Tanger a récemment abrité une conférence internationale sur l'environnement et les conséquences des changements climatiques au Maroc. Plusieurs spécialistes de la question étaient présents à ce rendez-vous. La rareté des pluies va engendrer des effets considérables dans le secteur agricole. « Environnement et changement climatique au Maroc : diagnostic et perspectives ». C'est la thématique de la Conférence internationale qui a été récemment organisée dans la perle du Detroit. Elle a enregistré la participation de nombreuses personnalités qui s'activent dans le secteur de l'environnement. Les exposés ont porté sur différents sous-thèmes relatifs au secteur. D'emblée, les feux sont braqués sur l'impact des changements climatiques au niveau de l'agriculture. Rareté des pluies Les prévisions sont alarmantes : une diminution des précipitations de 14 % en 2030, 13 à 30 % en 2050, et 21 à 36 % en 2080. « Avec 85 % des terres agricoles qui ne sont pas irriguées, les rendements des principales cultures subissent des variations très importantes en raison de la forte variabilité des précipitations et une fréquence élevée des sécheresses […] La sécheresse de 2005 a diminué de moitié la production nationale céréalière. Le changement climatique va augmenter la probabilité de faibles ou d'absence de récoltes dans les zones de cultures pluviales où l'irrigation n'est pas présente pour atténuer les conditions climatiques défavorables », constate Mohamed Badraoui directeur de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Rabat. Cette rareté des pluies va engendrer des effets considérables dans le secteur agricole avec la chute de la productivité, singulièrement celle des cultures fluviales, et la perte de la fertilité des sols occasionnée par les érosions hydrique et éolienne. De même, certaines espèces comme le maïs, le tournesol, la fève ou encore l'olivier pourraient être affectées par la hausse des températures. L'heure semble grave. Des mesures s'imposent. D'où la volonté du ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime « d'intégrer la composante changement climatique dans les projets Pilier II du Plan Maroc Vert, en renforçant les capacités des petits agriculteurs pour l'adaptation au changement climatique à travers la dissémination des technologies appropriées qui ont été développées par la recherche agronomique nationale », déclare Badraoui. Gestion de l'eau L'agriculture et l'eau forment un couple indissociable. Au Maroc, d'importants efforts ont été déployés pour une bonne gestion des ressources hydrauliques. Cela s'est traduit par la construction de 130 grands barrages avec une capacité de stockage de 17 000 hectomètres cube. Des infrastructures qui favorisent l'accès à l'eau potable et qui constituent des remparts contre les inondations. Mais, à l'instar des cultures, les projections sur la disponibilité de la source de vie ne sont guère rassurantes. Selon Mokhtar Bzioui, consultant en gestion des ressources en eau et conseiller du président du Conseil mondial de l'Eau, près de 2 milliards de m3 (13 % de la demande en eau) pourraient manquer d'ici 2030. « Ces valeurs pourraient augmenter respectivement à 4 milliards de m3 et 40% avec la prise en compte de l'hypothèse de réduction de 30 % des ressources en eau due aux changements climatiques », renchérit-il. Les facteurs de cette baisse des volumes d'eau ont pour noms la pollution, particulièrement celle des eaux usées des centres urbains (180 millions de m3 d'eaux usées), les inondations, la surexploitation des nappes d'eau souterraine et la sécheresse. « Le Maroc se situe parmi les pays qui ont réussi leur gestion des ressources en eau, mais ce constat de réussite ne doit pas occulter les problèmes qui se posent pour ce développement, problèmes qui prendront des dimensions importantes, au risque de compromettre la durabilité dudit développement si des mesures ne sont pas prises à court délai pour leur trouver des solutions », prévient Mokhtar Bzioui. * Tweet * * *