Le Forum régional « Doing Business and beyond: Improving Competitiveness in the Arab World», tenu hier à Casablanca a été l'occasion de décliner aussi bien les opportunités que les contraintes qui pèsent sur le gouvernement Benkirane en matière d'amélioration du climat des affaires. Benkirane a promis d'opérer de véritables changements allant jusqu'à rompre avec les « mauvaises habitudes » genre, favoritisme ou encore clientélisme. Pour être plus compétitif, le Maroc ne devrait plus uniquement compter sur la demande interne en tant que locomotive de la croissance. À l'origine de ce message, Simon Gray, directeur du département MENA au sein de la banque mondiale, est on ne peut plus claire. C'était à l'occasion du Forum régional « Doing Business and beyond: Improving Competitiveness in the Arab World», tenu hier à Casablanca. Le haut cadre précise également que parmi les grands défis auxquels devraient faire face et d'urgence notre pays, figurent l'amélioration des dispositifs de soutien à l'export des biens mais aussi la réforme de l'administration. À lui seul ce grand chantier en dit long sur les contraintes qui pèsent sur le gouvernement Benkirane. Celui-là même l'a reconnu en promettant d'opérer de véritables changements allant jusqu'à rompre avec les « mauvaises habitudes » genre, favoritisme ou encore clientélisme. Joindre l'acte à la parole n'est pas aussi facile que le pense le chef du gouvernement. Lui même avoue d'ailleurs la persistance de facteurs de blocage comme l'accès au foncier. « Si j'avais accès au foncier je l'offrirai gratuitement aux investisseurs», lance-t-il. Au problème du foncier viennent s'ajouter moult freins tels l'accès au financement, le raccordement à l'électricité, l'infrastructure de base, le poids de la fiscalité, la corruption…ou encore la justice. Le système judiciaire s'avère encore incapable de résoudre dans les meilleurs délais les litiges entre entreprises ou particuliers, comme l'a relevé Augusto Lopez-Carlos, directeur du département analyse et indicateurs globaux à la banque mondiale. Deux défis pour le gouvernement Certes le Maroc avait avancé à grand pas sur les trois ou quatre dernières années , comme le prouve son classement au dernier rapport Doing Business2012. Pour mémoire, il a glissé du 115e rang en 2011 au 94e en 2012. Et il devrait encore conforter son positionnement lors du prochain rapport 2013, en ligne avec la série des réformes apportées dernièrement(loi sur la concurrence, délais de paiement, loi sur la S.A, marché publics…). Néanmoins, « il reste beaucoup à faire pour répondre aux besoins de croissance et absorber le chômage des jeunes », souligne Lopez-Carlos. Et là deux défis s'imposent au gouvernement aux dires de ce dernier: savoir réformer et surtout comment réformer. D'autant plus vrai que l'amélioration du climat des affaires ne s'est pas faite sentir au niveau de la répartition des fruits de la croissance. Et là encore réside un des points faibles du rapport Doing Business. Les experts de l'institution de Breton Woods l'avouent: « le lien n'est pas encore établi entre le rapport et la répartition des richesses ». L'exemple le plus éloquent à ce titre est l'Egypte. Le pays des pharaons est considéré d'ailleurs par les initiateurs du fameux rapport comme le pays le plus réformateur sur les quatre dernières années. Mais comment expliquer alors le fait que ce pays a été bouleversé par le séisme du Printemps arabe provoquant la chute de l'ancien président Hosni Moubarak et l'avènement fort probable au pouvoir des islamistes? « Personnellement j'ai été surpris », atteste Lopez-Carlos. Cette surprise informe sur l'esprit même du rapport Doing businness veillant surtout sur l'amélioration des indicateurs économiques plutôt que sur la révélation des paradoxes d'ordre social, politique voire même culturel. Sans parler de l'impact de la performance de ces indicateurs sur l'ensemble du territoire d'un pays. * Tweet * * *