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La chanson marocaine entre authenticité et renouveau
La parole aux jeunes…
Publié dans L'opinion le 05 - 10 - 2009

Ils jonchent de plus en plus la scène artistique marocaine et trouvent leur compte dans un genre musical nouveau, hétéroclite, le défendent contre vents et marées et s'imposent contre une razzia féroce, celle du lèse-droit…
Il n'y a pas longtemps, les artistes marocains fuyaient vers des cieux plus favorables afin d'imposer leur art. Aujourd'hui, les plus jeunes ont trouvé «chaussure à leur pied» en expérimentant un croisement de genres musicaux qui surprit d'abord, puis qui ravit. Un nouveau style musical émerge au Maroc et qui réinvente le patrimoine culturel et musical marocains et ce par l'introduction d'assonances suggérées par les différentes musiques du monde, plus connue dans le milieu musical par «fusion» des styles.
Wikipédia, l'encyclopédie virtuelle, définit ce nouveau genre comme «un terme qui fut utilisé, essentiellement dans les années 1990, pour désigner des groupes de musique qui mélangeaient volontairement des éléments issus de différents courants musicaux, particulièrement le rock et le rap, mais également d'autres styles comme funk, punk, ska, reggae ou metal, entre autres». A ne pas confondre avec la fusion jazz-rock, bien que le mélange des genres soit similaire.
Des surnoms aux échos inhabituels, à cheval entre l'arabe et l'anglais, parfois français ou espagnol, les nouveaux groupes musicaux ont fait leur apparition en force et ont imposé un style inhabituel vite adopté par les jeunes générations, surtout. Tenues «cools» et décontractées, casquettes et breloques au cou ou au doigt, coupes et mèches rebelles et colorées, ou mines sages et enjouées, chacun exhibe sa mode et son genre pour le bonheur d'accros à une musique moderne mais dans le dialecte marocain qui exprime le mieux les joies et déboires bien de chez nous… Mayara Band (Fusion reggae), Third World (Reggae, Jamaïque), Beniaz (Fusion lounge jazzy), Gnawa Stone (Rock gnaoui), Hoba Hoba Spirit (Rock fusion)… mais encore Sy Mehdi (Raï fusion), Sami Ray (Raï Rap)…
Nous avons choisi quelques noms au hasard pour les faire parler de leur passion et ils se sont prêtés au jeu avec grâce… Los Desperados, Mayara Band, Nabyla Maan et le même hasard a fait que leurs noms se suivent-dans l'alphabet- mais leur art ne se ressemblent pas.
Après avoir remporté, grâce à leur originalité et leur créativité Génération Mawazine 2007 et le Tremplin l'Boulevard en 2008, Mayara Band est aujourd'hui l'un des groupes les plus connus au Maroc. Les rythmes Gnawis sont le fondement de la fusion de Mayara, sans pour autant s'y limiter : Funk, raï, reggae ou encore flamenco… Les musiciens du groupe repoussent les limites et s'aventurent dans tous les recoins musicaux. Les 7 compères Mayara, unis en 2006, se retrouvent discrètement, à faire croître leur talent et leur amour pour la musique, Omar l'un des membres du groupe nous raconte leur parcours, leurs projets et leurs ambitions. (Membres du groupe: Bakheir Ayoub: choeurs, guembri, percussion. Belkhdar Tawefik: percussion, choeurs. Bahi Oussama: claviers. Omar El Khaldi: guitare. Ghannam Farid: chant, basse, guembri . Gounsany Ali: batterie, choeurs. Sidki Adnane: choeurs , percussion).
L'Opinion: Pouvez-vous revenir sur la naissance de votre groupe ?
Mayara Band: «Tout a commencé en 2006 quand Farid, le chanteur-bassiste, Ayoub et Rabie, un ancien membre du groupe, ont décidé de faire de leur trio de musique traditionnelle un groupe de fusion riche en rythmes, mélodies et harmonies. Ils ont dû rassembler par la suite tous les autres membres du groupe, y compris moi- même pour commencer cette belle aventure. Le nom Mayara signifie la paix en dialecte gnaoui. C'est le nom idéal pour nous et pour nos chansons.
L'opinion : Comment définissez-vous alors votre style musical ?
