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"Un véritable boulet stratégique"
Publié dans L'observateur du Maroc le 28 - 05 - 2010

«Israéliens et Palestiniens ne résoudront pas leur conflit par des négociations bilatérales» Robert Malley  ex-conseiller de Bill Clinton pour le Proche-Orient.
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L'Observateur du Maroc Peut-on attendre quelque chose des pourparlers indirects entre Israéliens et Palestiniens ?
Robert Malley Pour moi, la question essentielle ne concerne pas la forme des pourparlers. Qu'ils soient directs, indirects, ou qu'ils relèvent d'une autre formule originale, qu'importe ! La question est de savoir si, premièrement, les conditions existent aujourd'hui pour aboutir à un accord de paix et si (comme je le crois) la réponse est non, que faut-il faire pour qu'il en soit autrement ?
Partons de quelques principes de base: le premier, c'est qu'Israéliens et Palestiniens ne résoudront pas leur conflit par la voie de négociations bilatérales. On a déjà essayé à maintes reprises et, pour diverses raisons ayant trait aux rapports de forces, à la méfiance réciproque et aux contraintes politiques de part et d'autre, cela a échoué. Ensuite, un mouvement national palestinien éparpillé et divisé comme, hélas, il l'est actuellement est mal placé pour conclure un accord historique. Troisième constat : un appui direct, soutenu et consensuel du monde arabe est essentiel. Sans cela, les Israéliens verront peu d'avantages à un accord - puisqu'ils recherchent avant tout des relations normalisées avec la région dans son ensemble -  et les Palestiniens manqueront de «couverture politique» pour aboutir.  Corollaire logique : la paix entre Israël et l'OLP exige désormais une paix entre Israël et la Syrie.
Mettez toutes ces considérations ensemble et vous aboutissez à une nouvelle «feuille de route» : il faudra que les Etats-Unis changent de politique vis-à-vis de Damas et que reprennent les négociations entamées en 2008 par la Turquie; que l'Occident revoie son attitude vis-à-vis d'une éventuelle réconciliation inter-palestinienne et enfin que le président Obama, après avoir rallié la communauté internationale et le monde arabe en particulier, prenne au moment opportun l'initiative de présenter sa vision d'une résolution équitable du conflit.
Dernière remarque : on a tendance à dire que l'on connaît la solution du conflit israélo-palestinien. C'est en partie vrai, mais en partie seulement. Durant les innombrables pourparlers qui ont suivi les accords d'Oslo, ce sont les intérêts de ceux qui sont le plus capables de faire échouer les négociations qui ont été le moins pris en compte : les réfugiés, la diaspora et les islamistes côté palestinien ; les religieux et les colons côté israélien. Bien sûr, on ne pourra jamais les satisfaire entièrement. Mais ne pourrait-on pas faire un effort pour prendre en considération leurs aspirations et leurs espoirs ?
Ces pourparlers indirects constituent-ils, comme le pensent de nombreux Palestiniens, la dernière tentative des Etats-Unis pour enclencher une solution négociée avant d'envisager la convocation d'une conférence internationale ?
Je ne m'avancerai pas trop, d'une part parce que l'administration américaine est très discrète, d'autre part parce que je ne suis pas entièrement convaincu qu'elle sache elle-même ce qu'elle entend faire. Il semble y avoir plusieurs points de vue au sein de l'équipe qui conseille Obama : ceux qui estiment qu'un accord global est hors de portée, ceux qui sont persuadés de l'importance des négociations et enfin ceux qui pensent qu'il faut mettre un plan américain sur la table. Pour l'instant, tous convergent sur le plus petit dénominateur commun, c'est-à-dire les discussions indirectes. C'est après que les différences se manifesteront : lorsque ces pourparlers auront été au bout de leur utilité, ira-t-on vers des négociations directes, la présentation de propositions américaines - peut-être sous l'égide d'une conférence internationale - ou vers autre chose encore ?
L'administration américaine serait décidée à ne pas s'opposer à l'adoption d'une résolution du Conseil de Sécurité condamnant la colonisation israélienne. Cette évolution majeure est-elle d'actualité ?
La rumeur a circulé avant d'être démentie. Ce que l'on sait, c'est que le président américain a promis à Mahmoud Abbas qu'en cas de provocation israélienne, les Etats-Unis prendraient les mesures nécessaires. Résolution du conseil de sécurité ou autre chose, on verra. On verra aussi ce que Washington estime être une provocation, car sa définition risque de ne pas être la même que celle des Palestiniens. Je crains que l'attente ne soit pas longue car on annonce déjà de nouvelles constructions à Jérusalem-Est.    
Régler le problème palestinien constitue-t-il une priorité pour Barack Obama au même titre que l'Afghanistan ou l'Iran ?
Non, en ce sens que les troupes américaines combattent et meurent en Afghanistan et que la possibilité d'une bombe nucléaire iranienne est perçue - à tort ou à raison - comme un défi important pour l'Amérique qui remettrait en cause et le traité de non prolifération nucléaire et l'équilibre stratégique au Moyen Orient.
