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Maroc-Espagne : Les dessous d'une crise diplomatique passagère
Publié dans L'opinion le 22 - 12 - 2020

Entre le Maroc et l'Espagne, rien ne va plus ! Du moins sur les dossiers épineux du Sahara et des villes occupées de Sebta et Melilia. Mais la realpolitik finira par reprendre ses droits.
Alors même que tout semblait aller pour le mieux entre le Maroc et l'Espagne, la logique des crises cycliques entre les deux Royaumes est encore une fois respectée. Lundi, le ministère des Affaires étrangères du voisin ibérique a convoqué l'ambassadrice du Maroc à Madrid, Karima Benyaïch, pour le motif officiel d'obtenir des explications sur les déclarations tenues, deux jours auparavant, par le chef du gouvernement marocain concernant les deux villes marocaines occupées de Sebta et Melilia. Des déclarations considérées en Espagne comme un "casus belli diplomatique".
Samedi, lors d'un entretien consacré aux récentes victoires diplomatiques du Maroc dans le dossier sacré du parachèvement de notre intégrité territoriale, accordé à la chaîne satellitaire égyptienne Al Sharq-Tv, Sâadeddine El Othmani, acculé par l'insistance du journaliste qui l'interviewait, avait fini par lâcher qu'une fois le dossier du Sahara marocain bouclé, «le Royaume pourrait exprimer ses revendications sur Sebta et Melilia, un problème qui remonte à six siècles».
Bourrasque diplomatique
Il n'en fallait pas plus pour susciter une véritable bourrasque au sein de l'opinion publique espagnole, récupérée et alimentée par une classe politique plus que jamais infiltrée par l'extrême droite. Sans surprise, le La de cette réaction épidermique est donné par VOX, la formation politique conservatrice, raciste, chauvine et traditionnaliste, réputée pour ses prises de position hostiles au Maroc. Son sulfureux leader, Santiago Abascal, va jusqu'à accuser l'Exécutif de Pedro Sánchez de lâcheté face aux «menaces expansionnistes du Maroc qui sent la peur de notre gouvernement», assénera-t-il.
Ciudadanos, le parti centriste de droite, n'est pas en reste. José Ramon Bauza, son député au Parlement européen, demandera à l'Union Européenne de soutenir l'Espagne face aux «agressions marocaines», au même titre qu'elle a soutenu la Grèce et Chypre contre les «agressions» de la Turquie à l'encontre de laquelle l'UE vient de décréter des sanctions économiques.
C'est dans cette ambiance tendue que l'ambassadrice marocaine à Madrid est convoquée lundi par la diplomatie espagnole qui publie le même jour un communiqué au ton vindicatif : «L'Espagne attend de tous ses partenaires le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de notre pays et elle a demandé (à l'ambassadrice) des explications sur les déclarations du Premier ministre marocain», a en effet indiqué le ministère espagnol des Affaires étrangères dans ce communiqué publié à la suite de l'entretien avec Karima Benayaïch.
Crise passagère ?
Cette crise entre le Maroc et l'Espagne, certainement passagère comme celles qui l'ont précédée et celles qui vont lui succéder, pourrait, a priori, être interprétée comme une énième manifestation de l'amateurisme diplomatique de notre chef du gouvernement qui n'a visiblement rien retenu de son passage éclair à la tête du ministère des Affaires étrangères marocain. Quoiqu'elle exprime parfaitement la tendance générale au sein de l'opinion publique nationale concernant les villes occupées de Sebta et de Melilia, la sortie d'El Othmani a péché par excès de naïveté et de manque de retenue du fait qu'elle intervient dans le contexte volatil et sensible de la percée marocaine au Sahara. «Le Maroc, alors qu'il avance à pas de géant dans la résolution du dossier du Sahara, autrement plus stratégique et dans lequel il fait face à une résistance acharnée de la part des ennemis de son intégrité territoriale, n'a aucun intérêt à ouvrir, pour le moment, un nouveau front avec l'Espagne», commente un observateur averti de la scène politique marocaine. En cela, la sortie du chef du gouvernement s'apparente à une bourde. Il serait toutefois injuste de mettre la responsabilité de l'actuelle crise avec l'Espagne sur le dos déjà suffisamment alourdi du seul Sâadeddine El Othmani.
