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Phénomènes extrêmes : Faut-il craindre le point de non-retour ?
Publié dans L'observateur du Maroc le 31 - 10 - 2024

Le 10 septembre 2023, la ville de Derna, dans le nord-est de la Libye a été presque rayée de la carte. Submergée après le passage de la tempête Daniel, la ville s'effondre sous l'impact des eaux tumultueuses après la rupture de deux barrages en amont provoquant une crue de l'ampleur d'un tsunami. Plus de 8500 disparus et 4300 morts selon des chiffres de l'Unicef et de la Banque mondiale. Dans un rapport publié en janvier, cette dernière a estimé le coût total de la catastrophe à 1,57 milliard d'euros.
Un an plus tard, le 20 septembre 2024, Tata au sud-est du Maroc est victime de crues dévastatrices. Des pluies torrentielles, un record pour la région, emportent un autocar en causant la mort de 10 personnes tandis que 7 autres ont été portées disparues. Sans parler des dégâts matériels et des infrastructures détruites par les flux.
Derna, une grande catastrophe
Le 20 octobre, c'est au tour de la région de Valence au nord de l'Espagne d'expérimenter les ravages d'une mère nature en colère. De très fortes pluies et des averses torrentielles qui ont battu les records locaux avec 500 mm enregistrés en moins de 12 heures. Le bilan est lourd : Au moins 95 morts sont à déplorer, selon le dernier bilan des autorités espagnoles. Les pertes matérielles sont énormes, des infrastructures complètement détruites et le cauchemar n'est pas encore fini. L'Agence nationale météorologique espagnole a élevé le niveau d'alerte au rouge dans la province de Castellón. Des pluies très intenses sont encore attendues ce jeudi.
Des catastrophes grandeur nature qui nous rappellent tristement les scénarios des films hollywoodiens que l'on croyait exagérément théâtralisés. « The day after Tomorrow », « Mad Max : Fury raod», « Interstellar »... des scénarios qui mettaient l'humanité sur le fil du rasoir, entre survie et destruction en rappelant l'importance d'agir pour éviter que l'avenir et même le présent ne devienne un film catastrophe en version réelle.
Point de non retour
Pour les scientifiques, loin de toute fiction, l'humanité est effectivement en train de subir de plein fouet l'impact des changements climatiques. « D'une manière globale ce qui se passe au niveau planétaire, qu'on le veuille ou non, est l'effet malheureusement néfaste du réchauffement climatique », tranche Dr Mohamed Said Karrouk, climatologue et professeur universitaire.
D'après le scientifique, la plus grande problématique reste la température de la terre qui ne cesse d'augmenter. « Les scientifiques n'ont pas cessé depuis les années 80 de lancer des alertes : Il ne faut pas que la température planétaire moyenne dépasse 2 degrés Celsius par rapport à l'époque préindustrielle. Au-delà de ce seuil on ne peut pas deviner exactement l'impact qui n'en deviendra que plus compliqué en chamboulant tout notre système. Il ne fallait pas que l'on atteigne ces deux degrés là !», déplore Dr Karrouk.
Ca chauffe
Or, aujourd'hui les bulletins météorologiques dans le monde ne cessent d'annoncer des vagues de chaleur et de canicules parfois même dans des régions du monde au climat habituellement clément. Au Maroc, 2023 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée au Royaume depuis au moins le début du 20e siècle ; avec 1,77 °C au-dessus de la normale climatologique calculée sur la période 1981-2010. On vient de battre l'ancien record de 2022 de 0,14 °C. Les mois de mars, avril, août et octobre ont été les plus chauds jamais enregistrés.
Valence, un lourd bilan
Les températures moyennes quotidiennes ont été supérieures à leurs normales durant 279 jours, soit 79 % des jours de l'année. De plus, un nouveau record national absolu de la température maximale quotidienne de 50,4 °C a été enregistré à Agadir, le vendredi 11 août 2023 dépassant ainsi la barre symbolique des 50 °C pour la première fois au Maroc. Autre record, 2023 était la cinquième année consécutive sèche au Maroc, constituant ainsi la période la plus longue d'années consécutives sèches dans l'histoire contemporaine du Maroc.
Dérèglement dangereux
« La température moyenne planétaire ne cesse pas de grimper et ne se stabilise guère. C'est un signe très dangereux et un indice très grave. Car même en augmentant de quelques dixièmes de degré, cette évolution créée d'énormes changements. Ces quelques dixièmes de degrés consomment énormément d'énergie solaire qui chamboule à son tour le fonctionnement de la machine climatique en la rendant plus puissante et plus rapide », explique le scientifique.