Cela dit, Obama semble considérer - et c'est là une des nouveautés de son administration - toutes ces questions comme étant intimement liées au problème palestinien et à l'issue du conflit israélo-arabe. Le président ainsi que tous ses conseillers civils et militaires l'ont dit et répété : la résolution de ce conflit représente désormais un intérêt vital pour les Etats-Unis. C'est significatif, bien qu'il faille faire la part des choses, cette administration et ces mêmes conseillers ayant aussi indiqué qu'il n'était pas question que les Etats-Unis veuillent résoudre le conflit plus que les parties elles-mêmes. Intérêt vital ou intérêt subordonné à la volonté des protagonistes, il faudra bien choisir…
La tension entre Washington et Tel Aviv constitue-t-elle une rupture plus symbolique que réelle ou au contraire une crise profonde ?
Dans ses fondements, la relation reste solide et je ne doute pas qu'elle le demeurera. Il y a trop d'histoire commune, d'intérêts convergents et même d'affinités politico-culturelles pour qu'il en soit autrement. Cela ne veut pas dire pour autant que la récente discorde soit une simple dispute de façade. Je l'ai dit : l'administration Obama considère comme essentielle la résolution du conflit israélo-arabe et estime que son prolongement représente un véritable boulet stratégique.  
Cette divergence de vues sur les dynamiques régionales, sur la question de savoir si les différents dossiers (Palestine, Iran, lutte contre le terrorisme) sont interconnectés, sur les priorités du moment n'est pas entièrement nouvelle. Mais elle s'est approfondie pour trois raisons : la présence de dizaines de milliers de soldats américains  dans la région - qui a accentué aux yeux des stratèges et des militaires américains le poids du conflit israélo-arabe; l'élection de Barack Obama qui, par son parcours politique et personnel, est plus sensible aux dégâts causés par le prolongement sans fin du conflit et, enfin, la nature de la nouvelle coalition gouvernementale israélienne qui semble s'éloigner dangereusement de toute perspective réaliste de paix.  
C'est le problème : peut-on envisager la paix avec l'équipe au pouvoir en Israël ?
On peut donner deux réponses très différentes, contradictoires même.  La réaction la plus naturelle, et donc la plus répandue, est négative. Cette coalition ne semble pas pouvoir accepter les concessions de celles qui l'ont précédée, lesquelles étaient déjà considérées comme insuffisantes par les Palestiniens. D'où ce scepticisme prononcé parmi les officiels arabes, européens et même américains.
Il y a un autre point de vue, minoritaire mais qui mérite qu'on s'y attarde. Le gouvernement de Nétanyahu incarne aujourd'hui un certain consensus israélien. Si le Premier ministre peut se permettre de tenir tête à Obama, c'est en grande partie parce qu'il jouit du soutien d'un nombre important de ses citoyens - dubitatifs à l'égard des Palestiniens, désillusionnés par le processus de paix, obsédés par l'issue périlleuse des deux désengagements territoriaux les plus récents, du Sud Liban et de Gaza. Une paix signée et avalisée par cette coalition, à supposer que ce soit possible, bénéficierait de l'appui de l'immense majorité du pays et résisterait donc bien mieux aux inévitables attaques dont elle ferait l'objet. C'est là une considération non négligeable que, me semble-t-il, l'équipe Obama n'ignore pas.   
Reste le côté palestinien. Peut-on envisager de réelles négociations sans parler avec le Hamas qui contrôle toute la bande de Gaza ?
On peut toujours négocier sans le Hamas - en fait, c'est le contraire qui serait difficile car ni l'organisation islamiste ni Israël ne désirent se parler. On peut même à la rigueur obtenir un accord de paix. Mais cela ne répond qu'à moitié à la question.  
Pour moi, l'important est de savoir si un mouvement national divisé et déchiré peut accepter un compromis historique, le faire avaliser par son peuple et le mettre en œuvre de façon durable et convainquante. Je ne connais personnellement pas de précédent. L'affaiblissement du Fatah, la rupture avec le Hamas puis la scission entre la Cisjordanie et Gaza  : tout cela constitue une tragédie pour le peuple palestinien mais aussi et surtout pour tout espoir d'une paix viable et solide.
On parle de la proclamation unilatérale d'un Etat palestinien en 2011. L'administration américaine travaille-t-elle sur ce scénario et est-il de nature à forcer le processus politique ?
Non, les Palestiniens - que ce soit Mahmoud Abbas ou Salam Fayyad - ont clairement indiqué qu'ils n'envisageaient pas de déclaration unilatérale. Cependant, certains pensent peut-être - vraisemblablement plus en Europe qu'aux Etats-Unis, en Israël ou chez les Palestiniens - à la possible reconnaissance internationale d'un Etat indépendant. L'idée est attrayante, mais dangereuse. Le problème ne découle pas de l'absence d'un Etat palestinien. Il découle du conflit historique entre deux mouvements nationaux. Que ferait donc une reconnaissance formelle d'un Etat dans des frontières provisoires, à la souveraineté tronquée, dépourvue de capitale, et sans résolution des questions cruciales qui déchirent Israéliens et Palestiniens depuis plus d'un demi-siècle - portant notamment sur le sort des réfugiés palestiniens et l'acceptation par la région d'un Etat pour le peuple juif ?


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