La Chambre des représentants tient lundi une séance plénière pour le parachèvement de la composition de ses organes    Sahara : les positions constantes et positives du Libéria consolident les relations bilatérales, se félicite Nasser Bourita    Dysfonctionnements des aéroports : Abdeljalil apporte des éclaircissements    Programme SMART Tourisme : les projets d'animation et de loisirs en tête    Ressources naturelles : l'eau, l'éternel défi    RAM et Safran renforcent leur partenariat dans la maintenance des moteurs d'avion    Alerte météorologique: l'ADM appelle à la vigilance sur l'axe autoroutier Meknès-Oujda    Henley & Partners : le Maroc dans le Top 5 d'Afrique en nombre de milliardaires    Conférence régionale de la FAO pour l'Afrique : la sécurité alimentaire cristallise le débat    Les reponsables du RSB refusent de masquer la carte du Maroc    CAN futsal : le Maroc affronte la Libye pour valider sa qualification au Mondial et accéder à la finale    Fortes averses parfois orageuses et fortes rafales de vent samedi dans plusieurs provinces (bulletin d'alerte)    Transparence et accès à l'information, valeurs cardinales entreliées, dit Omar Seghrouchni    Fès: cinq interpellations pour escroquerie contre des candidats à la migration et traite d'êtres humains    Salon du livre : 743 exposants de 48 pays attendus, l'Unesco invitée d'honneur    A Washington, Mme Fettah met en avant les réformes engagées au Maroc sous le leadership de SM le Roi    Les entreprises portugaises veulent profiter du Mondial 2030 pour investir le marché marocain    Migration: la conférence régionale de l'Afrique du Nord salue l'engagement fort de Sa Majesté le Roi dans la mise en œuvre de l'Agenda Africain*    Décès de l'artiste égyptien salah saadani    Parlement : Noureddine Mediane déchu de la présidence du groupe Istiqlal    Fortes averses : les usagers des routes appelés à faire preuve de prudence    Russie: Un bombardier stratégique s'écrase dans le sud    Capacité future à épargner : perception pessimiste des ménages    La Fondation BMCI, en partenariat avec la Galerie 38, lance l'exposition « Vogue »    CAN Futsal : Une demie-finale pour les Lions de l'Atlas aux enjeux mondialistiques    Décès de l'acteur égyptien Salah El-Saadany    Coupe du Trône / Mise à jour des 16es de la Coupe du Trône: La date du choc RSB-FAR dévoilée    Un missile israélien frappe l'Iran, selon des responsables américains (Médias)    Tunisie: Deux terroristes arrêtés à la frontière avec l'Algérie    Marché britannique/ Conseilsau voyage : plus de peur que de mal    Burundi. Les inondations déplacement 100.000 personnes    Lancement du Centre Targant, nouvelle vitrine de l'écosystème de l'arganier à Taghazout Bay (VIDEO)    Aviation civile : l'industrie des aéronefs se structure    L'Afrique du Sud ne répond pas aux exigences de la Convention relative au statut des réfugiés    Données personnelles : la CMR adhère au programme « Data Tika » de la CNDP    OM : Azzedine Ounahi se rapproche de l'Arabie Saoudite    La Croisée des Chemins et l'héritage d'Abdelkader Retnani    Réguler la distribution pour surmonter la crise de l'édition    L'Ecriture et le Temps : Une réflexion au cœur du Salon Maghrébin du Livre    Météo: les températures en baisse ce vendredi 19 avril    Harit et Ounahi rejoignent Adli en demi-finales de ligue Europa    Hémophilie au Maroc : 3000 cas, 17 centres spécialisés, nouveaux partenariats...Zoom sur la riposte marocaine    Le Sommet Corée-Afrique au cœur d'une réunion entre Nasser Bourita et la vice-ministre coréenne des AE    Europa Conférence League / Quarts de finale : El Kaâbi et El Arabi également en demi-finale !    CAN Futsal Maroc 24 / Demi-finales , aujourd'hui: Matchs ? Horaires ? Chaînes ?    La SNRT forme des étudiants aux métiers de la réalisation et la scénographie    Le baron de la drogue, Taghi, fait fuir la princesse héritière néerlandaise    Nador : mise en échec d'une tentative de trafic de 116.605 comprimés psychotropes    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



A la rencontre des femmes du « Moukef »
Publié dans Le Soir Echos le 18 - 01 - 2012

Postées aux alentours du marché central du quartier Agdal de Rabat, plusieurs femmes attendent chaque matin que la chance leur sourit. Qu'une voiture s'arrête pour les engager, le temps d'une journée, en tant que femme de ménage. Le Soir échos est allé à leur rencontre.