D'après ce dernier le changement ne touche pas seulement le fonctionnement du système « naturel » mais aussi le rythme, la récurrence et la fréquence des phénomènes climatiques. « C'est pour cela que je me permets de parler d'un nouveau climat réchauffé. Ce réchauffement, qui a franchi un seuil « critique » en 2021 avec 1,1 degré Celsius, s'est opéré en effet en plusieurs phases : A chaque augmentation, une situation bien précise et des effets précis. Depuis cette date la température n'a fait qu'augmenter », insiste le climatologue.
Imprévisible
Au sommet de la pyramide, le climat influence le cycle de l'eau, l'évaporation, la condensation, les précipitations, la biodiversité, la faune la flore mais aussi la température des océans. «Depuis 2023 la température de l'océan a dépassé un seuil très important et ça continue sur la même lancée. Le système devient ainsi plus « énergétique » en impactant la distribution de la pluie et de la sécheresse d'une manière complètement différentes du passé. C'est cette distribution justement qui cause des phénomènes extrêmes comme ce qui a été observé au Maroc avec des précipitations en mois de septembre au sud de l'Atlas et au désert, là où il ne pleuvait pas auparavant. C'est nouveau et ça se réalise avec une intensité dépassant toutes les prévisions », vulgarise le scientifique.
Des chutes de neige record
D'après ce dernier, face à ces phénomènes extrêmes on peut évoquer une « chaîne d'événements », une relation de cause à effet : L'augmentation du bilan énergétique planétaire qui induit l'augmentation de la température qui génère une plus importante évaporation et une plus grande capacité de l'atmosphère à emmagasiner la vapeur d'eau. « Lorsque des conditions de condensation se présentent, ça donnera d'importantes averses qui engendreront à leur tour des inondations. C'est ce qui explique ce qui s'est passé au sud du grand Atlas de l'Afrique du Nord d'Agadir jusqu'au Cap blanc en Tunisie mais aussi ce qui s'est passé ce mardi à Valence », analyse Dr Karrouk.
Le cas valence
Une analyse qui rejoint l'explication de la météorologie espagnole et française évoquant « une goutte froide (dépression d'altitude associée à de l'air froid) qui est venue glisser sur le proche Atlantique pour se centrer mardi 29 octobre sur le nord du Maroc. Ces forts cumuls de pluie s'expliquent par la récurrence d'orages extrêmement intenses, bien alimentés en humidité de Méditerranée, prenant un caractère stationnaire dans la région de Valence ».
D'après Dr Karrouk, on a déjà vécue ce type de phénomène entre 2006 et 2016, « Mais aujourd'hui ces événements reviennent avec une autre intensité et une autre distribution. Nous sommes en train de vivre une nouvelle phase de réchauffement avec des événements très violents et très puissants non seulement au Maroc mais au niveau planétaire», alerte le scientifique.
Phénomènes extrêmes au Maroc
Des propos confirmés par le rapport « Maroc, Etat du climat 2023 », élaboré par la Direction générale de la météorologie. Ce dernier fait état de 26 évènements météorologiques extrêmes qui ont fait l'objet de bulletins d'alerte. Ces phénomènes météorologiques extrêmes sont répartis comme suit : Fortes averses orageuses (35 %), vagues de chaleur (30 %), chutes de neige (19 %) et vents forts (16 %). La saison estivale a également enregistré plusieurs records absolus de la température quotidienne maximale.
Carte phénomènes extrêmes au Maroc en 2023
« Entre le 16 et le 18 février 2023, la hauteur de neige a atteint 2m. Un niveau exceptionnel à Tidili localisée sur les reliefs de la province de Ouarzazate. Des chutes de neige comprises entre 30 et 80 cm ont été également enregistrées sur les reliefs d'Al Haouz, Azilal, Béni Mellal, Chichaoua, Midelt, Tinghir et Taroudant. Le dimanche 22 octobre 2023, une tempête de vent et de poussière, marquée par des rafales pouvant atteindre localement les 100 km/h, a frappé le Maroc, entraînant une série de perturbations majeures », détaille le rapport de la DGM.
«Ceci doit nous préoccuper sérieusement d'abord par rapport à notre avenir le plus proche, ce qui va se passer demain et après demain, mais aussi et surtout sur l'avenir des générations à venir », revient à la charge Dr Karrouk. D'après ce dernier, il devient essentiel d'œuvrer pour « leur laisser une planète vivable en s'adaptant correctement et convenablement à ce nouveau climat afin d'assurer une sécurité environnementale mais aussi une sécurité alimentaire et sociale », conclut le climatologue.


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