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Kadhafi, la démocratie, l'Afrique et l'islam
Publié dans L'observateur du Maroc le 01 - 04 - 2008

Interview de Moftah Missouri, conseiller du dirigeant libyen
Mouammar Kadhafi, « le Guide de la révolution de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste », a inauguré, mercredi, à Kampala, la capitale ougandaise, la plus grande mosquée d'Afrique subsaharienne qui porte son nom et dont la construction a été financée par son pays. Etait présent à ses côtés Moftah Missouri, l'un de ses plus proches conseillers. Politologue, linguiste et francophile érudit, il occupe le grade d'ambassadeur dans le corps diplomatique. Spécialiste de politique internationale, il est pressenti comme le prochain ministre des Affaires étrangères libyen. Il a accepté de s'exprimer sur quelques unes des déclarations et orientations politiques du dirigeant libyen.
Le Guide libyen Mouammar Kadhafi a inauguré la Mosquée nationale Kadhafi à Kampala, ce mercredi. Quels objectifs poursuit la Libye lorsqu'elle finance de tels projets ?
Moftah Missouri : La Libye, depuis quatre décennies, essaie de propager l'Islam à travers le monde. Cet objectif rentre dans son travail de coopération politique et culturelle avec les autres nations. Elle a été sollicitée en Ouganda. Donc, en construisant cette mosquée, elle a une fois de plus apporté son obole à la diffusion du message islamique.
Combien la Libye investit-elle chaque année dans ce type d'opérations et au total sur le continent africain ?
Moftah Missouri : La Libye aide les pays africains pas le biais d'associations islamiques, par sa Banque étrangère, par des accords bilatéraux entre Etats, par des investissements privés. Je ne peux vous dire exactement à combien s'élève cette aide. Mais si l'on prend, par exemple, le fond d'investissements que gère M. Béchir, l'ancien directeur de cabinet du Guide, il s'élève à six milliards de dollars. Et les investissements concernent aussi bien le secteur de la construction que ceux du gaz, du pétrole, de l'électricité, de l'hôtellerie…
Dans son discours, au stade de Kampala, mercredi après-midi, le Guide libyen a présenté l'islam comme « la seule religion universelle ». Ces propos, entre autres, ne sont-ils pas de nature à tendre les relations avec les croyants des autres confessions ?
Moftah Missouri : J'aimerais vous dire que l'islam littéralement veut dire soumission. Ce n'est pas la religion des Arabes, des Africains, ou des gens du Moyen Orient. C'est la religion de Dieu. Tous ceux qui font référence à Abraham, qui pratiquent le judaïsme, le christianisme ou l'islam partagent cette idée qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui est universel. Tous ceux qui disent qu'il n'y a qu'un seul Dieu sont musulmans. L'Islam libyen est très tolérant, vous savez. Il ne véhicule pas une conception fondamentaliste. Contrairement à ce qui peut se passer dans d'autres parties du monde musulman, il permet aux femmes de conduire, de piloter des avions, de pratiquer plusieurs métiers, de partir seules en voyage… C'est cet islam-là qu'on encourage, un islam modéré qui respecte les autres religions révélées.
Mouammar Kadhafi défend depuis très longtemps l'idée d'une unité africaine. Lorsqu'on voit à quel point le continent est divisé sur les plans politique, religieux et ethnique, n'est-ce pas complètement irréaliste ?
Moftah Missouri : Pour lui, c'est une conviction profonde. Car il constate que le monde est partagé en plusieurs espaces organisés. Vous avez les pays du Golfe, l'Union européenne, etc. Alors pourquoi ne pas créer une union, en Afrique, qui pourra discuter d'égal à égal avec les autres grands ensembles. De plus, un pays ne peut pas faire face seul à tous les problèmes liés au sous-développement. Donc, si l'on regroupe nos ressources financières, on peut faire des projets structurants. Mais, bien sûr, tous ceux qui sont contre cette unité ont peur, ils parlent d'une présidence et d'une armée unique dirigée par le Guide Mouammar Kadhafi. Tout cela est faux. Il n'a jamais envisagé les choses de cette façon. Il avait même demandé à l'Afrique du sud de présider cette union.
