Maroc_Zambie À mesure que le football féminin prend de l'ampleur sur le continent africain, un sujet longtemps resté en marge refait surface avec insistance : l'équité sportive, notamment en ce qui concerne les différences physiques marquées entre les joueuses issues de différentes régions du continent. Depuis plusieurs années, des voix s'élèvent, notamment parmi les observateurs et les supporters, pour poser une question aussi sensible que légitime : les règles d'éligibilité au sein des compétitions féminines sont-elles appliquées de manière uniforme ? Et surtout, permettent-elles de garantir une véritable égalité des chances entre les participantes ? Des différences physiques frappantes Ce débat trouve son origine dans un constat largement partagé : certaines sélections d'Afrique présentent quelques joueuses avec des profils morphologiques particulièrement puissants, parfois perçus comme très masculins, voire atypiques pour des compétitions féminines. Ossature robuste, musculature développée, traits androgynes, pommes d'Adam visibles : ces caractéristiques physiques ne passent pas inaperçues. Ce contraste est encore plus saisissant lorsqu'on le compare avec les sélections d'Afrique du Nord, Maroc, Algérie, Tunisie, où les joueuses affichent généralement une morphologie plus "classique" dans l'imaginaire du sport féminin. Ce décalage alimente un sentiment d'injustice sportive, voire de déséquilibre structurel sur le terrain, notamment lors des grandes compétitions continentales comme la CAN ou les éliminatoires du Mondial. Flou réglementaire et suspicion persistante Officiellement, les règles sont claires. La FIFA et la Confédération africaine de football (CAF) imposent des critères stricts concernant l'identité biologique des athlètes, notamment sur le genre légal et le taux de testostérone. Mais dans les faits, l'application de ces règles reste opaque, très peu documentée, et rarement expliquée au grand public. Les contrôles existent sur le papier, mais dans la réalité, c'est difficile de savoir comment, quand et sur qui ils sont appliqués. Résultat : des soupçons naissent, parfois à tort, souvent dans le silence, faute d'informations fiables. Et avec eux, un climat de défiance qui nuit à la progression harmonieuse du football féminin africain. Le sport féminin, un espace à protéger Ce débat dépasse largement les frontières du continent. Depuis les cas très médiatisés de Caster Semenya, double championne olympique sud-africaine d'athlétisme, exclue des compétitions féminines pour cause d'hyperandrogénie, et celui d'Imane Khelif, Championne Olympique, le sport mondial est confronté à un dilemme profond : comment garantir l'inclusion sans sacrifier l'équité ? Dans le football, la question reste taboue. Craignant la stigmatisation ou les accusations de discrimination, les instances, que ce soit la FIFA ou la CAF, préfèrent souvent ne pas aborder frontalement le sujet. Pourtant, ignorer le problème revient à enraciner un système inégal, où certaines joueuses, biologiquement féminines, se retrouvent structurellement désavantagées sur le plan physique face à des adversaires aux gabarit et puissance très supérieurs. Appel à plus de transparence et d'unité Ce que demandent de nombreux acteurs, c'est une harmonisation des pratiques, une clarification des critères, et surtout une meilleure transparence dans leur application. Cela ne veut pas dire exclure, mais mettre en place des garde-fous justes et respectueux pour toutes les joueuses, dans un souci de cohérence sportive et d'intégrité compétitive. Le football féminin africain est en plein essor avec des investissements croissants et des espoirs grandissants. Mais pour que cette dynamique soit pérenne, il faut garantir aux joueuses un cadre juste, équitable et digne. Pas un environnement flou, où la suspicion devient la norme. Protéger l'avenir du football féminin, c'est aussi protéger celles qui en sont les premières actrices. Cela passe par le courage de poser les bonnes questions, même les plus sensibles, et par la volonté collective de bâtir un sport où le talent, le travail et le mérite reprennent toute leur place.