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« Un don de vue, c'est un don de vie »
Publié dans Le Soir Echos le 13 - 09 - 2011

La première greffe de cornée vient d'être effectuée mercredi dernier au CHU Mohammed VI de Marrakech. Le Pr Abdeljalil Moutaouakil, chef du service ophtalmologie qui a réalisé l'intervention chirurgicale avec son équipe, nous en dit plus sur ce type d'interventions et sur la nécessité du don de cornées.
Vous venez de réaliser une greffe de cornée à partir d'un donneur mort marocain. Aucune intervention de ce type n'avait été réalisée auparavant ?
Contrairement à ce que certains croient, la greffe de cornée réalisée à partir d'un donneur mort ne date pas d'hier au Maroc, puisqu'elle est réalisée depuis 2009. Avant, elle n'était pratiquée qu'à l'hôpital Cheikh Zaïd de Rabat. Puis, une convention a été signée entre le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Marrakech et les autres CHU du pays, avec les Etats-Unis. A partir de cette date, les cornées ont été importées, et tous les CHU étaient ainsi dépendants de greffons en provenance des Etats-Unis. Jusqu'à la semaine dernière, 80 greffes de cornée avaient donc déjà été réalisées au Maroc à partir de donneurs morts.
Quelle a donc été la nouveauté mercredi dernier ?
L'opération est la première du genre réalisée à Marrakech, et troisième du genre au Maroc. (Deux à Casablanca); cette fois-ci, le donneur était local. Deux patients malvoyants, âgés respectivement de 17 et 21 ans, ont pu recevoir une greffe de cornée d'une patiente marocaine âgée de 21 ans, qui était en mort cérébrale. En effet, sur chaque donneur, on prélève ses deux cornées, ce qui bénéficie au final à deux patients. Avant, on recevait beaucoup de refus, mais cette famille a accepté que leur fille soit donneuse.
Comment avez-vous réussi à les convaincre ?
En temps normal, une équipe de réanimation parle à la famille quand le patient arrive au stade terminal. Mais en général, il ne faut pas espérer grand- chose. Dans ce cas précis, je me suis déplacé personnellement chez la famille pour lui exposer les possibilités. Ils furent tout d'abord choqués ! Mais je leur ai expliqué qu'après le prélèvement, on réalise une reconstitution de l'œil, comme il était avant. Ils sont partis chez eux rassurés. A leur retour, ils avaient vu un «fqih » qui leur a déconseillé de faire le don. Il avait annulé tous nos efforts.
Comme l'a qualifiée le Pr Abdeljalil Moutaouakil, la cornée est «le pare-brise de l'œil». C'est en effet une membrane transparente qui recouvre l'œil, et qui peut devenir opaque suite à une maladie ou à un accident. Cette opacité trouble la vision, et peut même entraîner la cécité dans certains cas. Le seul traitement efficace qui a été trouvé est la greffe, qui permet de rétablir une bonne acuité visuelle et supprime les douleurs souvent provoquées par les lésions cornéennes. La cornée étant peu vascularisée, le risque de rejet est réduit. Les règles habituelles de compatibilité sanguine n'ont pas besoin d'être respectées pour ce type de greffe. En somme, tous les donneurs sont compatibles !
Pourquoi les Marocains sont-ils frileux à l'idée de faire don de leurs organes, et en particulier de leurs cornées ?
La religion joue, mais l'aspect culturel aussi. La majorité des gens veulent que leurs proches partent «complets». On cherche à leur expliquer que la cornée, c'est «le pare-brise de l'œil». On n'enlève donc pas l'œil. Et on les rassure en leur expliquant que ce don est une grande preuve de générosité, qui va améliorer la vie d'un patient durant plusieurs années. Cette famille a fini par accepter, et la jeune donneuse décédée a pu donner ses cornées. Nous les avons greffées 48 heures après, après avoir reçu les résultats sérologiques qui ont prouvé que les cornées n'étaient pas infectées.
Qu'en est-il de la banque des yeux et de tissus osseux qui devait ouvrir ses portes à Marrakech ?
Lorsque nous avons contacté les Américains (vision share) en 2009, ils ont commencé à nous envoyer des cornées, mais nous ont également aidés à développer une banque des yeux locale. Ce sera la première au Maroc. Aujourd'hui, elle est prête (congélateurs installés, salle stérile opérationnelle,…). Elle devrait ouvrir ses portes vers le 20 septembre, ou au plus tard vers à la fin du mois. Nous n'avons pas eu beaucoup de dons jusqu'à présent, mais nous espérons que la générosité des Marocains s'accentuera. Un don de cornée, c'est un don de vue. Et un don de vue, c'est un don de vie.
Justement, si un Marocain veut être donneur, que doit-il faire ?
C'est la loi 98-00 qui régit tous les aspects légaux de ce type de prélèvements. Un registre existe actuellement dans les tribunaux de première instance, sur lequel les Marocains peuvent s'inscrire. Ceci se fait au niveau du tribunal pour verrouiller les dons d'organes et éviter ainsi les trafics ou autres. Mais cette procédure est assez compliquée et n'encourage pas les Marocains de s'inscrire sur ce registre. Ceci dit, même sans cette procédure, nous pourrions déjà prélever des organes sur les cadavres qui meurent dans nos hôpitaux. Mais il faut que la population le sache ! Le prélèvement qui a été effectué mercredi dernier est important parce que c'est la première fois qu'une famille donne son accord pour la greffe. Or un don local représente une économie énorme, puisque les yeux importés coûtent 12.000 dirhams à l'hôpital, alors que l'opération de mercredi dernier n'a coûté que 300 dirhams, soit les frais d'hospitalisation. Un don est gratuit par définition, et il doit le rester. Sans cécité, le patient peut travailler, se marier, vivre normalement. Le bénéfice est énorme, d'autant plus que dans 95% des cas, ces dons entraînent des résultats positifs. Il faut sensibiliser les Marocains sur le don d'organes !


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