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Transportées comme du bétail. Le drame des travailleuses agricoles
Publié dans L'observateur du Maroc le 19 - 09 - 2022

Jeudi dernier, la commune Ait Âmira dans la province de Chtouka-Aït Baha a été le théâtre d'un énième accident de circulation et d'un nouveau drame qui se rajoute à la longue liste ayant emporté des travailleurs agricoles. Deux personnes, une femme et un homme, ont ainsi trouvé la mort et quinze autres ont été blessées grièvement dans cet accident survenu suite à la collusion d'un pick-up transportant des ouvriers agricoles avec une voiture particulière légère.
Victimes du « pain »
Un accident qui rappelle d'autres tragédies survenues sur le chemin du travail des ouvrières agricoles, à cause de leur gagne-pain. Moulay Bouselham, Oulad Tayma, Larache, le Gharb, Essaouira... « Les régions et les noms changent mais c'est toujours la même souffrance, le même calvaire, les mêmes conditions de travail et de transport déplorables. Cet accident est un autre rappel d'une situation que nous n'avons de cesse de dénoncer », regrette Latifa Bouchoua, activiste des droits humains, membre du bureau exécutif et ex présidente de la Fédération des ligues des droits des femmes (FLDF). Réagissant aussitôt après la survenue de ce nouvel accident, la fédération est d'ailleurs revenue à la charge dans un communiqué au ton franchement dénonciateur.
« Cet accident tragique survient alors que le gouvernement annonce des nouvelles mesures pour améliorer la situation financière des travailleurs agricoles. La FLDF estime que le dialogue social ne doit pas se limiter à la hausse des salaires. Il devrait inclure et d'une manière prioritaire, la sécurité des travailleurs que ça soit dans les champs ou sur le chemin du travail », réclame-t-on dans le communiqué rendu public le 17 septembre. Pour Latifa Bouchoua, il est temps de changer le vécu de cette catégorie victime de tant d'injustice mais également de mentalité et de perception.
Citoyens à part entière
« Ces femmes et ces hommes qui triment à longueur de journée dans les champs agricoles sont des citoyens à part entière. Ils doivent jouir des mêmes droits que tout citoyen marocain et principalement de leur droit à la vie », réclame la porte parole de la fédération des ligues des droits des femmes. « Lorsqu'on les oblige à emprunter des routes infréquentables, on les entasse dans des véhicules vétustes et on les transporte comme du bétail jusqu'à leur lieu de travail, on porte atteinte à leur dignité humaine, à leur sécurité et surtout à leur droit à la vie qui est garanti par l'article 20 de la Constitution marocaine », argumente Latifa Bouchoua. Dans son communiqué, la fédération insiste sur l'impact social et psychique des accidents survenus à cause du « traitement inhumain » réservé aux travailleuses agricoles.
« Un bon nombre d'études réalisées par les associations actives auprès de ces travailleuses dévoilent les retombées tragiques des accidents survenus lors de leur transport », nous explique au téléphone Bouchoua. En plus des vies fauchées, des destins sont brisés car la mère, décédée ou handicapée suite à l'accident, ne peut plus travailler et subvenir aux besoins de sa famille. « Des enfants quittent l'école, d'autres sont relâchés dans la nature ou souffrent de troubles psychiques. Ce type d'accident a un impact destructif multidimensionnel qui aggrave davantage la vulnérabilité socio-économique d'une catégorie déjà assez fragilisée », déplore l'activiste des droits féminins.
Indignité
Exploitées, malmenées, sous-payées, harcelées, violentées et parfois tuées dans des accidents tragiques, les travailleuses agricoles vivent et meurent dans l'indignité. «Ce n'est pas la première fois que des vies de femmes sont fauchées tragiquement alors qu'elles tentaient simplement de gagner leur pain et celui de leurs familles. Des accidents mortels qui emportent la vie de travailleuses agricoles sur la route d'aller ou de retour des champs et des fermes où elles travaillent dans des conditions dures et inhumaines», c'est en ces termes fermes que les représentantes de la FLDF se sont adressées au chef du gouvernement Saad Eddine Outhmani, dans une lettre ouverte publiée mi avril 2019. Appelant à « l'identification de tous les responsables ayant participé de près ou de loin à cette situation», la fédération pointait à l'époque le Ministère de l'emploi, celui de l'Equipement, l'Inspection du Travail, les autorités locales et les responsables communaux.
Renouvelant leurs « recommandations » de 2019, les activistes de la FLDF en appellent aujourd'hui à la fédération des efforts de tous les départements concernés pour sécuriser le transport des travailleuses agricoles. Comment ça ? « Par l'amélioration des conditions de travail de cette catégorie et la bonne application du code du travail dans le secteur agricole ; en particulier en ce qui concerne le transport dans la dignité et le respect du droit à la vie », suggère la fédération. En termes pratiques : « Le suivi continu et le contrôle permanent ainsi que l'application des sanctions contre les employeurs et les transporteurs contrevenants sont autant de mesures qui pourraient alléger le calvaire de ces travailleuses », note Latifa Bouchoua. S'ajoute à cela la structuration du secteur par l'inscription du rapport ouvrière /employeur dans un cadre légal déterminant les droits et devoirs des deux parties.
« Il faut aussi penser à des solutions innovantes pour lutter contre les moyens de transport dangereux. Encourager les jeunes de ces régions à investir dans le transport via les programmes de développement humain avec une meilleure implication des communes locales pourrait être une solution bénéfique à tout le monde dans ces régions », propose Bouchoua .
Etat des lieux
Début septembre, l'Association Marocaine de Droits Humains (AMDH) a lancé une alerte par rapport à « la dégradation continue des conditions de travail des femmes rurales dans les champs agricoles ». Ceci en zoomant sur la région Marrakech-Safi. Victimes d'exploitation à tous les étages, « ces dernières sont transportées dans des conditions inhumaines manquant totalement de sécurité» affirme alors l'association.
Selon l'Observatoire des droits des femmes travailleuses du secteur des fruits rouges (géré par l'association Mains Solidaires et la Fédération de la Ligue démocratique des droits des femmes (section Larache), avec le soutien de l'ONG Oxfam), 1 910 violations du Code du travail ont été enregistrées rien qu'en 2013. Plus de 380 cas concernant l'embauche sans contrat de travail, 374 de non-paiement des heures supplémentaires, 350 de mauvaise condition de transport, 216 la non-déclaration à la CNSS, 177 le non-respect du SMAG, 112 les insultes et châtiments, 68 les licenciements abusifs et 2 cas de viol. D'après Oxfam, 25% de ces femmes affirment avoir subi de la violence pour la période 2013-2014. Un chiffre que l'on soupçonne d'être largement sous-estimé vu le poids de la peur du scandale et de perdre son gagne-pain. Un facteur de plus qui rend cette violence encore plus difficile à contrer comme le confirme Oxfam dans son rapport.


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