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Crypto-actifs : Le Maroc prépare un cadre règlementaire [Par Charaf Louhmadi]
Publié dans Challenge le 08 - 07 - 2025

Alors que plus de six millions de Marocains détiennent des crypto-monnaies en 2024, le Royaume amorce un tournant réglementaire décisif. De la montée en puissance d'une jeunesse technophile à l'élaboration d'un cadre législatif par Bank Al-Maghrib, en passant par les modèles étrangers comme le règlement MiCA en Europe ou l'approche pro-crypto de Donald Trump, cette tribune décrypte les dynamiques mondiales et nationales autour des actifs numériques.
Plus de 6 millions de Marocains détiennent des crypto-monnaies en 2024. Cela s'explique par différents facteurs, d'abord une jeunesse technophile voulant accéder sans encombrement aux plateformes internationales, notamment pour le e-commerce, le trading, ou tout simplement l'achat de marchandises.
En outre, le caractère spéculatif de ces actifs justifie l'attrait de nombreux Marocains. Les crypto-monnaies présentent une volatilité largement plus forte (et par conséquent des rendements très élevés en valeur absolue) en comparaison avec les actifs classiques (surtout domestiques), qu'ils soient financiers ou non financiers (actions, indices, immobiliers...). Evidemment, cette volatilité accrue est à double tranchant, car elle peut entraîner une perte du capital engagé ou, a minima, des pertes conséquentes par rapport aux montants initialement investis. À noter que de nombreux Marocains utilisent les réseaux et technologies VPN en vue d'accéder aux plateformes internationales de crypto, facilement accessibles à l'image de Binance ou encore Queen Biz.
On assiste également à une hausse exponentielle de l'utilisation des outils numériques, particulièrement chez la jeunesse africaine. Cette tendance haussière de la numérisation et de l'utilisation d'outils digitaux, accélérée par ailleurs par la crise Covid, explique également le recours fortement croissant aux crypto-monnaies.
La banque centrale marocaine prépare un cadre réglementaire sur les « crypto »
Après avoir interdit les crypto-monnaies en 2017, le Maroc amorce un virage significatif et se prépare à réguler l'usage des crypto-actifs. Le Wali de la Banque Al-Maghrib a annoncé en décembre dernier que le projet réglementaire était finalisé et en cours de relecture. Ce dernier sera conforme aux recommandations du G20. La Banque mondiale et le FMI ont également été consultés.
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Abdellatif Jouahri a annoncé que le Maroc ferait partie des premiers pays au monde à mettre en place un cadre législatif concis, s'adressant à la fois aux investisseurs et aux utilisateurs. Ce dispositif réglementaire devrait également contenir un volet traitant de l'interdiction stricte des activités illicites, du type blanchiment d'argent ou encore du financement d'organisations criminelles.
MiCA, le règlement européen des crypto-actifs
L'Union européenne a adopté en juin 2023 le règlement européen sur les marchés de crypto-actifs (Markets in Crypto-Assets, ou MiCA). Cette réglementation propose un cadre à l'échelle continentale pour les émetteurs de crypto-monnaies et les prestataires de services sur actifs numériques.
MiCA impose des conditions à l'enregistrement et des exigences de fonds propres, ce qu'applique exactement le gendarme européen (EBA : European Banking Authority) aux banques de la place. MiCA traite également les problématiques de gouvernance et de transparence des émetteurs et prestataires crypto. La réglementation prévoit en outre un encadrement strict des stablecoins majeurs, dont la capitalisation et le volume sont importants.
Il sera intéressant, une fois que la réglementation marocaine entrera en vigueur, de comparer ses grands axes à ceux proposés dans le cadre de MiCA pour les pays de l'Union européenne.
Aux USA, Donald Trump fervent défenseur du Bitcoin et des « crypto »
Les Etats-Unis sont la première puissance économique et militaire mondiale. En 2024, le PIB américain, le plus élevé du monde, atteint 29 167,78 milliards de dollars, soit environ le quart du PIB mondial. La position du « gendarme du monde » vis-à-vis des « crypto » est par conséquent importante.
Donald Trump a opéré en l'espace de quelques années un virage à 180 degrés. Lors de son premier mandat, le Bitcoin représentait pour lui une arnaque et une menace pour le dollar. À présent, le président américain veut faire des Etats-Unis la capitale mondiale des crypto-monnaies. Il a martelé à plusieurs reprises que « Les Etats-Unis deviendront une superpuissance du Bitcoin ». Il a acté la création d'une réserve nationale de Bitcoin, qui contenait en mars 2025 quelque 200 000 bitcoins, soit environ 17,5 milliards de dollars. Cette réserve se veut similaire à celle en or, et Trump souhaite l'élargir à d'autres crypto-actifs.
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La victoire de Donald Trump a fait s'envoler le Bitcoin (+50 % entre fin octobre et début décembre 2024) et l'a porté à des niveaux historiques. Après sa victoire et avant son investiture, le locataire de la Maison-Blanche a même organisé un évènement, le « Crypto-Ball », où ont été conviés les protagonistes du secteur (qui l'ont soutenu), auxquels s'est ajouté un lot de célébrités « trumpistes » comme Snoop Dogg.
L'administration actuelle des Etats-Unis est totalement opposée à celle de Joe Biden sur ce dossier.
Rappelons que Janet Yellen, ancienne secrétaire au Trésor, et Gary Gensler, ancien patron de la Securities and Exchange Commission, organisme américain de régulation des marchés financiers, étaient farouchement opposés au développement des crypto-actifs. Paul Atkins, avocat, entrepreneur et financier, a été nommé par D. Trump 34e président de la SEC, et est largement favorable aux crypto-monnaies. Par cette nomination et le limogeage de Gary Gensler, le président américain souhaite simplifier et assouplir la réglementation des crypto-monnaies.
