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Séisme. " Tous les survivants ont besoin de soutien psychique "
Publié dans L'observateur du Maroc le 21 - 09 - 2023

Que ressentirez vous si vos enfants et votre compagnon meurent devant vos yeux ? Quel sera votre sentiment si vos parents sont ensevelis en un clin d'œil par les décombres de votre maison ? Que sera votre réaction si votre mémoire n'arrive plus à se défaire des images douleureuses du séisme dévastateur ? Que sera votre ressenti si vous perdez tout en quelques secondes ? Vous ne pouvez l'imaginer tellement c'est insoutenable ? Les habitants des zones sinistrées ont expérimenté cette souffrance psychique et nombreux la vivent encore... Comme l'ont constaté des psychiatres bénévoles dêpéchés sur les zones sinistrées.
Expérience douleureuse
Entre se remettre du choc, saisir l'ampleur de leur malheur, pleurer leurs morts et faire le deuil de leur existence antérieure, les survivants du séisme sont en train de vivre l'une des épreuves les plus difficiles à expérimenter... C'est ce que nous affirme Dr Jaouad El Yakoubi, directeur du Centre de psychiatrie et psychothérapie Sala Al Jadida. " Comme tout événement désastreux que ça soit une guerre, un accident grave, un incendie ou une catastrophe naturelle, un séisme représente un traumatisme qui peut impacter grièvement le psychisme humain ", nous explique le psychiatre.
Une épreuve psychique douloureuse et intense qui reste assez difficile à surmonter. Comment donc se manifeste ce traumatisme ? " Vivre une telle épreuve peut provoquer chez les victimes directement frappées par le séisme ou les témoins un traumatisme psychique. Ce dernier peut être immédiat d'une manifestation rapide ou bien différé dans le temps ", indique Dr El Yakoubi. Le thérapeute nous apprend que le traumatisme immédiat peut se manifester par des réactions de stress aigues. " Certaines personnes peuvent dévelloper des troubles dissociatifs tels l'amnésie ou l'hébétude d'autres font des convulsions ou des crises hystériques ", détaille le psychiatre.
Troubles post-traumatiques
En plus des réactions directes, le traumatisme psychique provoqué par le séisme peut se manifester d'une manière différée. Explication ? " Dans ce cas de figure, on peut observer chez des personnes touchées des troubles post-traumatiques, des dépressions, des troubles anxieux qui impliquent plusieurs symptômes tels les insomnies, les cauchemars, le détachement émotionnel, l'insensibilité à l'environnement, l'hyper-vigilance, les troubles de l'humeur, de l'énergie et de la force motrice interne. Aussi les troubles d'appétit, l'ahnédonie et la perte de la capacité de ressentir du plaisir...", énumère le spécialiste.
Un tas de réactions et de manières d'accuser le coup qui diffèrent selon la personnalité de chacun comme nous l'explique Dr El Yakoubi qui insiste sur l'aspect individuel de la chose. A Al Haouz, Taroudant ou encore Ouarzazate, les réactions et la manière d'affronter la catastrophe et ses retombées varient selon les personnes, leur structure psychique et émotionnelle. " A Imine Tala près d'Amezmiz, j'ai remartqué que les femmes étaient particulièrement touchées. Elles n'arrivaient pas à gérer leur deuil. Elles sont toujours sous le choc et font de fréquentes crises de panique en n'arrivant plus à respirer " nous raconte Nadia.O, une Bénévole casablancaise.
La mort dans l'âme
Sensible au malheur de ses femmes amputées de leurs enfants et leurs proches, la jeune femme semble aussi traumatisée. " J'ai la mort dans l'âme en regardant impuissante cette mère qui demeure figée des heures durant à border la tombe de son enfant. Une autre jeune mère qui a perdu son enfant de 8 ans et son mari ne voulait pas quitter les lieux avant de voir le cadavre de son mari " nous décrit, le verbe ému, Nadia.
" Certaines personnes peuvent revivre à répétition les secousses séismiques. D'autres vont éviter carrément toute activité associée au séime. Le spectre des réactions peut aller de la colère à la mélancolie en passant par le senstiment de culpabilité parce qu'on n'a pas pu sauver les proches ou parcequ'on a survécu. D'autres vont développer des symptômes physiques avec des migraines ou des troubles digectifs... ", analyse le psychiatre. D'après le spécialiste, la réaction reste individuelle et dépend d'une certaine prédisposition et constellation génétique.
