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La saga des frères Karoui
Publié dans Le Soir Echos le 01 - 03 - 2010

Le rouge du logo du groupe Karoui and Karoui est un rouge passion. De la passion qui anime les deux frères Nabil et Ghazi. Le premier, l'aîné est le businessman et son cadet, d'un an, est le créatif du duo. Ils sont à la tête d'une entreprise, KNRG, qui a démarré dans le monde de la pub en Tunisie, en Algérie et au Maroc avant de se lancer dans le projet de télévision, Nessma TV. Riches d'une belle entente, qualifiée de fusionnelle par leurs proches, les deux frères se sont tout de même partagé la tâche. «Je  gère la télé et Ghazi la publicité», témoigne l'aîné.
«Etant donné que nous avons un an de différence, nos parents voulaient qu'on fasse tout de la même manière et ils nous ont appris à être solidaires sans être jaloux», confie Ghazi Karoui. 
Les deux frères forment un vrai tandem. Ils décident ensemble tout ce qu'ils entreprennent. «C'est simple, nous vivons ensemble au quotidien, on se parle sans arrêt, d'ailleurs la distance entre nos deux bureaux ne
dépasse pas trois mètres», confie Ghazi Karoui. Artiste dans l'âme, Ghazi né en 1964 à Bizerte, est doté d'une grande sensibilité. Cela se ressent au  timbre de sa voix et aussi à travers sa vision du monde. C'est avec émotion qu'il évoque les qualités de son aîné. Il considère que Nabil est, lui aussi, un créatif. «Même si on dit que c'est lui le businessman et moi le créatif cela ne veut pas dire que Nabil n'est pas créatif, au contraire, il a des idées magnifiques et il fait preuve d'une grande créativité», souligne Ghazi Karoui. L'entente est parfaite entre les deux frères. Aucune dispute n'a jamais assombri leur fraternité. «Nous sommes comme des jumeaux», lance Nabil et Ghazi de poursuivre : «Nous avons le même raisonnement et les mêmes réflexes». Cette symbiose vécue au jour le jour et la complicité des deux frères sont une conséquence de leur éducation. «Etant donné que nous avons un an de différence, nos parents voulaient qu'on fasse tout de la même manière et ils nous ont appris à être solidaires sans être jaloux», confie Ghazi Karoui. Depuis leur plus tendre enfance, les deux frères s'habillent de la même manière. «Nos parents nous achetaient les mêmes paires de chaussures,  les mêmes vêtements comme ils le feraient pour des jumeaux», ajoute le cadet. Nés à Bizerte dans une famille de la petite bourgeoisie, ils ont grandi à Tunis, leurs chemins vont se séparer quelque temps. Après leur bac à Marseille, Nabil entre à Sup de Co de la cité phocéenne et intègre  Xerox. Entretemps, Ghazi ira trente kilomètres plus loin, à Aix-en-Provence, pour suivre les cours d'un IUT de communication; il se rend ensuite à Paris où il passe un doctorat de troisième cycle. Mais si Nabil, son frère, reste toujours dans la même entreprise, Ghazi va intégrer l'agence de publicité de Jacques Séguéla (EuroRSCG). Si les deux frères sont dans le monde de la com et de la pub, Nabil l'aîné va entrer dans celui de la télévision. Au début des années 90, il revient en Tunisie, intègre le groupe allemand Henkel et participe aux premiers pas de Canal Horizon Tunisie, la filiale tunisienne de la chaîne cryptée dont il devient directeur commercial. Quelque temps plus tard, Ghazi, ne supportant plus d'être loin de son «jumeau», rejoint son frère dans leur Tunisie natale. A Tunis, Ghazi ouvre le bureau d'une multinationale américaine, Mc Cann. Ghazi se rappelle aujourd'hui la grande discipline des années durant lesquelles il a travaillé dans cette entreprise américaine. «J'étais très discipliné, je me tuais au travail et, au fur et à mesure, je me  rendais compte qu'on pouvait faire la même chose et pourquoi pas créer une entreprise qui bénéficierait de la même renommée qu'une société étrangère» déclare Ghazi Karoui d'un ton sûr avant d'ajouter, vexé : «les Occidentaux nous font toujours entendre un leitmotiv selon lequel de là d'où l'on vient on ne peut pas faire aussi bien qu'eux». Créer leur propre groupe était donc un défi. En 1996, les deux frères décident de voler de leurs propres ailes, fondent KNRG et deviennent les représentants exclusifs, au Maghreb, de l'agence anglaise, Saatchi & Saatchi. Relever le défi de travailler pour leur propre compte était une façon de prouver que même s'ils n'étaient ni Américains ni  Français ils pourraient être compétents et fonder un groupe international. «Les Occidentaux veulent toujours nous faire ressentir notre infériorité, mais on peut être meilleurs qu'eux même s'ils veulent qu'on garde toujours le statut de ceux qui subissent et non de ceux qui agissent», regrette Ghazi Karoui. Fonder  l'agence de communication KNRG, devenue, par la suite, Karoui and Karoui est un  rêve qui s'est réalisé. Pour le réaliser, Nabil Karoui déclare qu'il y a une seule recette : le travail. «Moi je ne crois pas à la chance, mais plutôt au travail, je suis profondément convaincu que la chance sourit aux audacieux»,  souligne-t-il. Un des collaborateurs, au Maroc, des Karoui  les qualifie d'ailleurs de véritables bourreaux du travail. «C'est simple, ils débarquent à 7 heures 30 du matin, au bureau, et ils n'en ressortent qu'à 23 heures», précise-t-il. Des «workaholics» convaincus et fiers de l'être. C'est la devise des frères Karoui. «On travaille 7 jours sur 7, du matin jusqu'au soir et