Bien avant l'interview du chef du gouvernement, les signes annonciateurs étaient nombreux. En tête de ces signes, l'annulation subite et inexpliquée de la visite officielle que devait effectuer au Maroc, à compter du 17 décembre, Pédro Sanchez, le Premier ministre espagnol, en compagnie d'une importante délégation ministérielle et patronale. Déprogrammée le jeudi 10 décembre, quelques minutes après la série de Tweets historiques du Président américain Donald Trump reconnaissant la marocanité du Sahara, cette visite était annoncée comme celle de la concorde et de la détente des relations entre les deux pays confrontés depuis plusieurs mois dans un bras de fer non déclaré autour des villes occupées de Sebta et de Melilia. Alors que Rabat clame sa volonté de mettre fin à l'hémorragie de la contrebande qui saigne son économie nationale et locale au niveau de la région du Nord, Madrid accusait le Maroc de vouloir asphyxier les deux villes par une offensive économique (zones franches de Tanger et Fnideq) et infrastructurelle (ports de Tanger Med et de Nador West Med) des plus agressives visant à les ruiner à court terme, pour pouvoir ensuite les récupérer.
Coup de massue
Dans ce bras de fer géostratégique, le Maroc brandissait la carte de la lutte contre la contrebande, l'immigration clandestine et le trafic de drogue. En parallèle, l'Espagne mettait en avant le partenariat économique et commercial avec l'Union Européenne, et surtout, plus que tout, son soutien officieux, timide et ambigu aux revendications marocaines sur son Sahara. Acculée par les percées diplomatiques du Maroc dans ce dossier, notamment après la multiplication des ouvertures de consulats, dont celui des Emirats Arabes Unis qui préfigurait un changement total de paradigme dans cette crise régionale, l'Espagne, ancienne puissance coloniale, a senti le vent tourner durant les dernières semaines, réduisant ainsi sa marge de manœuvre au Sahara. D'où la concession significative accordée au Maroc à la veille de la visite de Pédro Sanchez, avec l'exclusion de la délégation espagnole de Pablo Iglésias, tonitruant leader du parti d'extrême gauche Podemos et néanmoins ministre et deuxième vice-président du gouvernement, réputé pour son hostilité envers la cause nationale du Maroc.
La reconnaissance américaine historique de la marocanité du Sahara décrétée et instituée par Donald Trump le 10 décembre vient parachever cette sensation de prise au dépourvu que ressent une Espagne plus que jamais larguée sur ce dossier dont elle s'est longtemps servie comme levier diplomatique pour dicter ses désidératas économiques et politiques au Maroc. Preuve en est la sortie débridée et pour le moins inopportune de la pourtant très aguerrie et posée Arancha González Laya sur la chaîne Onda Cera. La ministre espagnole des Affaires étrangères, dans un élan d'ingérence décomplexée, a clairement affiché la volonté de son département d'interagir avec la future Administration du nouvellement élu président américain Joe Biden, afin de faire infléchir la reconnaissance des Etats-Unis de la marocanité du Sahara vers un cadre basé sur le «multilatéralisme». Vue sous cet angle, la sortie légitime, mais maladroite d'El Othmani, résonne comme une réplique aux propos de la chef de la diplomatie espagnole.
Majd EL ATOUABI
Repères
Liaison fixe
Dans le sillage des préparatifs de la visite annoncée puis annulée de Pédro Sanchez au Maroc, un vieux dossier stratégique aux allures de rêve avait refait surface. Il s'agit de la liaison fixe, ferroviaire et routière, entre le Maroc à l'Espagne sous le détroit de Gibraltar portée et voulue par le Maroc depuis le règne du regretté Roi Hassan II. Une réunion organisée récemment entre le nouveau président exécutif et le secrétaire général de la Société espagnole d'études pour la communication fixe à travers le détroit de Gibraltar (SECEGSA) et le Maire de la ville espagnole de Tarifa augurait de sa renaissance. Selon les études menées par SECEGSA, le projet le plus faisable se présente comme un tunnel d'une longueur de 38,67 kilomètres avec une section sous-marine de 27,75 kilomètres sur une profondeur maximale de 475 mètres. La crise actuelle entre le Maroc et l'Espagne entraînera-t-elle son enfouissement dans les abysses de l'oubli pour une énième fois ?
Sebta et Melilia en apnée
En février 2020, à l'occasion d'une interview avec l'agence de presse espagnole EFE, Nabyl Lakhdar, le directeur de l'administration des douanes et impôts indirects, avait révélé l'ampleur économique de la contrebande émanant de Sebta et de Melilia. Il en ressort que 80% des produits qui transitent par ces deux villes dépourvues de toute production industrielle et véritables plaques tournantes de la contrebande, vont vers le Maroc. Ce qui représente un chiffre d'affaires de 15 à 20 milliards de dirhams, une manne économique stoppée net par la fermeture des postes frontières de ces deux villes qui se retrouvent asphyxiées après le tarissement des canaux de la contrebande.


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