Une mobilisation citoyenne s'organise depuis quelques jours pour sauver la forêt de Maâmora, joyau écologique et plus grande chênaie-liège du monde. À travers une pétition en ligne, les signataires appellent l'Agence nationale des eaux et forêts à agir d'urgence contre l'arrachage des arbres centenaires et l'expansion urbaine sauvage. Cri de détresse « Nous appelons le Directeur général de l'Agence nationale des eaux et forêts à intervenir de toute urgence pour mettre fin au déboisment et pour stopper l'expansion du béton et les aménagements non durables qui dévastent la forêt de Maâmora ainsi que les parcs forestiers avoisinants», indique à L'Observateur du Maroc et d'Afrique, Ayoub Krir président de l'Association Oxygène pour l'environnement et la santé, initiatrice de la pétition. « S'étalant sur une superficie de 300.000 hectares, ce patrimoine national est aujourd'hui en danger » alerte ce chercheur en aménagement du territoire et en développement durable. Ce dernier évoque par ailleurs un « déclin dramatique » et appelle les citoyennes et citoyens à se mobiliser à travers cette pétition électronique. Lancée sur la plateforme Sawt, spécialisée dans les initiatives environnementales et climatiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, la pétition est adressée directement au directeur général de l'Agence nationale des eaux et forêts. Amputée de sa moitié Objectif ? « Sauver la Maâmora du déboisement massif, du bétonnage galopant et des aménagements anarchiques qui menacent son équilibre écologique », énumère Ayoub Krir. Dans son cri de détresse, l'association Oxygène et les signataires de la pétition appellent l'ANEF à intervenir de toute urgence pour sauver Maâmora d'une dangereuse dégradation. « La situation de Maâmora est devenue extrêmement critique à tous les niveaux », revient à la charge Krir. D'après ce dernier, la forêt a perdu presque la moitié de sa superficie. Sa densité forestière s'effondre d'année en année en augurant sa disparition si sa destruction continue sur la même cadence. Selon le président d'Oxygène, la Maâmora subit une double pression : naturelle et humaine. D'un côté, les incendies, les maladies des arbres, les vagues de sécheresse et la raréfaction des ressources en eau qui fragilisent son écosystème. De l'autre, l'exploitation abusive et les coupes incontrôlées entraînent la perte de milliers d'hectares chaque année. « La forêt n'a plus la capacité de s'adapter aux/et à cause des changements climatiques », poursuit Krir. « Elle souffre de pollution, de la perte de biodiversité et du recul inquiétant de la nappe phréatique de essentielle à la sécurité hydrique nationale». L'association dénonce également le grignotage urbain et les constructions sauvages qui défigurent la forêt, la transformant peu à peu en une zone menacée, alors qu'elle constituait autrefois un espace de ressourcement pour les habitants de la région. Inverser la tendance « Nous réclamons le lancement d'un programme national de réhabilitation globale, visant à restaurer et revaloriser cet espace écologique à travers la reconstitution des zones déboisées et le reboisement selon une approche scientifique et participative », indique la pétition. « Ce programme devrait permettre de valoriser la forêt et les parcs forestiers en tant que patrimoine environnemental, économique, sanitaire et touristique, au service des populations et au bénéfice du développement durable », détaille de son côté Ayoub Krir. La pétition appelle également à la création de nouveaux parcs naturels adaptés aux besoins des citoyens, pour préserver la qualité de l'air, de l'eau et l'équilibre écologique. « Bien plus qu'un espace vert, Maâmora est un patrimoine national et humain, une richesse environnementale qui protège la biodiversité. Sa préservation est une responsabilité collective pour protéger l'avenir des générations à venir », argumente le président d'Oxygène. Il convient de rappeler que la forêt de Maâmora abrite l'une des plus importantes nappes phréatiques du Maroc. « Elle constitue un pilier essentiel de la sécurité hydrique nationale. La destruction de cette forêt représente donc une menace directe pour cette ressource vitale, à un moment où notre pays traverse une crise hydrique et une sécheresse croissante », ajoute Krir. «La détruire, c'est menacer notre santé, nos ressources en eau et notre mémoire naturelle », conclut l'activiste. Inscrite dans le cadre du plan national 2022-2027, la stratégie de l'ANEF pour la préservation de Maâmora s'articule sur plusieurs axes et actions : surveillance renforcée (affectation de neuf gardiens forestiers), réhabilitation de pistes forestières (Plus de 100 Km) pour faciliter l'accès et renforcer la lutte contre les feux, opérations de reboisement dans les zones les plus dégradées et conventions avec les communes pour mieux gérer les déchets (Une enveloppe de 15 millions de dirhams).