Résilence infantile
Décryptage ? " En termes plus clairs, il y a des gens qui sont plus sensibles, plus anxieux qui tendent à développer des syndrîomes dépressifs et des gens qui ne le sont pas. Le mix génétique hérité des parents peut ainsi prédisposer à développer certains troubles sous l'effet d'épreuves intenses ", vulgarise Dr El Yakoubi. Une vulnérabilité qui peut résulter également de l'historique de la personne: Son éducation, son enfance, son dévellopement personnel...
Et les enfants face à un tel traumatisme, seraient-ils plus vulnérables que les adultes ? " Généralement les enfants ont plus "d'aisance" à surmonter ces évenements que les adultes ", nous rassure le praticien. D'où puisent-ils cette résilence ? " Les enfants sont plus flexibles et jouissent de plus d'énergie. Leur personnalité n'est pas encore complètement forgée donc nullement rigide. Ils ne se prennent pas trop la tête par les questions existentielles et montrent donc plus de résilence que les adultes", détaille le praticien.
Reprendre gôut à la vie
Comment les survivants peuvent-ils cependant reprendre goût à la vie ? D'après Dr Jaouad Yakoubi, les populations sinistrées et les Marocains en général ont une sorte de soupape qui les aide à amortir le choc : " La foi musulmane aide ceux qui ont perdu les leurs à montrer une forte résilience et à accepter le destin ", nous explique le praticien qui nous décrit des populations certes profondément affectées par le malheur les ayant frappé mais qui l'acceptant.
Ces survivants ont-ils dans ce cas besoin d'un accompagnement psychique professionnel ? " Ils ont tous besoin d'un tel soutien. Juste après le séisme, il était question de sauver les gens qui étaient en danger. Puis est venue l'étape d'abriter, de nourir et de soigner les blessés. Mais à partir de la deuxième semaine, les sequelles psychiques ont commencé à se manifester. Les survivants ont absolument besoin d'un soutien psychique, mental et social ", tranche le praticien qui était; le week end dernier, au chevet des populations sinistrées à Tlat N'Yakoub.
SOS médicaments
Si les uns ont juste besoin d'un " accompagnement modéré ou moyen ", d'autres cas nécessitent un suivi professionnel. " Il y en a même qui ont besoin carrément d'être hôspitalisés avec des soins psychiatriques et un traitement médicamenteux ", ajoute le spécialiste. ce dernier regrette toutefois le manque voire l'absence des médicaments du spectre psychiatrique sur les zones sinistrées.
" Nous avons lancé plusieurs appels auprès de la tutelle pour fournir in situ ce type de médicaments et de psychotropes. Les patients n'ont pas les moyens de s'acheter leurs traitements, la majorité des pharmacies locales ont été détruites par le séisme et faire le déplacement jusqu'à la ville est une autre paire de manches dans la situation actuelle", note Dr El Yakoubi.
Ce dernier soulève une autre problématique liée à ce type de médicaments nécessitant la présentation de la carte nationale avant de s'en procurer dans les officines. " Or la plupart ont perdu leurs papiers sous les décombres ", regrette notre interlocuteur.
Arrêtez ces vidéos !
D'après le spécialiste, il est impossible d'échapper à l'émotion face à de tels événements. " A mon retour des zones sinistrées, j'étais profondément affecté par tout ce que j'ai vu sur place. Les secouristes, les bénévoles, les médecins, les infirmiers... Ils sont tous touchés par les "atrocités" du séisme qu'ils ont cotoyés de près ", partage le psychiatre.
Mais qu'en est-ils des internautes qui passent leur temps à visualiser les vidéos plus ou moins violentes, du séisme ? " Je déconseille carrément de regarder ce type de vidéos. Si on veut aider, on passe à l'action mais on arrête de s'infliger une telle souffrance. Soit on est impliqué émotionnelement et on en souffre profondément en déprimant par la suite. Soit on est indéfferent en dévellopant une sorte de détachement émotionnel. Dans tous les cas c'est absolument déconseillé ", tranche le praticien.


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