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« La croissance inclusive n'est pas une croissance pour les pauvres » | Le Soir-echos
Publié dans Le Soir Echos le 26 - 11 - 2012

Jean-Louis Reiffers, président du comité scientifique du FEMISE, est un spécialiste des questions économiques sur la région Euro-Méditerranée. De passage à Marrakech où le Forum Euro-Méditerranéen des Instituts de Sciences Economiques (FEMISE) a tenu les 23 et 24 novembre sa conférence annuelle sous le thème « Un développement inclusif dans les pays méditerranéens et le rôle du partenariat euroméditerranéen », il nous livre son analyse du monde arabe d'aujourd'hui et nous confie son appréciation sur la croissance inclusive et le rôle de la communauté internationale.
Jean-Louis Reiffers.
Avec le printemps arabe, deux concepts ont fortement émergé : la croissance inclusive et le développent inclusif. Quelle est la différence entre ces deux concepts ? Et pourquoi en parler maintenant ?
Les deux concepts sont relativement récents. On en parle aujourd'hui parce qu'on s'est aperçu- certes on le savait avant mais là, c'est plus poignant- que le taux de participation dans la vie active des jeunes et des femmes dans les pays arabes est des plus bas au monde. De même, le taux de chômage dans la tranche des diplômés est des plus élevés. Ce qui constitue une bombe à retardement. La croissance inclusive est définie comme une croissance qui fait participer, qui mobilise les facteurs de production, en particulier les territoires et la main d'œuvre. Car, parfois, on assiste à des phénomènes où, malgré un taux de croissance fort, le taux de chômage reste élevé rendant cette croissance non inclusive. Autrement dit, la participation à la création de cette croissance est faible ou, inversement, une croissance qui ne crée pas assez d'emploi. Quant à la différence entre la croissance inclusive et le développement inclusif, elle réside dans la classe de pays dont on parle. Ainsi la croissance inclusive concerne plutôt les pays développés tandis que le développement inclusif est lié aux pays en développement. Mais l'inclusivité demeure la même.
L'inclusivité est-elle synonyme d'équité sociale ?
L'inclusivité consiste à faire participer tout le monde à la croissance. Cependant la croissance inclusive n'est pas une croissance pour les pauvres. En effet, on peut avoir une croissance qui est favorable aux pauvres, c'est-à-dire qui permet de réduire le taux de pauvreté mais qui n'est pas inclusive. Tout simplement parce que la pauvreté peut être réduite par des mécanismes de redistribution. De plus, la croissance dans les pays en développement s'accompagne souvent par une augmentation des inégalités. Or, pour résoudre la problématique des inégalités, il faut que les habitants de ces pays trouvent un emploi. L'inclusivité va bien évidemment plus loin que l'emploi, mais en demeure l'élément central. Parce que sans inclusivité, les budgets de l'Etat ne permettront pas à tout un chacun d'avoir son logement, sa voiture, etc. Il faudra donc penser à une croissance qui permet à tous d'y contribuer, hommes, femmes et territoires. Afin d'y aboutir, il faudra construire un système suffisamment transparent à même de garantir une équité qui assurera cette participation de tous et qui permettra d'éradiquer bien évidemment les connivences. Et cette participation, élément important, se doit d'être équitable. Si vous augmentez la participation des jeunes et des femmes et que ceux-ci appartiennent uniquement à la classe moyenne et supérieure, ce n'est pas équitable. Mais delà à le mettre en pratique, il faut avoir une vision. En tout cas, selon ma vision des choses il faut aujourd'hui, dans un premier plan, que tout jeune puisse avoir accès à toutes les formes de culture, à toutes les formes de connaissance, à toutes les formes de qualification disponibles dans le monde entier. Sur un second plan, cette jeunesse doit avoir la possibilité de discuter librement de toutes les philosophies, comme à l'époque où le monde arabe était dominant à l'époque où Bagdad était le centre de la sagesse, quand on traduisait Aristote ou autres philosophes grecs, parce que les Arabes avaient confiance en eux. Quant au troisième plan, l'Etat doit s'engager à ce que cette jeunesse puisse accéder à toutes formes d'aventures créative, entrepreneuriale, scientifique, culturelle. Voilà ce qu'il faut dire à la jeunesse ! Et puis agir pour rendre tout cela possible en éradiquant la corruption. Il faut avoir une vision claire et un message à véhiculer car le danger aujourd'hui est que le monde arabe dispose d'une jeunesse désœuvrée qui a accès aux réseaux et à tout ce qui est disponible sur internet. Il faut qu'elle soit formée pour pouvoir faire le tri, qu'elle puisse maîtriser ce qu'elle va y trouver et l'analyser pour ne pas se faire manipuler. De plus, il faut lui offrir la possibilité d'être représentée dans les pouvoirs politiques, il faut arrêter de rêver. Si la jeunesse n'est pas représentée dans le champ politique, elle ne pourra pas faire entendre sa voix.
