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L'enjeu de la finance islamique
Publié dans Le Soir Echos le 07 - 02 - 2011

Le Maroc pourrait devenir un hub régional de la finance islamique, si toutefois il affiche clairement ses ambitions dans ce domaine.
La maturité de son système bancaire, son positionnement, sa stabilité en font un des pays les plus en vue dans la région pour capter une partie d'une épargne mondiale estimée à plus de 1.000 milliards de dollars.
Toutes les banques de la place se penchent sur le développeront de filiales opérant dans la finance islamique, ou ce que la réglementation bancaire nationale a communément appelé des sociétés offrant des produits alternatifs. L'affirmation est de Ali Alami Idrissi de Optima Finance Consulting, rapportée lors d'un workshop de la bourse de Casablanca sur la finance islamique. Une première expérience est déjà pilotée par Attijariwafa bank, à travers Dar Assafa, une banque installée récemment et qui développe les premières offres de ces produits sur la place marocaine. Dans le domaine de la gestion des fonds éthiques, Attijariwafa bank a été aussi précurseur avec son fonds Attijari Al Moucharaka (voir encadré).
Finance islamique ou produits alternatifs ?
«Il aurait été plus judicieux pour les autorités marocaines d'introduire carrément l'appellation de finance islamique au lieu de se limiter à celle de produits alternatifs», note pour sa part Norfadelizan bin Abdul Rahman, vice-président des marchés islamiques de la bourse malaisienne. Venu exposer l'expérience de la Malaisie, l'un des pays les plus avancés dans ce domaine, ce dernier estime que le Maroc, de par son positionnement, sa stabilité et le degré de développement de ses activités financières, peut devenir un acteur majeur de la finance islamique dans la région. «L'appellation finance islamique constitue un appel fort et clair en direction des épargnants de pays du Golfe», souligne le spécialiste malaisien. Comprendre que le fait de se limiter à l'appellation «produits alternatifs» crée une confusion chez la population cible de la finance islamique et pourrait exclure le Royaume de ce marché.
D'autant plus que le Maroc affiche des ambitions régionales en matière d'activités financières, avec son nouveau projet de hub Casa Finance City. Pour cela, Ali Alami Idrissi note que les acteurs locaux devraient simplement capitaliser sur l'expérience des pays les plus avancés dans le domaine, mais ne pas répliquer leur modèle : «Il faut partir des besoins et des contraintes des produits à offrir pour éviter leur islamisation», souligne-t-il.
L'expert attire l'attention sur la nécessité d'assurer dès aujourd'hui un ensemble de préalables pour accompagner l'éclosion de ce compartiment. Il insiste sur la mise en place de formations spécialisées dans le domaine ainsi que sur le développement de techniques de communication et de commercialisation adaptées. Les ressources humaines spécifiques, tels des experts en «charia» ou en risk management islamique, sont très rares.
1.000 milliards de dollars sous gestion
Il faut tout aussi se pencher sur la nécessité d'homogénéiser dès maintenant les normes comptables et créer un marché secondaire pour pallier à la faible liquidité des actifs des banques islamiques. L'implication des autorités publiques à ce niveau est fondamentale pour le développement de l'ISFI. «C'est une opportunité sérieuse pour la finance marocaine pour diversifier ses sources de financement et capter une épargne de plus en plus importante», indique Ali Alami Idrissi.
L'enjeu est de taille. Il existe en effet un fort potentiel de croissance dans le domaine des activités de la finance islamique. «Le monde musulman représente 25% de la population mondiale et 10% du PIB mondial», souligne Norfadelizan bin Abdul Rahman. Construire une offre alléchante et mettre en place un marché secondaire des produits est de nature à capter une partie importante de l'épargne de cette population, notamment dans les pays du Golfe, portée de plus en plus sur ce compartiment de la finance mondiale.
On recense déjà plus de 300 établissements dans 75 pays : banques islamiques ; établissements de leasing et factoring, de mudarabah, de microfinance islamique ; fonds d'investissement et fonds souverains ; compagnies d'assurance et de réassurance islamiques (takaful et re-takaful) ; marchés financiers islamiques et leurs intervenants en courtage et en investissement, telles les banques Citibank, Deutsche Bank, BNP, UBS, HSBC ou encore Morgan Stanley
A elles seules, les banques islamiques (hors fonds et compagnies d'assurances takaful et re-takaful) gèrent plus de 500 milliards de dollars d'épargne. Il y a encore 500 milliards de dollars gérés par plus de 500 fonds conformes à la charia. Plus de 250 compagnies takaful et re-takaful existent de par le monde. «A fin 2007, on évaluait la taille de l'ISFI à plus de 1.000 milliards de dollars», selon Ali Alami Idrissi, qui note que cette manne devait chiffrer en 2010 quelque 1.400 milliards de dollars et atteindre en 2015 les 2.800 milliards. Le secteur a enregistré une croissance annuelle moyenne supérieure à 15% sur les 5 dernières années, même si la crise l'a ralentie quelque peu.
