« Être femme est une infirmité naturelle dont tout le monde s'accommode. Être homme est une illusion et une violence que tout justifie et privilégie. Être est simplement un défi. » Tahar Benjelloun dans «L'Enfant de sable». Si l'on s'en tient à l'hypothèse la moins pire dans l'affaire Amina, c'est-à-dire si l'on consent à croire que Mustapha Fellaq n'a pas violé ni séquestré Amina El Filali, et que comme le dit le ministre de la Justice, leur relation était consentie, alors on se trouve dans un usage habituel de l'article 475. Le mariage des protagonistes, pour couvrir le déshonneur de la famille de la fille mineure déflorée, – « Comme si notre honneur résidait dans l'hymen de nos filles » proclamaient ironiquement les banderoles des manifestants – et éviter au monsieur la peine prévue par la loi pour détournement de mineur et relation sexuelle hors mariage. Dans certains cas, cette solution est le moindre mal. Mais il ne faut pas se voiler la face. La fille ainsi déflorée, reste une source de honte pour sa propre famille et est considérée comme souillée par la famille du marié. Le mariage ainsi contracté s'est imposé aux deux familles, et le jeune couple le paiera d'une manière ou d'une autre. Si l'article 20 de la Moudawana nécessite beaucoup de courage politique, et un véritable changement social et des mentalités pour être réformé, l'article 475 du code pénal semble, quant à lui, réunir un certain consensus sur la nécessité de son abrogation. Politiquement, l'USFP et le PAM seraient disposés à déposer des projets de réforme en ce sens. Le RNI se déclare favorable à cette abrogation. L'Istiqlal préfère attendre une hypothétique concertation tandis que le PJD de la bouche de madame la ministre Bassima Hakkaoui déclare ne pas vouloir «imposer une loi à la société au risque d'autres problèmes sociaux.» La ministre PJD de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social déclare dans une interview accordée à nos confrères de «Actuel», en réponse à une question sur l'abrogation de l'article 475 du code pénal : «L'alinéa 2 de cet article, qui exonère de la peine celui qui épouse une mineure après l'avoir détournée, mérite un débat. Il faut une approche juridique, sociale et psychologique. On ne peut pas imposer une loi à la société au risque de favoriser d'autres problèmes sociaux.» L'article 475 a de beaux jours devant lui.