Le développement inclusif suppose l'implication de toutes les composantes de la société dans la création de richesse et valeur ajoutée.
Et si cet effort n'est pas entrepris, il y a un risque énorme que les revendications de la jeunesse soient confinées dans trois cercles vicieux.
Le premier enfermement concernera les revendications sur les mœurs, et là ça va être des débats du genre « il faut mettre le voile ou pas « , sur le salafisme, sur l'application de la loi religieuse ou pas. C'est une manière pour ces jeunes désœuvrés de dire des choses. Le deuxième encerclement sera d'ordre idéologique : droite, gauche, libéral, pas libéral, marxiste, pas marxiste, etc. Certes, ce sont des questions importantes mais si vous ne faites que cela toute la journée, vous n'auriez participé à rien. Et puis, vous avez un troisième cercle dangereux, qu'est le nationalisme. Le nationalisme arabe contre l'ouverture, c'est-à-dire : «je ferme mon économie, je n'adhère pas à l'économie mondiale, je fais du panarabisme au mieux, sinon je me contente de mon pays».
Justement, sur la question du nationalisme, l'intégration régionale est souvent présentée comme solution. Mais, avec ce qui se passe en Union européenne, y a-t-il des leçons à tirer ?
L'intégration régionale est indispensable pour les pays arabes, ne serait-ce que pour la taille des entreprises. En fait, la vraie raison ce sont les économies d'échelle et la mobilité des personnes. Vous ne pouvez pas avoir de grandes entreprises dans le monde arabe si elles ne servent pas un marché de 200 millions d'habitants qu'est la population totale des pays arabes. C'est comme ça qu'elles pourront aller en Chine, sauf le cas des « monstres « type OCP, qui eux ont des ressources naturelles, et donc y sont naturellement. L'intégration sur le plan économique est donc indispensable. Elle l'est également pour des raisons politiques. Quand vous négociez avec l'Europe, il vaut mieux être 200 millions, 10 ou 12 pays qu'un seul pays. Ce ne serais pas les mêmes conditions lors des négociations que ce soit sur les barrières tarifaires, les conditions de pêche ou autres.
Le modèle européen n'est pas en panne, je trouve qu'il tient plutôt le coup. J'avais écrit sur la crise de 1929-1930. Cette crise n'avait pas eu lieu à cause de la Bourse mais plutôt du nationalisme et du protectionnisme qui s'en est suivi. Les Etats-Unis avaient porté leur droit de douane à 100%. En réponse, certains autres sont allés jusqu'à 200%. L'économie mondiale s'est effondrée. Heureusement, qu'en Europe, on ne l'a pas fait. Certes les Etats-Unis, les Européens et la Chine trichent en terme de barrière douanière mais ils ne sont pas arrivés au même protectionnisme duquel a découlé la crise de 29-30 qui a vu non seulement une montée du Protectionnisme mais aussi du Nazisme. Ceci dit, le modèle ne marche pas très bien non plus. Il connaît des difficultés. Parce qu'on a des objectifs différents, mais il tient le coup. On a fait tout de même des bêtises ! Faire entrer la Grèce à 1 euro à 1,40, c'est de la folie ! L'euro va très bien pour les Allemands mais pour les Français il est très élevé. On n'a pas encore harmonise la fiscalité, la couverture sociale, le smig, la législature de travail ne sont pas les mêmes. Tout ça est compliqué et c'est très dur d'harmoniser la législation du travail, l'âge de départ à la retraite. Mais l'essentiel a, tout de même, été conservé. Il y a des pressions pour sortir de l'Europe un peu partout mais personne ne l'a fait. Parce que si un pays comme la Grèce quitte, il va souffrir pendant 20 ans. Sa dette extérieure va être multipliée par 30 ou 50 parce qu'il faudra bien qu'elle rembourse en euro. Pour la France aussi, une sortie de l'euro sera difficile. Ce n'est donc pas évident de revenir en arrière. Ça oblige à des compromis mais l'Europe a toujours fonctionné comme ça.
