Le ministre du Transport et de la Logistique, Abdessamad Kayouh, est revenu sur la polémique qui a récemment enflammé l'opinion publique autour de la mesure visant à contrôler la vitesse des motos. Selon lui, cette décision n'a rien d'improvisé : elle découle directement des recommandations du Comité permanent de la sécurité routière, alarmé par l'augmentation des décès liés aux accidents de la circulation. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les motos sont impliquées dans 60 % des morts enregistrées sur les routes marocaines. Intervenant cette semaine devant les conseillers parlementaires dans le cadre de la discussion du budget sectoriel de son département, Kayouh a rappelé que l'un des facteurs déterminants de cette situation dramatique reste le non-port du casque, auquel s'ajoute la modification illégale de moteurs. Bon nombre de deux-roues voient ainsi leur puissance passer de 50 cm3 à plus de 120 cm3, en violation totale de la loi. Avant même l'introduction du nouvel appareil speedometer, capable de mesurer la vitesse réelle des motos, les services de la Gendarmerie royale et de la Sûreté nationale avaient déjà mené plus de 14 000 contrôles. Les résultats obtenus grâce à l'utilisation du dispositif se sont révélés édifiants : 95 % des motos inspectées étaient effectivement modifiées. Kayouh a également rappelé que le Maroc, organisateur cette année de la 4e Conférence mondiale sur la sécurité routière, a pris un engagement international fort : réduire de 50 % les accidents de la route à l'horizon 2030. Un objectif d'autant plus urgent que, comme l'a souligné le ministre, « les victimes appartiennent souvent à la catégorie la plus vulnérable, âgée entre 5 et 15 ans ». Face à la montée des accidents impliquant des deux-roues, une réflexion a été engagée au sein du conseil d'administration de l'Agence nationale de la sécurité routière. Elle a abouti à une mesure jugée essentielle par le ministre : la réduction du coût du permis de conduire des motos de plus de 50 cm3, dont le prix actuel, fixé à 3000 dirhams, demeure inaccessible pour de nombreux citoyens aux revenus limités. La nouvelle orientation privilégie ainsi un permis à faible coût, oscillant entre 200 et 300 dirhams, assorti d'une réforme du parcours de formation. Le système envisagé prévoit de remplacer les trois mois d'attente par cinq séances de formation théorique et pratique dans les auto-écoles. Enfin, Abdessamad Kayouh a fait savoir qu'un travail conjoint est en cours avec les ministères des Finances et du Commerce afin de mettre en place un dispositif rendant le casque obligatoire lors de la vente de toute moto neuve. « On ne peut pas acheter une voiture sans ceinture de sécurité, et il ne devrait pas être permis de vendre une moto sans casque », a-t-il insisté.