Auteur de BD désopilantes et corrosives, incrustées de dessins bruts et synthétiques et de textes d'une rare finesse, Riad Sattouf est un maître-artisan du neuvième art. Converti au cinéma depuis 2010 avec le primé Les Beaux Gosses, il sera bientôt aux commandes du long-métrage Les infidèles, prévu pour février 2012. Le neuvième art est son cheval de bataille, et la jeunesse en mal d'identité son thème de prédilection. Sur fond d'histoires de jeunes acnéiques et maladroits, ses BD s'entourent de personnages déjantés et représentatifs, oscillant entre jeunes et anti-jeunes. Ses dessins et ses textes hilarants retracent souvent une réalité brouillée, une critique acidulée de la bêtise environnante, de la violence verbale et d'une certaine pathologie scociale. Corrosif et brut, il se complaît à sonder la peur et l'angoisse et prend un malin plaisir à fustiger la mièvrerie contemporaine, où l'autodérision est constamment en toile de fond. Diplômé de la prestigieuse école des «Gobelins», le Franco-Syrien Riad Sattouf a de l'humour à revendre, et des idées à la pelle. Bédéiste, il est également cinéaste confirmé. Primé du César du meilleur premier film avec Les Beaux gosses en 2010, il prépare aujourd'hui son prochain long métrage sur l'infidélité des hommes, aux côtés d'autres figures clés du cinéma français. Il sera l'un des réalisateurs du film à sketches Les infidèles, prévu pour février 2012, aux côtés de Jean Dujardin, Guillaume Canet, Nicole Garcia, Fred Cavayé, Eric Lartigau et Gilles Lellouche. Chroniqueur à Charlie Hebdo, ce fin analyste a réussi à réaliser des Bd tonitruantes tirées de ses planches à succès. Dans les Pauvres aventures de Jérémie, son personnage fétiche, il dresse le portrait d'un ado au parcours sentimental instable. Non content de s'approprier brillamment les codes, les conflits et le langage des jeunes, Riad Sattouf place tout le monde dans le collimateur et décrit ce qu'il voit, sans ambages. La série, initiée avec «Les jolis pieds de Florence», s'insurge contre l'idéologie des banlieues et s'érige en satire sociale hilarante. Dans Manuel du puceau et «Retour au Collège», son penchant pour les anti-ados et les jeunes losers sociaux s'affirme. Il est le chroniqueur des laissés-pour-compte. Dans Retour au collège, il s'immerge dans un collège des beaux quartiers pour fustiger la jeunesse formatée, les collèges embourgeoisés, le culte des fringués et le conservatisme ambiant. En 2010, après Les Beaux Gosses, naît La vie secrète des jeunes, recueil de ses planches publié en strip dans Charlie Hebdo entre 2007 et 2010. Adaptée récemment à la télévision, la série décapante est un véritable succès sur Canal Plus. Bloc-notes des tendances ados, entre fast-food, métro parisien, cours de récré, terrasses de café et bus scolaire, la série décrypte les jeunes angoissés boutonneux, les prenant sur le vif. Capitalisant sur ses anciens scénarios tentaculaires, Sattouf passe au crible également adultes, vieux, bobos et bourgeois avérés, un peu à la manière de Marcène Lucet ou Brèves de Comptoir, ou la série Les Lascars. Dans Pascal Brutal, paru dans «Fluide glacial» et édité en 3 albums, Riad Sattouf se projette dans une France future devenue un pays ultra-libéral présidé par Alain Madelin. Il y décrypte les pérégrinations d'un héros tout en muscles, un ultra-viril sensible, qui prône férocement la liberté individuelle, et prouve qu'il n'y a rien de mieux que d'anticiper le futur pour égratigner les bouffonneries de l'époque. S'éloignant de ses anti-héros anxieux, il dresse le portrait d'un macho monumental aux muscles saillants, et au sex appeal flamboyant, caricatural à souhait, flanqué d'une gourmette, baskets et petit bouc bien taillé. Comme à son accoutumée, Sattouf se moque de la conjoncture actuelle et s'immerge dans une tendance satirique mordante. Certains mêmes lui reprochent cette dérision excessive et cette mini-discrimination sur fond de manifeste sociétal. Sacré spécialiste de la jeunesse angoissée, Sattouf passe à la vitesse supérieure et se glisse habilement dans la peau de metteur en scène. En 2009, il réalise Les Beaux Gosses et rafle le césars du meilleur film. Enfin graphiste et scénariste , il multiplie les situations cocasses et les répliques grotesques, et crée la surprise tant au box office que dans les coulisses bling bling de Cannes, récoltant un succès phénoménal. Il faut dire que Les Beaux gosses est un film d'ados pas comme les autres. Même si l'ado est, tel qu'on le connaît, tâtonnant et mal dans sa peau, l'approche est délicieusement loufoque et inimitable. Censuré avant diffusion, le film s'est fait mutiler maintes fois. Chose qui n'ébranle pas notre probant bédéiste, mais l'amuse. Pour lui, c'est une preuve de plus de la précarité ambiante. Et de la justesse de ce qu'il réalise.