À travers l'expérience des Etats-Unis en 29-30 et ce que vit l'Union Européenne aujourd'hui, n'y a -t-il pas des balbutiements d'un nouveau modèle d'intégration régionale ?
Je crois qu'il faudra faire une intégration intelligente dans les pays arabes. Il faut y aller doucement. Ça été lent pour l'Union européenne. Vous ne pourriez pas du jour au lendemain avoir un même gouvernement politique commun mais vous pourriez au moins avoir un tarif extérieur commun, soit une union douanière. Vous ne vous faites pas avoir par la surenchère sur les droits de douane par des pays qui vont mettre en place un arsenal incroyable de protections non-tarifaires. Deuxièmement, il faut que le code d'investissement soit le même. Les pays méditerranéens ont fait -comme le dit Keynes- un concours de beauté, pour attirer les investisseurs, ça vous a coûté cher. Et bien évidement, quand vous allez en négociation, par exemple avec Renault sur Tanger, il vous dit : «Attention si vous n'êtes pas gentil je vais en Algérie !».
Le monde arabe a vécu trois phases. La première phase était au lendemain de l'indépendance, il fallait se construire, construire un Etat et une identité nationale. On s'est fermé, on a fait du développement auto-centré, on a fait beaucoup au niveau de l'éducation, la santé, etc. On a mis des régimes autoritaires qu'on connaît tous mais tout le monde acceptait parce qu'à l'époque le premier souci était de défendre le Nationalisme. Il fallait créer une identité. Je me souviens des chiffres : ils sont affolants. Dans la Tunisie dans les années 56-57, il y avait 350 000 Européens pour 6 millions de Tunisiens. Dans les universités, étaient inscrits 75 000 étudiants européens et 3 500 d'étudiants tunisiens. Et l'éducation fut un succès énorme sous l'ère Bourguiba. Pareil au Maroc, il y avait l'indépendance industrielle. Et ça a duré jusqu'aux années 80. À partir de cette date, on s'est rendu compte que les entreprises publiques, notamment au Maroc, étaient tout le temps en déficit. Salaires trop élevés, emplois permanents,… et c'est le Trésor public qui payait. Ce n'était pas soutenable. Ne parlons pas de l'Algérie. Et c'était le Plan d'ajustement structurel, au moment même où le prix de pétrole baissait, et où il y avait la deuxième crise pétrolière. Donc, on a commencé à ajuster jusqu'aux années 90. On avait libéralisé. Il y a des pays où ça n'a pas marché, telle l'Algérie.
Mais cela a eu tout de même des répercussions sur l'accès à l'éducation, à la santé et autres secteurs sociaux… Effectivement, mais c'est parce que la priorité était de créer des entreprises privées. À partir des années 90, vous avez entamé l'ouverture. Sur les 15 dernières années, le succès était quand même là. Il y a 15 années, la valeur du secteur agricole était très déterminante dans la formation du PIB. Maintenant c'est moins le cas. Mais on avait oublié une chose. Que le modèle autoritaire qui était acceptable avec Boumédiène et ses confrères était acceptable à ce-moment là car il reconstruisait une identité, le peuple se moquait du pouvoir. Par la suite, le système de gouvernance s'est comporté de la même manière. Les privatisations, on ne sait pas dans quelles conditions elles se sont opérées. Les hommes d'affaires devaient faire face à la corruption que ça soit pour ouvrir leur business ou encore pour obtenir un marché, et cette corruption est descendue un peu partout. Pour avoir un document administratif, il fallait appeler un copain, pour trouver un poste à son fils, pareil. Et le jour où un jeune s'est suicidé, les peuples ont réalisé que ça ne peut pas continuer comme ça. Le fait de garder un régime autoritaire et non démocratique dans le contexte que j'ai cité pour la participation des jeunes, avec de plus en plus de comportements de parvenus rend ce monde inacceptable pour les jeunes. Le monde arabe mérite d'avoir sa place dans la mondialisation, une place élevée. Pour y arriver il faut donner à la jeunesse un avenir et une vision.