Mayara Band: pour éviter la monotonie, nous essayons toujours de diversifier nos sujets, notre but essentiel étant de transmettre un message de paix comme signifie le nom de notre groupe. Nous avons chanté l'amour, la paix, la drogue et la délinquance des jeunes.
Notre musique est très variée aussi, et nous sommes ouverts à tous les styles musicaux. Certes, nous ne sommes pas un groupe de Reggae ou de Ska, mais on peut dire que notre musique est plutôt gnaouie, mélangée au funk. Nous estimons que notre groupe est sur la bonne voie puisque nous avons intégré le monde du professionnalisme et ce, en participant à plusieurs festivals en compagnie d'artistes de grande renommée.
L'Opinion: Vous avez connu lors de Génération Mawazine 2007 et L'Boulevard, en 2008, un grand succès. Que vous a permis cela, et quels sont les obstacles que vous rencontrez depuis?
Mayara Band: Depuis notre succès à Mawazine et à L'Boulevard, nous avons tenu à garder la tête sur les épaules et nous dire que nous devons travailler davantage pour être à la hauteur de notre public. Nous sommes actuellement en train d'enregistrer notre premier album. Je ne vous cache pas que nous trouvons beaucoup de difficultés puisque c'est une autoproduction. C'est à partir des cachets qu'on gagne à travers nos concerts que nous allons produire notre prochain album. Sans parler bien évidement du problème du piratage, qui fait des ravages dans le domaine des droits de l'auteur.
Notre but actuellement c'est de finir notre premier album, on vient d'enregistrer le troisième single intitulé Lmektab qui passera bientôt sur les ondes de la radio, sinon on est en train de préparer un nouveau répertoire avec de nouveaux arrangements pour nos prochains concerts.
L'opinion: Comment expliquez-vous cet engouement des jeunes pour la chanson du Rap, Fusion…? Et qu'en est-il de la chanson marocaine classique?
Mayara Band: en ce qui concerne le Rap je ne saurai vous répondre puisque ce n'est pas notre domaine, par contre, pour la fusion, je dirais que l'utilisation du dialecte marocain, des rythmes maghrébins, ainsi que des mélodies occidentales offrent plus de richesse à la musique. Pour la chanson marocaine, le Rap et les autres styles musicaux sont nos sources d'inspiration.
L'opinion: Quels sont les messages que vous souhaitez véhiculer à travers cet entretien ?
Mayara groupe : je dirai aux jeunes groupes qui viennent de commencer leur carrière qu'il ne faut jamais baisser les bras, malgré tous les obstacles, parce qu'il ne suffit pas d'avoir du talent pour avancer mais il faut aussi de la patience, de la persévérance et de la volonté.
Si Mayara band ont réussi à se faire une place remarquable dans la scène artistique marocaine c'est grâce à leur talent mais aussi à leur style musical. Si la fusion est la clé du succès de ce groupe, d'autres chanteurs ont réussi . Nabyla Maan en fait partie et en témoigne.
Nabyla Maan, à chacun sa parade
Jeune auteur-compositeur-interprète à 17 ans, Nabyla Maan, qui aura 22 ansen décembre une artiste au talent prometteur, une jeune femme sensible et sympathique qui aime la vie et la chante haut et forte de sa belle voix juvénile et en même temps vigoureuse: «Je suis marocaine, j'aime ma langue, le dialecte marocain. Il faut juste savoir trouver les mots qui peuvent être compris par tous les Arabes. Je chante aussi en français mais le dialecte marocain reste ma langue de chant préférée». Nabyla a trouvé la parade pour se faire entendre: chanter en marocain en évitant les termes étrangers aux autres Arabes. Mais il n'y a pas que le choix des mots qui a entrainé le succès la jeune artiste au succès. Nabyla a eu le privilège d'être prise sous l'aile d'une grande maison de production grâce à laquelle elle a pu produire deux albums: le premier, D'nya en 2005 et le second, Tayr Elali, en 2009. Le problème du piratage ne l'affecte donc pas. «En général les jeunes chanteurs sont confrontés aux problèmes financiers que peut engendrer la production. Quand ils arrivent à produire un album, c'est aux dépends de leurs propres moyens, de l'autoproduction en principe, et elle ne répond pas toujours aux normes internationales de production».
