Place Mohammed V, la grande fontaine de Casablanca : des enfants qui courent derrière les pigeons, les faisant s'envoler dans le ciel, d'autres qui s'arrêtent devant le marchand de ballons, ou réclament une photo en voyant un des photographes présent sur la place passer devant eux. A longueur de journée, la grande fontaine de Casablanca, appelée aussi, place des pigeons, grouille de gens venus profiter de quelques moments entre familles. «Je garde de bons souvenirs de cette fontaine. J'y venais avec mes parents quand j'étais petite. C'est regrettable cette décision, et je ne comprend pas comment ils ont eu cette idée ». Fatima Zahra, stagiaire dans une banque, jette un regard nostalgique à la place qui, selon elle, fait partie du paysage de la ville. Aicha, femme au foyer et grand mère de trois enfants, capte des bribes de conversation, et décide de partager son avis. « J'emmenais mes enfants ici, et maintenant mes petits enfants. Après, où est-ce qu'on pourra passer la journée ! Ce théâtre qu'ils vont construire, les petits pourront y jouer ? » demande-t-elle, en jetant son regard à ses petits enfants, qui poursuivent les pigeons, ne se doutant pas que cette place va bientôt disparaître. Les Casablancais se mobilisent, mais le projet suit son cours Malgré la mobilisation de plusieurs associations, la manifestation des citoyens, et les pétitions en ligne, le projet du théâtre CasArts, qui remplacera la fontaine, suit son cours normal. Le maître d'ouvrage délégué, Casa Amenagement a déjà entamé les travaux préalables pour la construction du projet, qui s'étendra sur une superficie de 1,5 hectare. La réalisation de ce projet, qui sera livré en 2014, nécessitera un investissement de 1,4 milliard de dirhams, mobilisé conjointement par le Conseil de la ville, le budget général de l'Etat, le ministère de l'Intérieur et le Fonds Hassan II. Mais, selon le Conseil de la ville de Casablanca, il ne s'agit pas d'une destruction. La fontaine sera tout simplement remplacée par une autre, avec les mêmes caractéristiques, et sera construite devant le palais de justice. Une décision qui ne satisfait toujours pas les amoureux de la place des pigeons.