Ceux qui ont côtoyé ou côtoient actuellement Trump sont également pro-crypto, à l'image d'Elon Musk (désormais farouchement opposé au POTUS) ou du vice-président JD Vance, qui détiendrait, selon les médias américains, plusieurs centaines de milliers de dollars en Bitcoin.
Comment expliquer l'engouement du président Trump pour les cryptos ? Tout d'abord, les donateurs de sa campagne proviennent en partie du secteur. Le principal lobby pro-crypto, Fairshake PAC, dont font partie plusieurs plateformes d'échange américaines, a misé plus de 204 millions de dollars pour les campagnes présidentielle et parlementaire de Donald Trump, et se place en deuxième position derrière le lobby des hydrocarbures, dont la contribution est estimée à 219 millions de dollars. Ensuite, Donald Trump voit dans les cryptos une opportunité d'investissements lucratifs. Il va même jusqu'à lancer sa propre crypto-monnaie, le « Trump Meme », purement spéculative. Ce qui n'est pas sans risque de conflit d'intérêts pour le président de la première puissance mondiale.
La Chine mène une politique opposée aux crypto-monnaies
L'Empire du Milieu mène depuis 2017 une politique très hostile aux crypto-monnaies. En mai 2021, la Chine passe à la vitesse supérieure et les bannit, sur fond de protectionnisme économique relatif, entre autres, à la forte volatilité des cours et aux expositions spéculatives sur cette classe d'actifs.
La deuxième puissance économique mondiale (le PIB chinois est évalué à 17 867 milliards d'euros à fin 2024) pointe du doigt les processus énergivores de minage et l'impact environnemental des « data centers », argument peu crédible car soulevé par l'un des pays les plus fortement émetteurs de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale. La Chine avance également l'argument du financement d'activités illégales ou criminelles pour interdire les crypto-monnaies. Cet argumentaire ne tient pas, étant donné les volumes d'échanges de ces activités illicites, qui se comptent en milliards en monnaie fiduciaire, versus environ mille fois moins s'agissant des crypto-actifs.
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La Chine mène donc un vrai combat idéologique que le Parti communiste considère comme une menace à l'égard de la monnaie nationale. Malgré cette interdiction et le déploiement d'une police sophistiquée pour traquer les Chinois qui traitent en crypto, les entreprises chinoises et les particuliers continuent de les échanger à l'étranger, notamment aux Etats-Unis, si l'on se fie à une étude des registres portuaires du New York Times publiée à la fin de l'année 2023. De surcroît, les Chinois continuent d'utiliser les crypto-monnaies sur des canaux privés et se partagent régulièrement des astuces pour éviter les restrictions locales.
À noter en outre que le yuan (officiellement appelé renminbi) n'est pas une devise qu'on convertit librement en devise étrangère. Un passage des transactions en « système crypto » changerait, d'une part, la donne pour les Chinois, dont les revenus et l'épargne sont captifs dans une devise fermée, contrôlée par l'Etat et faiblement convertible. L'Etat a peur de l'adoption des crypto-monnaies, qui se traduirait donc par une perte de contrôle potentielle des capitaux et de la richesse produite par 1,4 milliard d'habitants. D'autre part, cette bascule démontrerait que le yuan est largement sous-évalué. La sous-évaluation volontaire du yuan sert les intérêts économiques de la Chine, qui exporte fortement, renforçant ainsi sa compétitivité sur les marchés internationaux.
Depuis plus de 10 ans, l'Empire du Milieu met en œuvre et développe sa monnaie numérique, baptisée e-yuan, qui, contrairement aux crypto, n'a subi aucune restriction réglementaire. La Banque populaire de Chine travaille activement et continuellement sur la stabilisation de cette monnaie virtuelle pour sa population conséquente.
Contrairement à la Chine, Hong Kong soutient une réglementation constructive des crypto-monnaies
Le gendarme boursier hongkongais (the Securities and Futures Commission) a donné son feu vert dès 2024 pour la commercialisation des Ether Spot et des ETF (Exchange-Traded Funds ou Fonds négociés en bourse) Bitcoin. L'objectif derrière cette mesure est de maintenir le rayonnement mondial de la place financière hongkongaise et de montrer l'intérêt de celle-ci vis-à-vis des crypto-monnaies.
Malgré la farouche opposition de l'Empire du Milieu au secteur, Hong Kong maintient son ambition d'être le premier hub crypto de la région, volant la vedette à Singapour, Séoul (dont la très éphémère loi martiale a déclenché une hausse exponentielle du volume des transactions à hauteur de 34 milliards de dollars) ou encore Dubaï. À Hong Kong a été acté le premier lancement du continent des ETF Bitcoin Spot et la première commercialisation à l'échelle mondiale des ETF Ether Spot. En outre, des gérants d'actifs ont reçu l'autorisation de traiter ces produits, à l'image de Harvest Fund Management, Bosera Asset Management et China AMC HK.
On rappelle que les ETF (Exchange-Traded Funds ou Fonds négociés en bourse) sont des produits dérivés permettant de répliquer les performances des cours du produit sous-jacent. Le lancement des ETF sur Bitcoin en janvier 2024 à Wall Street a généré une hausse spectaculaire du cours du BTC (environ +40 %), et ce grâce au succès des trackers auprès des investisseurs. Ces ETF sur BTC et ETH disposent d'un mécanisme d'acquisition en « nature », soit la possibilité de les acheter avec du Bitcoin ou de l'Ether.
Les Chinois profitent de ce contraste entre l'Etat et la région administrative spéciale de Hong Kong pour se procurer et traiter activement les ETF crypto.


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