Elle chante la vie avec son bon côté et ses misères, l'amour, l'espoir qui, justement, fait vivre…
Si Nabyla a eu l'énorme chance de bénéficier des services d'une maison de production, d'autres jeunes talents arrivent tant bien que mal à s'autoproduire, quand ils n'y renoncent pas. Mokhtar El Ouardi a parlé à cœur ouvert de son expérience artistique et des embûches propres au parcours de l'artiste.
Mokhtar El Ouardi ou quand
la souffrance engendre l'art
Chanteur du groupe Los desperados, ce jeune chanteur de 26 printemps a la verve du chant dans le sang. Mokhtar El Ouardi, qui a inspiré le présent dossier, est l'exemple de l'artiste enthousiaste que rien ne rebute ni ne décourage pour exercer son talent. Il chante et joue de la guitare. Comme Nabyla, il chante la vie et l'espoir et essaie, à travers sa musique et son chant, de répandre les belles valeurs autour de lui.
Jouant aussi de la guitare, Mokhtar a choisi de fusionner plusieurs styles musicaux dont le genre marroco-flamenco. Ses chansons sont un hymne à la femme. Son premier single, Maghribya, célèbre une femme libre, belle et mystérieuse, au charme ravageur. Le croisement du rythme espagnol et du dialecte marocain donne une chanson subtile, qui plus est chantée par une voix charmeuse.
Il y a deux mois il vient de produire son deuxième single, Rah mazal y'ani qui sera commercialisé dans quelques jours, un single qui se veut un baume aux souffrances humaines: «c'est une dédicace très spéciale à tous ceux qui souffrent d'une maladie incurable. Ma chanson se veut un soutien et une incitation à garder espoir en une vie meilleure et en une probable guérison».
Son engouement pour le chant a commencé quand il avait sept ans; il reçut alors une orgue comme cadeau d'anniversaire, ce qui le porta à s'exercer à la musique. A dix ans, il maniait parfaitement la derbouka et à 15 ans il jouait sans faute de la guitare. Un parfait autodidacte qui a renoncé à des études universitaires d'économie pour pouvoir se consacrer à sa carrière. Véritable touche-à-tout et ayant le refrain facile -il a fait ses preuves au sein même du journal en fredonnant différents chants improvisés, s'accompagnant de musique à coups d'instruments chimériques vocaux- il chante Salsa, ray, flamenco mais encore musique classique arabe. Il chante au Maroc, en “marocain”: « la valeur de la chanson marocaine se perd et il nous incombe, nous les jeunes, de redorer son image. Je chante aussi en dialecte marocain d'abord parce que je suis fier de ma marocanité, Al Hamdolillah, et pour être proche d'un public qui parle d'abord sa langue maternelle».
Mokhtar a déjà participé à des festivals nationaux dont celui de Meknès en juillet 2008, à Bouznika, à Kénitra, à Rabat et Casablanca. Il a également chanté bénévolement dans des soirées de charité telles l'Opération «Smile» en 2005 et celle de Ramadan 2004 pour les sourds-muets, une soirée de collecte de dons en faveur des malades souffrant d'une insuffisance rénale chronique, en juillet dernier, au club de l'Agriculture de Hay Ryad, tenues toutes les trois à Rabat. Notre jeune chanteur avance sûrement mais lentement à cause de l'absence de financement qui lui aurait permis de produire des albums. En attendant, il continue à se produire dans différents restaurants-pubs de la capitale et à charmer ses fidèles admirateurs, qui, pour la plupart, viennent souvent pour écouter chanter une voix qui appelle à l'évasion et à l'exotisme…
Le Syndicat libre
des
musiciens marocains:
«On
encourage l'initiative»
Les groupes marocains émergents ne sont pas livrés à leur sort et peuvent compter sur le soutien du Syndicat libre des musiciens marocains, c'est ce qui ressort des propos du président du Syndicat, M. Mustapha Baghdad: «Peuvent adhérer au syndicat les musiciens, les paroliers, les poètes, les chanteurs, les compositeurs, les groupes folkloriques, les enseignants du chant et de la musique, mais aussi les jeunes groupes musicaux à condition qu'ils soient connus, qu'ils aient à leur effectif un répertoire musical et que leurs chansons soient diffusées à la télévision ou à la radio.