C'est l'état de la question de la liberté politique et de la liberté d'expression en Libye qui crée cette appréhension. En Occident, le régime libyen est généralement considéré comme une dictature…
Moftah Missouri : Il faut savoir que, lorsque les Occidentaux parlent de démocratie sur le plan des idées, ils font référence à leur système de démocratie parlementaire. Cependant, il y a trois type de démocratie : la démocratie parlementaire, qui a cours dans la plupart des pays d'Europe ; la démocratie semi directe, qui a cours en Suisse par exemple ; et la démocratie directe qu'exerce la Libye. Dans notre pays, c'est le peuple tout entier qui gouverne. Dans chaque quartier, il y a un Congrès populaire de base qui représente le pouvoir législatif local. Il est composé de cinq membres. Parmi l'ensemble de ces membres sont élus ceux qui forment le Congrès général du peuple, qui est le Parlement libyen. Quant au pouvoir exécutif, il est représenté au niveau de chaque quartier par un Comité populaire qui possède autant de membres (appelés « secrétaires populaires ») que le gouvernement, soit une vingtaine de personnes. Chacun est responsable d'un secteur bien précis. Ils forment le gouvernement du quartier. Donc, par exemple, dans une ville où il y a cinq quartiers, il y a cinq gouvernements. C'est parmi les membres de ces Comités populaires que sont choisis les ministres (appelés « secrétaires ») du gouvernement libyen. Par conséquent, chaque ministre est un secrétaire populaire, et de fait tous les ministères sont dirigés par les Comités populaires. Donc, ce qui me sidère dans la position des pays occidentaux, c'est qu'ils font semblant d'oublier cette réalité. Ils me rappellent l'industriel André Citroën qui avait répondu à l'un de ses ingénieurs qui lui demandait de varier la palette des couleurs des voitures fabriquées dans son atelier : « Choisissez n'importe quelle couleur, à condition qu'elle soit noire ! » Donc, on n'est vraiment pas sorti de l'auberge quand le discours occidental se résume à : « Choisissez n'importe quelle démocratie, à condition qu'elle soit parlementaire ! »
Vous présentez la Libye comme une démocratie, pourtant Mouammar Kadhafi est en place depuis près de quarante ans...
Moftah Missouri : Il n'est pas le président libyen. Il est le Guide de la Révolution. Donc, sur le plan administratif, il n'a pas de pouvoir. Il est comme l'Ayatollah Khomeiny en Iran. Il est le Guide de la révolution, et non le Guide de la révolution arabe, africaine ou libyenne.
La visite du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi en France, en décembre dernier, a fait beaucoup de bruit en dans l'Hexagone. Où en sont aujourd'hui les relations entre les deux pays ?
Moftah Missouri : Il faut savoir que le Guide libyen n'était pas venu en France seulement pour signer des contrats. Il s'est rendu en France, parce que le président de la République, Nicolas Sarkozy, l'a invité. Il a été très satisfait de la coopération entre les deux Etats et de l'accueil qui lui a été réservé. Il y a bien eu des éclats de voix de ci de là, mais nous Libyens ne nous immisçons pas dans les affaires intérieures des autres pays et la guéguerre franco-française entre partis opposés. Aujourd'hui, il n'y a plus de tabou entre la France et la Libye. Nos deux pays travaillent ensemble depuis longtemps. Les relations avec la France n'ont jamais été interrompues. Feu le président François Mitterrand, par exemple, était venu rencontrer en courrant le Guide de la révolution, en Crète, en 1984, après sa première élection. Mais nous devons reconnaître qu'avec le nouveau président de la République, nous avons des relations plus franches, plus directes. C'est un homme qui dit ce qu'il pense. Et sur des projets portés par Nicolas Sarkozy tels que l'Union méditerranéenne, par exemple, nous avons donné notre accord de principe.
Pourquoi juste un accord de principe ? Sur quels points n'avez-vous pas réussi à vous entendre ?
Moftah Missouri : Nous avons un désaccord majeur sur la participation d'Israël à cette union. Comme les autres pays arabes, nous n'acceptons pas le sort qui est fait au peuple palestinien. Au-delà, nous estimons que la partie asiatique du monde arabe (Israël, Palestine, Liban, Jordanie, Turquie…) ne doit pas faire partie de l'Union méditerranéenne, pour des raisons qui diffèrent selon les pays. Pour ce qui concerne la Turquie, par exemple, nous n'admettons pas l'oppression qu'elle exerce sur la minorité kurde.


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