Il est 8h30. L'allée faisant face au marché central du quartier Agdal est presquedéserte. On s'active peu à peu, même si les gestes des commerçants sont encore lents. L'hiver n'est pas étranger à ce manque de vivacité ambiant.En passant par là, il est difficile de ne pas les remarquer. Quelques groupes de femmes en djellaba se tiennent à l'intersection de chaque rue. Seules, ou en groupes de deux ou quatre, elles discutent. Pour faire passer des minutes qui leur paraissent souvent longues. Lorsqu'une voiture passe à leur hauteur, elles font un geste à l'automobiliste, mimant une main qui essuie. « Je peux faire le ménage », disent-elles par ce geste. Les voitures ne ralentissent pas et poursuivent leur route.
Peur de la shouha
En nous rapprochant du premier groupe de femmes, le rejet est immédiat. « Je n'ai rien à dire , c'est la première fois que je viens ici, je ne veux pas d'histoires, mes enfants ne savent pas que je viens ici ». Le mot « shouha » (honte) est vite lancé, et même une promesse d'anonymat n'y fait rien. Elles cachent leur visage par peur de la présence d'une caméra cachée. On comprendra plus tard les raisons de cette méfiance. Bienvenue au Moukef, marché informel des femmes de ménage ! Khadija, une solitaire occupant un coin stratégique en face du marché central, semble plus sereine. Elle nous tend un bout de carton pour nous inviter sur son bout de trottoir. Cela fait dix ans qu'elle tente sa chance ici. « Mon mari est retraité et ne perçoit que 1.500 dirhams par mois. Mes deux enfants ne travaillent pas. Si je viens ici, c'est pour qu'ils n'aient pas à venir chercher du travail dans la rue comme je le fais depuis toutes ces années ». Khadija s'est réveillée à 5 heures du matin, et a dû prendre quatre bus avant d'arriver ici. « Je vis à Kariat Ba Moussa, et il arrive que tout mon argent parte dans le transport et dans le petit déjeuner que je m'offre en arrivant. Avant que je ne reparte bredouille chez moi le soir ».Ici, tout est une question de chance. Ces femmes espèrent que quelqu'un s'arrête pour louer leurs services. Celles du Moukef travaillent souvent pour la journée. Certaines, plus chanceuses, arrivent à se constituer un carnet d'adresses, avec des habitués.
Une question de feeling
Mais comment reconnaître le client honnête du client véreux ? « C'est une question de flair », nous lance Khadija. « Hier, un homme s'est arrêté ici. Et c'était évident qu'il ne cherchait pas une femme de ménage ». Le bruit court que le besoin d'argent pousse certaines d'entre elles à monter avec des hommes, acceptant de faire autre chose que le ménage…Aïcha, elle, ne peut s'empêcher de constater que le flair ne suffit pas. Cela fait 14 ans qu'elle propose ses services dans le coin. « Même quand on pense être montée dans la voiture d'une personne honnête, il est possible de se faire avoir ». Elle se souvient d'une cliente à qui on aurait donné le bon Dieu sans confession. « Elle m'a emmené dans sa maison à Hay Riad. Je l'ai nettoyé de fond en comble. Lessive, vaisselle, cuisine, matelas,…Tout y est passé. A la fin de la journée, elle m'a chassé de chez elle sans me donner le sou ». La malhonnêteté n'a pas de visage. Se tenant à l'écart, une vieille femme, assise sur une caisse en bois, fixe le café au lait qui lui réchauffe les mains. Mina est la doyenne du coin. « Cela fait vingt ans que je travaille ici. A chaque jour son lot de surprises », nous lance-t-elle avec un sourire éteint. Mina est veuve. Ses quatre enfants tentent de l'aider tant bien que mal, mais elle continue tout de même de venir ici.
La peur du Makhzen
Peu à peu, les langues se délient et la confiance commence à s'établir avec les femmes du Moukef. Elles nous avouent craindre les descentes de police. « Il arrive, de temps en temps, que des fourgonnettes viennent ici pour nous embarquer », nous raconte Khadija. « On vient juste pour travailler, qu'est-ce qu'ils veulent de nous ? » s'exclame-t-elle.D'autres évoqueront la triste destination de ces fourgonnettes. « Ils nous emmènent dans le centre social de Aïn Atiq, comme si nous étions des mendiantes ou des aliénées », se désole avec colère l'une de ces femmes. Il arrive même que l'on fasse preuve de subterfuges pour les mener vers la fourgonnette tant redoutée. « Une fois, une femme s'est fait passer pour une cliente, et a prétendu avoir besoin d'une femme de ménage. Sauf qu'une fois à l'écart, elle a saisi sa victime par le bras pour l'introduire de force dans la fourgonnette », se rappelle Aïcha, qui a assisté à la scène. A la fin de la journée, chacune reprend son sac et ses bus, ramenant son butin à sa famille, qui constitue souvent leur unique moyen de subsistance. Elles reviendront demain, et les jours qui suivent, embarquant avec elles une crainte mêlée d'espoir.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.