Les pays émergents tentent de plus en plus de trouver de nouvelles sources de financement au moindre coût afin d'assurer à leurs économies les moyens de se développer. La deuxième conférence annuelle sur le développement des marchés domestiques de la dette des économies émergentes (Gemloc), a eu le mérite de reposer le débat sur le sujet. Les besoins de financement des pays émergents ont connu ces dernières années une évolution importante. De fait, pour accompagner l'effort d'investissement et accroître leur capacité de réaliser des projets et des programmes, les économies émergentes se tournent de plus en plus vers la diversification des sources de financement et portent leurs intérêts vers les investisseurs internationaux. Cependant, attirer des investisseurs étrangers n'est pas chose aisée. En effet, ces économies doivent remplir une multitude de critères. Les fondamentaux doivent d'abord s'inscrire dans une tendance longue, les stratégies doivent être claires et les projets murs. Bref, le climat des affaires doit être attrayant sur les plans politique, économique et social. En réalité, c'est vers ce genre d'économie que les capitaux internationaux s'orientent. La deuxième conférence annuelle sur le développement des marchés domestiques de la dette des économies émergentes (Gemloc), a eu le mérite de reposer le débat sur des questions aussi importantes que les dettes publiques et la recherche de nouvelles stratégies de financement des trésors publics. La séance d'ouverture de cette conférence qui a eu lieu hier à Rabat, a été co-présidé par Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des Finances et Janamitra Devan vice-président de la Banque mondiale, chargé du développement des secteurs privés et financier. En plus des experts de la banque mondiale, une vingtaine de pays émergents d'Europe, d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie ainsi que des fonds d'investissements internationaux ont participé à cette conférence. Gemloc est un programme lancé par la Banque mondiale, avec l'objectif de faire bénéficier les pays émergents de l'assistance technique pour le développement des marchés intérieurs de la dette. Cette conférence co-organisée par la Banque mondiale et le ministère de l'Economie et des Finances, permet le partage d'expériences entre les différents pays émergents, en matière de développement des marchés de la dette domestique, et permet la présentation des potentialités de l'économie marocaine aux investisseurs institutionnels. En effet, dans son allocution d'ouverture de la conférence, Salaheddine Mezouar a tenu à souligner que cette rencontre s'inscrivait parfaitement dans les choix stratégiques du Maroc axés sur la libéralisation, l'ouverture et l'ancrage de l'économie marocaine à l'économie mondiale. Lancé par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) (faisant partie du groupe de la banque mondiale) en collaboration avec un partenaire privé, GEMLOC est un fonds obligataire en devises locales pour les marchés émergents. Selon Alison Harwood, Manager, securities Market Group de la banque mondiale, « ce fonds fait partie d'un programme en trois volets, qui inclut également un indice appelé « Global Emerging Markets Bond Index (Gemx) », créé conjointement avec l'IFC. Cet indice permet non seulement d'apprécier la taille du marché, mais également les risques associés aux pays où investira le Gemloc, à savoir les variables telles que les régimes fiscaux et de réglementation ainsi que les règles d'accès aux marchés ». L'IFC a fait ses preuves dans ce domaine en lançant le premier indice boursier des marchés émergents vingt ans auparavant. « « L'objectif n'est pas seulement de fournir des points de référence aux investisseurs, mais également d'encourager les pays partenaires de la Banque mondiale à faire leur possible pour attirer les investisseurs », a ajouté Alison Harwood. Le troisième volet de ce programme consiste en une assistance technique fournie par la Banque pour aider les pays à développer des marchés d'obligations en devises nationales plus attrayants. Ainsi, le Gemloc fait partie de la stratégie de la Banque mondiale visant à développer des produits financiers innovateurs, qui correspondent aux besoins spécifiques des pays. Au vu de la performance historique des marchés d'obligations en devises locales au cours des 10 dernières années, le Groupe de la Banque mise sur le potentiel important encore inexploité de ces marchés. Enfin, le Gemloc, en regroupant des marchés ayant atteint des niveaux de développement différents et en permet à des marchés plus petits de bénéficier de leur inclusion à un fonds constitué de marchés plus développés. Cette stratégie d'ouverture s'est reflétée à travers la conclusion de plusieurs accords de libre-échange, de protection des investissements étrangers et de non double imposition. Dans le même sens, le Maroc a poursuivi une politique d'assouplissement de sa réglementation des changes qui s'est caractérisée notamment par une libéralisation totale des opérations de capital effectuées par les non résidents ainsi qu'une libéralisation des placements et des investissements directs marocains à l'étranger. Le ministre a mis l'accent sur la croissance économique enregistrée par le Maroc durant la dernière décennie qui a été marquée par une diversification de l'économie et l'émergence de secteurs à fort potentiel. Ces résultats ont été réalisés dans un cadre macroéconomique stable et maîtrisé et ont valu au Maroc la reconnaissance de la communauté financière internationale. Cette reconnaissance s'est, en effet, traduite par l'octroi, au Maroc, de « l'investment grade » par l'agence standard & Poor's au mois d mars 2010, dans un contexte international dominé par le conservatisme des agences de notation et la rétrogradation de la notation de plusieurs pays. De même, l'agence Fitch rating a confirmé, en février 2011, le niveau investment grade octroyé au Maroc en 2007. Le ministre a ajouté qu'en outre, les investisseurs internationaux ont exprimé leur confiance dans les potentialités de l'économie marocaine à l'occasion de la sortie du Maroc sur le marché financier international, au mois de septembre 2010. En effet, cette sortie a «connu une souscription de 2,5 fois avec une prime de 200 points de base au dessus des swaps ; soit nettement mieux que pour des pays à niveau de développement comparable ou plus élevé », a précisé le ministre. Sur le plan du secteur financier, Mezouar a mis en exergue les réformes entreprises qui ont permis au Maroc de disposer d'un système financier robuste et performant et de mettre à la disposition de l'économie des moyens de financement à meilleures conditions. Concernant ce secteur, il est prévu notamment le lancement du projet de la place financière de Casablanca, «Casablanca finance city», qui vise à positionner la ville comme un centre financier régional. Le cadre juridique nécessaire à la création du statut CFC a été mis en place, et la société « Moroccan Financial Board», chargée notamment de la gestion et de la promotion institutionnelle de cette place, a d'ores et déjà démarré son activité », a-t-il précisé. En effet, grâce à ces réformes et stratégies, le Maroc ambitionne de revoir son positionnement au sein de l'économie mondiale en tant que hub régional aux portes de l'Afrique et à quelques kilomètres seulement de l'Europe. Pour ce qui est du financement du Trésor, il a souligné que la modernisation du marché de la dette domestique, menée depuis vingt ans et guidée pas les objectifs d'efficience de liquidité de sécurité et de transparence, a permis au Maroc de disposer d'un marché efficient et efficace, qui est devenu la principale source de financement du Trésor.