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Le triste destin des migrantes subsahariennes devenues mendiantes
Publié dans L'observateur du Maroc le 08 - 10 - 2020

Elles sont arrivées au Maroc en quête de meilleurs lendemains... Mais elles n'ont trouvé qu'exclusion sociale et pauvreté. Triste destinée pour ces mères et ces enfants livrés à leur sort.

Par Hayat Kamal Idrissi
Kashka, une histoire de migration
Kashka est arrivée au Maroc peu de temps avant le déclenchement de la pandémie du Covid-19, alors qu'elle était enceinte de deux mois. Mal tombée, cette jeune nigériane va se retrouver vite dans une situation très difficile. Sans sources, sans repères et confinée en plus. « Je ne trouvais pas de quoi manger. Sans l'aide de quelques compatriotes j'aurais pu mourir de faim ! », nous raconte-t-elle. Après la naissance de son bébé, Kashka n'a pas d'autres choix que de sortir mendier.
Avec d'autres migrantes subsahariennes, la jeune mère investit les ronds-points casablancais. Bébé au dos, elle sort tôt de la chambre partagée avec ses deux compatriotes dans l'ancienne ville, pour « chercher de quoi nourrir Jude et survivre », raconte-t-elle, avec circonspection. Kashka a fuie son Nigéria natal suite à une querelle familiale à cause de sa grossesse. Une histoire comme tant d'autres et un destin partagé par de nombreuses migrantes subsahariennes, venues au Maroc en quête d'un avenir meilleur mais qui ont été aussitôt confrontées à une réalité autre.

Extrême précarité
« Pas besoin d'avoir fait des études pour comprendre l'extrême précarité dans laquelle vivent les migrantes subsahariennes pratiquant la mendicité sur les ronds points », commente le sociologue Mehdi Alioua. Ayant mené plusieurs travaux sur les phénomènes migratoires, le chercheur nous brosse les contours de trois profils de migrantes subsahariennes vivant dans la précarité sur le sol marocain.
« Nous rencontrons en fait trois catégories : Les réfugiées de guerre. Celles qui ont fuie la guerre et qui sont tombées dans la pauvreté pendant leur trajectoire. Avec différentes histoires migratoires, elles échouent dans la même situation d'exclusion sociale. La deuxième catégorie inclue les migrantes qui essaient de passer en Europe via le Maroc et qui, en cours de route, étaient victimes de viol, de violence ou de vol. Vivant loin de leurs communautés d'origine, elles se retrouvent complètement désocialisées. Il y a aussi la catégorie des femmes qui étaient pauvres et qui vivaient déjà dans l'exclusion sociale dans leur pays », énumère Mehdi Alioua.
Des catégories et des profils de femmes issues d'une errance africaine affrontant seules un destin marqué par la précarité et l'exclusion sociale. Arrivées en terres étrangères, elles devraient s'adapter et survivre. Si certaines communautés sont assez présentes et assez organisées pour orienter et accompagner les nouvelles arrivantes, ce n'est malheureusement pas le cas pour tout le monde.
Seules...
« Il y a des migrantes subsahariennes qui sont organisées en communauté avec leurs sœurs, leurs frères et leur concitoyens. Même si parfois, ils sont tous en situation précaire, des solidarités familiales et communautaires fonctionnent bien et offre une certaine stabilité sociale », note le sociologue. Ce dernier évoque l'exemple de la communauté sénégalaise et malienne qui ont une histoire longue de la migration au Maroc et qui arrivent à bien encadrer les migrants. « C'est en fonction d'où l'on vient et de l'histoire de migration de la communauté au Maroc. Une sénégalaise ne vivra pas forcément les mêmes types de précarité qu'une nigérienne ou une congolaise », ajoute Alioua.

Si la situation socio-économique de ces migrantes subsahariennes était déjà précaire, la pandémie du Covid-19 a encore aggravé les choses pour elles. Privées de leurs petits emplois, plusieurs ont étaient obligées de sortir mendier pour survivre elles et leurs enfants. « Beaucoup de personnes galèrent. Leurs emplois perdus, elles n'ont pas accès aux allocations et n'ont pas de quoi payer leur loyer. Ils n'ont rien à manger non plus », explique Aimée Lokake, secrétaire générale du Conseil des migrants subsahariens au Maroc. En pleine période de confinement, cette dernière s'alarmait quant à la situation particulièrement critique de 180 femmes célibataires et de 35 mineurs non accompagnés et orphelins originaires de la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Nigeria, la Sierra Leone et le Cameroun. Assistés par l'association de soutien aux femmes et aux enfants au Maroc (SFE), elles n'avaient cependant pas de revenus.
Travaillaient auparavant comme domestiques ou prostituées, elles se sont retrouvées en extrême précarité. « Le principal problème de ces femmes au Maroc, c'est qu'elles sont exclues de la société. Elles ne trouvent pas leur place et rien n'est fait vraiment pour leur permettre de vivre dignement et de les intégrer dans les circuits de solidarité sociale organisée », tranche le sociologue avant d'ajouter « La mendicité reste leur seul recours ! ».
Quel avenir ?
Bébés au dos, enfants à la main, de jour comme de nuit, on les voit ainsi courir les ronds-points sans soupçonner les drames qui se trament derrière. Malgré les aides des associations communautaires, de l'église catholique, les actions solidaires et les dirhams de compassion récoltés aux feux rouges, la situation de ces mères et de ses enfants n'en est pas moins vulnérable. « Malheureusement dans notre pays le droit d'asile n'est pas suffisamment protégé et il n'est pas facilement accordé. Et même si, il ne donne aucun droit social pour l'instant. Pas de pension, aucune aide financière et très rarement des accompagnements pour trouver un emploi comme c'est le cas dans les pays européens », regrette Mehdi Alioua. Le sociologue évoque toutefois « Des accompagnements au niveau de l'ANAPEC mais aussi au moment où le Souverain avait demandé qu'on accueille des migrants dans les centres de formations au lancement de la nouvelle politique migratoire. Malheureusement nous n'avons pas été suffisamment à la hauteur de cette politique ambitieuse qui n'a pas été prolongée. Aujourd'hui, il est très dur pour ces femmes d'être aidées par l'Etat ». Livrée à elle-même, une réfugiée, même avec un bébé sur les bras, doit se débrouiller seule pour s'en sortir.
Véritable problématique, à qui incombe la responsabilité de la résoudre ? « Evidement la manière de résoudre le problème de ces femmes ne peut pas être unique et valable pour toutes. Mais il y a toutefois une approche globale se basant sur une assistance sociale par la régularisation et les droits sociaux », explique le chercheur. Pour ce dernier, le droit marocain considère effectivement que des mères avec des enfants en situation précaire sont passibles d'une assistance particulière. « Ca fait partie de notre humanité, de notre droit mais aussi de notre tradition musulmane. C'est peut être pour ça que beaucoup de personnes donnent l'aumône mais ce n'est pas suffisant. Ca doit être mieux organisé et à une échelle plus globale », conclut le sociologue.


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