Il y a deux catégories d'artistes qui adhèrent au Syndicat: les membres, et qui sont les artistes marocains assez connus comme Samira Bensaid, Naima Samih, Abdelhadi Belkhyat, Abdelouahhab Doukkali…et qui jouissent de tous les droits octroyés aux artistes. La deuxième catégorie se forme d'artistes débutants, ceux qui ont produit 2 à 3 chansons, qui peuvent assister à l'assemblée générale du Syndicat mais ne peuvent pas encore intervenir par le vote, la revendication… jusqu' à ce qu'ils deviennent membres à part entière.
Ils doivent avoir aussi produit des albums. Autrement, ils doivent disposer d'une attestation délivrée par la radio-télévision ou d'un conservatoire de musique, ou posséder la carte des droits d'auteurs. Ils peuvent aussi nous délivrer un contrat de travail légalisé du métier qu'ils exercent».
Le Syndicat peut-il intervenir en cas de chansons à propos racistes, choquants ou indécents? «Nous refusons catégoriquement ce genre de chant et le dénonçons fortement, précise M. Baghdad. Mais nous n'avons pas l'autorité d'intervenir pour remédier à la situation. Nous intervenons pour les orienter, les encourager car nous incitons à l'initiative artistique, surtout qu'il existe des groupes jeunes qui ont fait preuve de présence sur scène par la recherche dans le patrimoine comme c'est le cas du groupe Fnair par exemple, pour ne citer que cet exemple, et qui nous font revivre les instants forts des groupes Nass El Ghiwan, Jilala, Assiham, Tagadda, Lamchaheb... En témoignent les festivals que nous organisons à travers le royaume tels que le festival de Marrakech, celui de la chanson marocaine qui rend hommage aux grands chanteurs marocains mais qui encourage aussi les jeunes talents, le festival de la chanson arabe à Casablanca où il y avait un concours de chant dans le but d'encourager les débutants et d'honorer les plus connus. La valeur artistique de la chanson est un tout: paroles, voix, rythme.
Il y aussi le problème des paroles qui ne riment pas avec la composition musicale, ray, rap, hip hop…et qu'on retrouve chez certains groupes, mais qui percent quand même et arrivent à se faire une place confortable dans le domaine du chant… Ils sont financés par l'Etat qui leur octroie un budget énorme, comme ce qui s'est passé durant la dernière édition de Mawazine. Il faut dire que la tâche du Syndicat est ardue car on milite depuis de nombreuses années pour faire respecter le cahier des charges. Je vous cite quelques exemples des points évoqués dans le cahier mais qui ne sont pas appliqués tels 75% de la production qui doit être nationale et qui ne l'est pas -alors qu'on remarque une grande promotion de la chanson libanaise par exemple aux dépends de la nôtre; nous avons de ce fait lutté pour que la deuxième chaîne télévisée manifeste plus d'intérêt aux artistes de chez nous-, 60 chansons doivent être enregistrées par an alors qu'on reste loin de cette moyenne…Si nous arrivons à faire entendre notre voix et à appliquer le cahier des charges nous rendrons un grand service à tous nos artistes, qu'ils soient “des vieux” du métier ou des débutants».
Le Syndicat n'est pas le seul organisme chargé de défendre les intérêts et les droits des artistes marocains, le Bureau Marocain des Droits d'Auteur est également chargé de protéger l'artiste et son œuvre.
Dispositifs et législation
pour garantir les droits
Le Droit d'auteur, assure la rémunération patrimoniale de l'auteur et sa protection morale. C'est-à-dire, il confère à son titulaire des droits patrimoniaux et moraux.
Les droits patrimoniaux concernent en effet le droit de reproduction, le droit de représentation, d'exécution publique, de radiodiffusion, d'adaptation, d'importation, d'arrangement, ou d'une quelconque transformation…et le droit de suite (droit de percevoir une rémunération lors de la revente, en vente publique ou par l'intermédiaire d'un commerçant de l'œuvre). Le droit de reproduction suppose en effet, la fixation matérielle ou l'introduction de l'œuvre dans un support: reproduction mécanique (pressage ou duplication dans un disque, ou CD...), graphique (imprimer la partition d'une musique ou les textes par exemple...), ou numérique…
Incessible et imprescriptible, le droit moral assure le respect de l'œuvre et de la personne de l'auteur et comporte le droit de divulgation (droit de la rendre publique), de paternité (celui d'en revendiquer la paternité), de repentir ou de retrait.
