Portraitiste au trait vif et électron libre qui suit la course de l'Algérie contemporaine, depuis une décennie, à travers sa caméra qui joue au chat et à la souris avec l'univers des patients et des médecins de l'hôpital psychiatrique de Constantine, Aliénations (2004). Mais également, dans un reportage fouillé durant l'élection présidentielle de 2004, Le Grand jeu (2005), l'œuvre de Malek Bensamaïl est édité dans un coffret de 4 DVD, (INA Editions) : la Chine est encore loin, Aliénations , Le Grand Jeu , Des vacances malgré tout. 50 ans après l'indépendance, 10 ans après la décennie noire, cet auteur s'est définitivement imposé comme le plus important documentariste algérien. Cinéaste aux films chocs, il professe, multiplie, ausculte les sujets brûlants liés à son pays. Animé par la volonté farouche d'inscrire son cinéma dans la mémoire contemporaine, il a signé une dizaine de documentaires entre 1999 et 2010, évoquant tour à tour le pouvoir – Boudiaf, un espoir assassiné (1999), la société civile – Territoires (1996), la souffrance mentale – Aliénation (2004), l'institution scolaire – La Chine est encore loin (2008), le FLN, jusqu'à son dernier opus, Guerres secrètes du FLN en France qu'il a écrit et réalisé en 2010. Présenté en compétition officielle aux 23es Journées Cinématographiques de Carthage, il a été diffusé en septembre 2010 sur France 2. Ce dernier film documentaire d'une durée de 70 minutes, retrace l'histoire de cette guerre menée par le FLN sur le sol français, transportant pour la première fois dans l'Histoire une révolution populaire sur le sol du pays occupant. Ce volet historique méconnu du grand public français et algérien dévoile agents secrets, combattants sacrifiés au cœur du conflit entre le FLN et le MNA, Mouvement Nationaliste Algérien de Messali Hadj sur fond d'attentats, d'hommes de l'ombre, d'avocats et d'intellectuels menant à la fin d'une guerre de sept années et l'Indépendance d'une nation. « C'est l'œil qui pense, qui résiste » « Les institutions d'un pays reflètent un micro mouvement entre son peuple et lui : la vie d'un hôpital, d'une école, d'une campagne présidentielle doivent être évoquées. La caméra doit s'introduire partout, devenir les yeux du peuple. La politique a de plus, été importante dans l'histoire de l'Algérie. Et la caméra est un excellent moyen pour démocratiser l'image. Le documentaire est le baromètre de la démocratie. Il explore les arcanes d'un système afin de l'aider à se réformer. C'est l'œil qui pense, qui résiste… », souligne Malek Bensmaïl au Soir échos. Mes liens avec mon pays sont ceux « d'un enfant devenu certes, adulte mais qui entretient des rapports très forts avec le pays qui l'a vu naître et où il a grandi. Mon identité est en effet, nourrie de modernité et de tradition : j'ai un rapport apaisé au monde arabe et occidental. Le fait de vivre en France m'a amené à produire au sujet de l'Algérie, ce que ce pays n'aurait pu réaliser ces dernières années », assène-t-il. C'est toujours en observateur et témoin unique qu'il signe le poignant documentaire La Chine est encore loin, chronique de l'institution scolaire au cœur d'un village des Aurès, où il laisse respirer ses personnages. Le film obtient le prix spécial du jury au 14ème Festival International du Cinéma Méditerranéen de Tétouan et également le prix spécial du jury au Festival Les 3 continents de Nantes. « En terre d'islam, la Chine fait figure de terre symbolique. Ce titre m'a été inspiré par le hadith du Prophète qui dit : « Recherchez le savoir jusqu'en Chine, s'il le faut ! Mon sentiment à propos de ce titre est en fait, caustique, retranscrit en français et rapporté à l'esprit critique, il révèle un chemin manifestement long mais praticable. Les Chinois ont, quant à eux, parcouru le chemin inverse plus rapidement et ont même investi notre économie », précise-t-il.