pendant les fêtes, on est toujours en train de travailler», relève Ghazi Karoui. Son frère, Nabil, renchérit : «J'aime tellement ce que je fais que je ne ressens même pas la fatigue, bien que je travaille sans arrêt». «Oui, c'est vrai, mon frère a raison, nous avons la chance aussi de faire un métier d'image» ajoute le cadet. «Ce sont des gens très pressés, parfois Nabil regrette de ne pas parler plus vite qu'il ne pense», témoigne un de leurs collaborateurs. Ghazi, lui est insomniaque et s'y adapte : «Je dors quatre heures par jour, au début, cela me stressait beaucoup mais lorsque j'ai su qu'il y avait des gens qui n'ont pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil, j'ai découvert que c'était quelque chose de normal et j'ai appris à vivre avec l'insomnie». En quelque sorte, l'insomnie lui permet de rattraper le temps perdu dans le divertissement : «Pendant les six heures que je ne dors pas, je regarde des films,  je lis ou j'écoute de la musique». Ghazi Karoui s'intéresse actuellement aux auteurs asiatiques. «Je suis sur deux livres en ce moment, «Le bonheur selon Confucius» et «L'Art de la guerre» d'un général chinois du 13e siècle». Côté cinéma, Ghazi dit préférer regarder les séries TV comme «Damage» ou «Desperate Housewives». «Je n'arrive pas à rester longtemps dans l'obscurité d'une salle de cinéma, il m'arrive de regarder des films, en plus des séries, mais je les regarde en DVD chez moi», indique-t-il. L'insomnie, son frère Nabil ne la connaît pas. Il peut regarder un film dont la durée dépasse les 2H40 comme le célèbre et dernier James Cameron «Avatar». «Le dernier film qui m'a impressionné, je l'ai vu avec mon fils, c'est «Avatar», je l'ai regardé en 3D, c'était magnifique». Au Megarama à Casablanca ? «Non, nous sommes allés le voir à Eurodisney».  Hyperactifs, comment arrivent-ils à concilier travail et vie privée ? Nabil Karoui a un fils de 12 ans, Khalil, et une fille de 16 ans, Kenza. «C'est difficile mais j'essaie de leur consacrer du temps, pour qu'ils sentent que je suis à leurs côtés», reconnaît-il. Les dimanches ces deux enfants sont souvent les invités de Nessma TV : «Je les amène avec moi parfois le dimanche, ils sont aujourd'hui habitués à l'ambiance de la télévision et il leur arrive d'assister à des tournages». Ghazi a, lui aussi, deux enfants, mais il est divorcé, cependant il entretient avec eux des relations très étroites. Même s'ils ont accompli une partie de leur rêve à travers leur groupe et Nessma TV, les frères Karoui sont des éternels insatisfaits : «Nous allons continuer à prendre des risques, pour toujours faire mieux». Des risques, les Karoui en ont pris surtout lorsqu'ils ont commencé à diffuser Star Ac Maghreb, via la Tunisie et sans autorisation. «Nous étions obligés de le faire, il n'y a aucune loi sur les télévisions privées, on était couvert par le seul fait qu'on exportait des productions étrangères et qu'on diffusait sur Nessma, c'était légal, mais on avait peur car la diffusion se faisait à partir du sol tunisien et qu'on pouvait à tout moment arrêter nos programmes». Cette situation qualifiée d'explosive par Nabil Karoui va durer jusqu'en mars 2009. Nessma TV dans sa formule actuelle n'a démarré officiellement que le 20 mars 2009. Et le comble de l'histoire, c'est que c'est le président Zine El Abidine Ben Ali lui-même qui a autorisé cette chaîne lors du discours du 53e anniversaire de l'indépendance de la Tunisie. Il déclarera : «Dans le cadre de notre souci d'enrichir le paysage médiatique et culturel pluraliste, et d'encourager l'initiative privée en la matière, nous ordonnons, aujourd'hui, le démarrage des émissions de la chaîne de télévision satellitaire généraliste, Nesma TV, dans le droit fil de la nécessité, aujourd'hui, de faire face à la concurrence médiatique nationale et mondiale, d'élargir les aires de participation et de créativité devant les promoteurs d'initiatives, d'assurer un surcroît de liberté, de diversité et d'évolution en matière d'information, de satisfaire la pluralité des goûts et des penchants, et d'habiliter notre pays à s'adapter à la révolution médiatique mondiale». Cette déclaration du président reste gravée dans la mémoire des frères Karoui. «C'est une fierté pour nous», lance Nabil Karoui. Pourtant le discours de Ben Ali  sonne aussi comme une menace : « Nous appelons à la nécessité du respect des règles déontologiques de la profession, de la loi et de l'honneur et de la réputation des personnes, de même qu'à l'observance de l'impératif d'inviolabilité de l'intégrité des institutions et des instances administratives, professionnelles, sociales et judiciaires, et à la nécessité de faire en sorte que le contact avec les préoccupations des citoyens soit fondé sur la franchise et la sincérité dans la présentation des idées et des attitudes, afin d'aider à la réparation des erreurs et des abus, au moyen d'une critique objective, qui unit au lieu de désunir, construit au lieu de démolir, et corrige au lieu de détériorer». Dans Unir au lieu de se désunir, les frères Karoui partagent l'avis de leur président. «De toutes les manières cela ne nous intéresse pas de polémiquer, nous préférons rassembler au lieu de désunir», rassure Nabil Karoui. Avec cette vision, les frères ne risquent pas de fâcher le successeur de Bourguiba.


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