Ces droits survivent, en principe, en cas de cession ou d'oubli. Au Maroc, comme dans les pays du monde arabe, la réglementation de la propriété intellectuelle est relativement récente. Depuis toujours et jusqu'au XXe siècle, les droits d'auteur et créateur étaient inconnus. Un écrivain pouvait confier la reproduction et/ou l'édition de son manuscrit à plusieurs copistes en même temps et le possesseur d'un livre pouvait en disposer comme bon lui semblait. Il pouvait y incorporer des ajouts et même en modifier le contenu et proposer la nouvelle version à la vente pour son propre compte. Les traducteurs et adaptateurs d'œuvres aussi. En somme, une fois l'œuvre publiée, elle appartenait au public. Elle entrait dans le domaine public.
Ce n'est qu'en mars 1965, que le Maroc a crée le Bureau marocain du droit d'auteur (BMDA), chargé de la protection et de l'exploitation des droits d'auteur et des droits voisins.
Placé sous la tutelle du Ministère de la communication, le BMDA est un organisme de gestion collective, créé par Décret n° 2.64.406 du 5 kaada 1384, il est seul chargé de percevoir et de répartir les droits d'auteur sous toutes leurs formes existantes et à venir.
C'est un organisme pluridisciplinaire et nanti d'un monopole légal de représentation, s'occupe de toutes les catégories professionnelles d'auteurs. Il accorde les autorisations pour l'utilisation du répertoire protégé, perçoit les redevances de droits d'auteur y afférentes et assure aux auteurs la répartition des droits leur revenant. Son action, s'agissant de la perception des redevances de droits d'auteur, s'exerce non seulement dans les grands établissements: théâtres, cinémas, hôtels, night-clubs, casinos, concerts, mais encore dans les cafés, les restaurants, les magasins, les ciné-clubs, les sociétés musicales, les œuvres post-scolaires, les fêtes locales ou de quartier, les manifestations sportives, les expositions ou braderies, les sociétés d'amateurs, les sociétés de bienfaisance, les cours de danse, les fêtes foraines et les entreprises utilisant la musique fonctionnelle… La perception des droits s'effectue selon les trois catégories principales, en l'occurrence au titre des droits de radiodiffusion et de télévision, des droits généraux et des droits de reproduction mécanique.
Les redevances de droits d'auteurs perçues par le BMDA constituent en fait un salaire différé qui tient lieu de rémunération de l'auteur en contrepartie de l'exploitation de ses œuvres par des utilisateurs potentiels.
Les attributions et les activités du BMDA sont multiples et diverses, il s'agit entre autres de représenter le Maroc dans les organisations internationales compétentes en matière de propriété littéraire et artistique, de conclure des conventions ou accords avec les organismes d'auteurs étrangers pour garantir les droits des auteurs marocains à l'étranger, et de garantir la bonne gestion des intérêts des diverses sociétés étrangères d'auteurs dans le cadre des conventions ou accords passés avec elles.
Il a également comme mission l'organisation de campagnes de sensibilisation pour une meilleure compréhension du rôle de la protection des droits de propriété intellectuelle, l'enregistrement des déclarations permettant d'identifier les œuvres et les titulaires de droits et le contrôle de l'exploitation et de l'utilisation des œuvres littéraires et artistiques.
Le BMDA est le responsable également de la délivrance des autorisations préalables et écrites pour toute exploitation et utilisation des œuvres protégées, et des autorisations pour les utilisations des expressions du folklore lorsque celles-ci ont un but commercial ou se situent hors du cadre traditionnel ou coutumier.
Que dit la loi ? La première loi marocaine relative à la protection des œuvres littéraires et artistiques a été promulguée le 23 juin 1916 suivie de celles du 9 novembre 1926 et du 16 février 1927. Ces lois ont été abrogées et remplacées par celle du 29 juillet 1970, elle-même abrogée et remplacée par celle promulguée le 15 février 2000 et entrée en vigueur le 18 novembre 2000.
