À l'heure où les élèves s'apprêtent à entamer une nouvelle année scolaire, les parents qui les accompagnent à la librairie pour l'achat des manuels et autres fournitures, se souviennent avec nostalgie des livres qui ont marqué leur parcours scolaire tout au long des années des classes du primaire et du secondaire. Certains se remémorent des passages des livres culte «Al qiraa» et «Attilawa», d'autres se plaisent à décrire les pages du livre d'apprentissage de la langue de Molière «A grands pas». D'autres plus âgés, sont des enfants du premier manuel scolaire marocain post-indépendance «Ikraa». Signé feu Ahmed Boukmakh, cet ouvrage coloré a marqué pendant longtemps, plusieurs générations d'enfants, d'adolescents et même d'adultes dans leur quête d'apprentissage de la langue de Sibawayh. «Iqraa» offrait à cette génération un manuel scolaire ponctué par des BD en épisodes : «Youssoufou fil masrah», «Firqat al itfae»… Feu Ahmed Boukmakh avait réussi là où les actuels auteurs des livres scolaires ont échoué. Ses ouvrages répondaient autant au besoin d'apprendre qu'au plaisir de découvrir de nouvelles choses de la vie de tous les jours. Cet autodidacte tangérois a tendu virtuellement la main et éduqué opérationnellement toute une génération de Marocains et de Marocaines assoiffés de connaissance à une époque où l'accès au savoir était difficile, où les médias et les nouvelles technologies étaient peu développés. Ce fut un autre temps, celui où les années du primaire étaient magiques, uniques, singulières.