De plus en plus de pays misent sur le développement de la finance islamique. Dans la course, les plus grandes places financières encouragent fortement la tendance et veulent devenir le centre de cette industrie. En tête de ce peloton, «Paris et Londres cherchent le leadership en finance islamique. L'objectif premier est de récupérer une partie de l'épargne des pays du Moyen-Orient», a expliqué Ali Alami Idrissi.
Au-delà, des experts voient dans ce pan de la finance une alternative sérieuse pour parer aux dérapages de la finance traditionnelle. Le regain d'intérêt s'explique notamment par les nombreuses faillites de grandes banques et institutions financières sur les trois dernières décennies ainsi que les enseignements tirés de la crise actuelle, qui remet en cause le business model de la finance conventionnelle.
Pourquoi cet intérêt pour la finance Islamique ?
En vue, le regain religieux de par le monde, notamment après le 11 septembre 2001. Une année qui a marqué le début d'une augmentation sans précédent des revenus pétroliers des pays du Golfe et enregistré l'initiation d'un rapatriement massif des capitaux musulmans après le 11 septembre. Les opportunités d'investissement au Moyen-Orient se sont ainsi multipliées, avec les grands chantiers d'infrastructure lancés ici ou là, et les Etats se dotent même de fonds d'investissement souverains (Abu Dhabi).
Aussi, assiste-t-on à «l'augmentation de l'épargne privée et publique de plusieurs pays émergents, qui sont passés de statut d'emprunteurs à celui de prêteurs de capitaux. Leur épargne publique s'améliore notamment avec les excédents budgétaires et les importantes réserves de devises constituées annuellement», note Ali Alami Idrissi.
Pour capter cette manne, les autorités de régulation occidentales, que ce soit au Royaume-Uni, en France ou au Canada, adaptent leur cadre réglementaire pour intégrer les acteurs de la finance islamique. Rien qu'au Royaume Uni, pas moins de cinq banques islamiques ont été agréées depuis 2004. En outre, il existe environ 20 banques conventionnelles disposant chacune de sa «fenêtre islamique» (islamic windows) pour les activités de retail, la HSBC et Lloyds TSB en tête. Londres compte également seize «sukuks» cotés sur son marché et qui totalisent quelque 11 milliards de dollars. Des sous-jacents financiers que plusieurs institutions occidentales lancent de plus en plus sur le marché pour se financer.
La finance islamique en quelques dates
1950: Apparition des premiers modèles théoriques d'économie islamique.
1960: Premiers services financiers basés sur les principes de la charia en Egypte et en Malaisie (En 1962, Tabung Haji – Malaisie, Mit Ghamr Savings Bank en 1963).
1970: Création des premières banques islamiques - Islamic Development Bank (1973), Dubai Islamic Bank (1975) - et 1re conférence d'économie islamique à La Mecque (1976). 1re compagnie de takaful (1979).
1980: Création de plusieurs banques islamiques dans différents pays. Iran, Pakistan et Soudan décident même de transformer leur système financier pour être conformes à la charia.
1990: Création de AAOIFI (Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions), organisation de la comptabilité et de l'audit pour les institutions financières islamiques, en 1991 et standardisation des normes. Harvard Islamic Finance Forum. Création du Dow Jones Islamic Index (1991) et du Financial Times Islamic index. Focalisation sur les problématiques de contrôle, régulation et législation.
2000: Innovation financière, ingénierie et apparition de produits alternatifs. Emission de sukuks (souveraines et corporate). Création de nombreuses associations et institutions, notamment : Islamic Financial Services Board (IFSB), Council for Islamic Banks and Financial Instituions, International Islamic Financial Market (IIFM)… u
Le fonds éthique d'Attijariwafa bank
Le fonds Attijari Al Moucharaka est investi uniquement en actions. Les excédents de cash momentanés ne sont pas placés en fonds monétaires (produits de taux). Il comprend uniquement des actions des secteurs industriel et commercial (matériaux de construction, agroalimentaire, mines technologies…). Sont ainsi exclues les actions d'établissements bancaires et de crédits à la consommation, d'assurances et de sociétés intervenant dans le secteur des boissons alcoolisées.
Les revenus des sociétés éligibles doivent provenir majoritairement de l'activité de la société et non des placements à revenus fixes. Un pourcentage minoritaire (maximum de 20%) peut être momentanément accepté si l'univers d'investissement ne permet pas d'avoir suffisamment de sociétés dont les revenus proviennent exclusivement de leur activité principale. En cas de dépassement, les valeurs concernées sont momentanément exclues du fonds.
Le fonds est suivi par un comité indépendant composé de personnalités disposant des compétences requises en matière de gestion de fonds alternatifs. Un comité d'investissement regroupe, quant à lui, les gestionnaires du fonds et les membres du comité éthique en vue de suivre la conformité de la stratégie d'investissement et de décider éventuellement de l'exclusion ou de la réintégration d'une valeur dans le fonds.


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