Pour mieux répondre aux défis soulevés par l'évolution technologique, et pour permettre au Maroc de s'acquitter pleinement des engagements qui lui incombent, des amendements à la loi n° 2-00 du 15 février 2000 ont été élaborés, et la loi n° 34-05 s'y rapportant a été promulguée par le dahir n° 1-05-192 du 14 février 2006.
Les principaux objectifs auxquels répondent les amendements de la loi contribuent, à l'amélioration du système national de protection des droits d'auteur et des droits voisins, au renforcement du rôle et de l'action du Bureau marocain du droit d'auteur, et à l'amélioration de la protection des titulaires de droits et des consommateurs contre les actes de contrefaçon et de piratage.
Cette nouvelle loi modificative a pour objectif de combler les lacunes juridiques constatées dans le domaine des nouvelles technologies de l'information et de la communication et pour répondre aux défis soulevés par l'avènement de l'ère numérique et les nouvelles formes qui en ont résulté.
Évidemment, ces dispositions législatives ont été prises de façon à mettre à niveau la loi nationale et qu'elle soit en phase avec le nouvel environnement international et en harmonie avec les Traités et Accords internationaux notamment l'Accord sur les ADPIC (Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce) de l'Organisation Mondiale du Commerce , les Traités Internet de l'OMPI: Traité sur le droit d'auteur (WCT), Traité sur les interprétations et exécutions et les phonogrammes (WPPT) et les Accords de Libre Échange (ALE) conclus par notre Pays avec d'autres Pays partenaires notamment les Etats-Unis-d'Amérique.
A préciser ici que le Royaume fait partie aux conventions et accords nationaux tels la Convention de Berne relative à la protection des œuvres littéraires et artistiques (9 septembre 1886), administrés par l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle OMPI, Accord Trips qui constitue l'annexe relative à la propriété intellectuelle de la Convention instituant l'Organisation Mondiale du Commerce, qui a été signé par notre pays à Marrakech le 15 avril 1994 et Convention Universelle sur le Droit d'Auteur (6 septembre 1952) administrée par l'UNESCO.
Les ravages du piratage
Certes, le Maroc a mis en place les mécanismes et les moyens nécessaires pour protéger l'auteur ainsi que son œuvre, mais il reste beaucoup de travail à faire, puisqu'il existe plusieurs infractions concernant le droit de la reproduction: "Je pense qu'aujourd'hui, la scène artistique marocaine est sur la bonne voie, mais tant que l'artiste est obligé d'avoir un autre travail en parallèle pour gagner sa vie, il ne pourra jamais évoluer comme il le faut. Il faut aussi conjuguer les efforts pour faire face au piratage qui fait des ravages dans le domaine des droits d'auteur», a déclaré Omar du groupe Mayara.
Le piratage fait des ravages dans le domaine des droits d'auteur. Les DVD, CD et logiciels se vendent à 10 Dirhams à tous les coins de rues. Difficile de résister à la tentation ! Mais à quel prix ?
Le piratage détruit toutes les initiatives de création et anéanti l'économie de n'importe quel pays. A la question «pourquoi achetez-vous des CD ou DVD piratés ?», la réponse de monsieur tout le monde est toujours la même: les CD que j'achète ne sont pas chers. S'ils étaient au prix normal, je ne les achèterais jamais ! Pourquoi ne pas acheter les productions piratées? Elles sont moins chers que les originaux, si toutefois on trouve des originaux. Certes, le piratage permet aux individus d'avoir accès aux dernières chansons à des prix très abordables, mais les conséquences de ce phénomène sont néfastes. C'est la bête noire des maisons de production. A chaque instant, elles voient leurs produits retranscrits et vendus illégalement avant même d'être officiellement distribués sur le marché. Lorsqu'il s'agit d'une autoproduction, on imagine désarroi de l'artiste.
Dans les faits, malgré l'existance de tout un arsenal juridique de repression du piratage, les sanctions prévues à l'encontre des auteurs du piratage et du copiage de produits intellectuels sont rarement appliquées en dehors de quelques coups d'éclat éparses.


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