Un an après le printemps arabe, est-ce que vous croyiez que les éléments qui ont poussé à la révolution persistent toujours ?
Je crois qu'il y en a beaucoup qui persistent. Comment se positionne-t-on vis-à-vis de ce que je considère comme les principales raisons. Tout d'abord le manque de démocratie. Il y a aussi l'indépendance alimentaire et le développement rural. Songeons qu'avant le printemps arabe les prix du blé tendre avaient augmentés de 30% du fait d'incendies en Russie et des anticipations consécutives des Reader's de Chicago. Est-ce aujourd'hui une question prioritaire ? Ensuite, le chômage des jeunes et le quatrième élément, c'est les inégalités territoriales. Est-ce qu'on a réussi à répondre à toutes ces questions ? Les gouvernements essaient tant bien que mal.
Peut-on dire que le printemps arabe a été un ralentisseur des IDE et des revenus touristiques et dans quelle mesure les pays touchés peuvent comme on dit « rattraper le coup » ?
Les investisseurs et touristes étrangers ont horreur du risque. Il est tout à fait clair que l'investisseur étranger remettra les pieds dans ces pays quand il verra une politique stable, qu'il n'y a pas beaucoup de risque. En tout cas, ils reviennent très vite car il y a beaucoup de capital à placer dans le monde. De plus, il faut que le capital national soit investi dans le pays, il ne faut pas compter uniquement sur l'investissement étranger.
Dans une interview que vous aviez accordée l'année dernière à un site électronique vous aviez dit : « Derrière un point de PIB gagné, qu'est-ce qui change dans la vie concrète des gens ».
Comment, selon vous, peut-on joindre théorie économique capitalistique libérale basée sur le profit et aspects sociaux ? Comment concilier l'économique avec le social ?
Il vaus faut non seulement un point de PIB mais sept. Et il faut faire très attention d'où on va tirer ce point de PIB. Si on va construire demain par exemple Naphta Chimie qui fait 4 milliards de chiffre d'affaires, vous avez 400 emplois. Maintenant avec 4 millions de chiffre d'affaires dans l'automobile, vous avez 20 000 emplois. Le choix de projets à mettre en place dépendra de l'objectif final à atteindre. Aujourd'hui, il ne faut pas que les gouvernements prennent une seule décision sans qu'il y ait une étude derrière sur l'emploi des jeunes et des femmes. Les critères de choix doivent changer en fonction de l'objectif que l'on se donne.
Quel rôle que peut jouer la finance islamique dans le développement inclusif ?
La finance islamique représente 10% de la finance mondiale. Je ne crois pas qu'il y a un avenir énorme. Parce qu'il y a trop de blocage au niveau de son mode de fonctionnement. On ne peut pas avoir la rémunération de son argent, etc. Cela va se développer mais ça ne dépassera jamais la finance traditionnelle à mon avis.
Comment la communauté internationale pourra contribuer à ce développement ?
La communauté internationale n'a qu'une chose à faire : payer. Elle doit mettre de l'argent. La transition pendant quatre ans a aidé, a progressé énormément. On l'a vu en Allemagne de l'Est, on l'a vu en Pologne, on l'a vu en Hongrie, en Tchéquie, parce qu'il y a un effet de courbe en J, les vieilles élites sortent du pouvoir, les nouvelles n'y sont pas arrivées. Les investisseurs sont plutôt craintifs, il y a des craintes aussi quant aux transferts des migrants ce qui fait tendre à une baisse du PIB. En parallèle, la grogne monte, les pouvoirs publics augmentent les salaires, créent de l'emploi dans le secteur public en réponse à la rue et alourdissent par la suite le budget. Le déficit tend vers les 10% du PIB créant une pression inflationniste et puis il n'y a plus d'argent, plus de devises. Certes, c'est dangereux mais cela aide quand même à maintenir la consommation. La réunification de l'Allemagne a coûté 350 milliards de dollars, pour 18 millions de personnes. Et le G8 a décidé 40 milliards de dollars pour tous les pays du printemps arabe, c'est de la folie ! La Pologne a coûté 70 milliards de dollars pour 38 millions de personnes. Donc il faut payer et aider à côté pour mettre en place les réformes structurelles, tout en évitant bien évidemment les erreurs du passé.
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