe plus globalement. Dans l'analyse à chaud des évènements de Tunisie, un double écueil doit être évité : penser d'une part, que les émeutes en Tunisie et en Algérie (un triste record de huit immolations par le feu a été enregistré dans ce pays) seraient la traduction exclusive de révoltes de la faim et, d'autre part, que les pays de la rive sud et de l'est de la Méditerranée seraient immunisés contre le risque de soulèvement social. Concernant le premier écueil, force est de constater que les Tunisiens ont eu davantage faim de démocratie que de pain.
Conscience collective et soif de liberté
Croire que le volet social est le seul déterminant ou même que le facteur principal de la révolte tunisienne serait une erreur. Société majoritairement urbaine, maîtrisant sa démographie et gagnant la bataille contre l'analphabétisme, la Tunisie est parvenue à former une classe intellectuelle de haut niveau et à promouvoir très tôt les droits des femmes. Porté par une croissance économique forte et relativement stable, le pays a permis à une classe moyenne d'émerger et d'accéder au confort, aux loisirs et au savoir. C'est justement ce savoir qui a été le catalyseur de la révolte sociale. Le niveau élevé d'éducation des citoyens a permis de créer une conscience collective des libertés publiques que la gouvernance sécuritaire du Président déchu n'a pas pu étouffer. En dépit de la répression, de l'embastillement et de l'exil, les Tunisiens ont collectivement mis un terme à un système politique antidémocratique rongé par la gangrène de l'affairisme et de la corruption. Les jeunes émeutiers de Tunis et les manifestants de la Place Tian'anmen, vingt ans auparavant, tout comme les moines bouddhistes en révolte contre la junte militaire au pouvoir en Birmanie ou les artisans de la Révolution de velours en Tchécoslovaquie, ont tous un dénominateur commun : une soif de liberté et une exigence de dignité. Le cas de la Tunisie, comme les autres cas, illustre un processus irréversible de mondialisation des esprits. Malgré les différences entre les communautés nationales, celles-ci ont tendance à se rassembler naturellement autour d'un idéal commun : la démocratie. Il est certes difficile d'obtenir un rassemblement universel sur une spiritualité unique ou une idéologie commune. Cependant, il est aisé d'observer que le monde tend vers une unification de son mode de fonctionnement, dont les prémices sont perceptibles à travers la mondialisation commerciale, financière et culturelle. Pour l'instant, la scène économique internationale, la finance, la technologie, le web, la mode, la culture de masse, la communication, les médias, etc., servent de moteur à la fusion universelle des sociétés humaines. Cette mondialisation «matérielle» de l'humanité précèdera vraisemblablement une mondialisation d'une toute autre nature, encore plus forte et plus irréversible : celle des superstructures politiques et sociales et, finalement, celle des consciences collectives. Au sujet du second écueil, les décisions adoptées en urgence par les gouvernants des pays maghrébins et arabes conduisent à penser que le risque de contagion démocratique est pris très au sérieux. Au Maroc, les manifestations de soutien au peuple tunisien ont d'abord été interdites, puis finalement autorisées. En Libye, il semblerait que des affrontements se soient déroulés dans plusieurs villes dans la nuit du jeudi au vendredi 14 janvier 2011. Plusieurs sites auraient été saccagés par les manifestants sans que les services de police ne soient intervenus par souci d'apaisement. En Egypte, l'opinion publique exprime de plus en plus de réticence à la perspective d'une succession dynastique en 2011, comme elle condamne vivement les irrégularités des élections législatives de novembre 2010 et se plaint de la montée du chômage et des augmentations de prix, ainsi que de la corruption et des entraves aux libertés. En Jordanie, la capitale Amman et les villes de Maan, Karak, Salt et Irbid, ont connu, durant la journée du 14 janvier, une grande manifestation pacifique de protestation contre la hausse des prix, le chômage et la pauvreté, au cours de laquelle les citoyens ont appelé à la démission du Premier ministre Samir Rifaï. Deux jours plus tard, les Frères musulmans (bras politique du Front d'action islamique) et quatorze syndicats organisaient un sit-in devant le Parlement pour protester contre la politique économique du gouvernement.
Tous ces pays comme d'autres (le Yémen, Oman, la Mauritanie, etc.) ont rapidement œuvré pour l'apaisement social par un ensemble de mesures préventives. Ainsi en est-il de l'Algérie qui a décidé d'exonérer temporairement le sucre roux et les matières de base entrant dans la fabrication des huiles alimentaires de droits de douane (5%), de la TVA (17%) et de l'impôt sur le bénéfice des sociétés (respectivement de 19% et de 25% pour les activités de production et de distribution). En retour de ces exonérations, des diminutions de prix de vente aux consommateurs de l'ordre de 40% sont attendues. Le Premier ministre a, par ailleurs, demandé aux walis d'attribuer une allocation de 2.500 dinars (300 dirhams) à chaque demandeur d'emploi disposant d'un diplôme universitaire et inscrit à l'Agence nationale de l'emploi. La Libye a décidé, le lundi 10 janvier 2011, de supprimer les droits de douane et toute autre taxe sur les produits alimentaires de première nécessité, ainsi que sur le lait pour enfants. Le gouvernement jordanien a pris un ensemble de mesures urgentes sur ordre du Roi Abdallah II : annulation de la taxe de 6% sur l'essence et le diesel, baisse de 18 à 12% de la taxe sur le gaz, allocation de fonds supplémentaires aux sociétés d'Etat, afin de faire baisser les prix des produits alimentaires de base comme le sucre, le riz ou la volaille. Le monarque hachémite a aussi ordonné à l'armée, qui détient plus de 80 coopératives ouvertes aux militaires autant qu'aux civils, de ne pas augmenter les prix sur les produits de base.
D'autres mesures en faveur de l'emploi ont également été adoptées : suspension de certaines conditions d'accès au secteur de la Fonction publique pour faciliter la candidature des jeunes diplômés titulaires d'un bac+2, demande pressante du gouverneur de la Banque centrale jordanienne aux banques d'abaisser les taux d'intérêt des prêts destinés aux PME afin de soutenir la croissance de l'économie. Pour réduire la pression en amont, au niveau de la filière Approvisionnements, sur les prix du blé, du maïs et de l'orge, les pays du Maghreb se sont rués littéralement sur les marchés mondiaux des céréales : 1,6 million de tonnes de blé ont été commandées par l'Algérie en quinze jours, tandis que l'Egypte, premier importateur mondial de blé devant le Brésil, le Japon et l'Algérie, devrait acheter cette année 10,2 millions de tonnes contre 8 millions en temps normal ! Il est possible, voire même souhaitable, pour la stabilité de la région et du monde arabe, que les mouvements de protestation s'essoufflent au cours des prochaines semaines, mais cet apaisement ne doit pas provenir de réformes symboliques, ni résulter de compromis établis sur le dos des populations. Si l'on veut éviter à tout prix que la violence ne revienne tôt ou tard, les systèmes politiques de ces pays doivent se réformer, afin d'assurer à leurs citoyens un développement harmonieux.


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