Du 12 au 15 novembre courant, ont été organisés à Rabat, les premières rencontres méditerranéennes sur le cinéma et les Droits de l'Homme. Une rencontre où un festival de plus qui met en exergue la relation combien étroite entre le cinéma et les Droits de l'Homme. Car, l'investigation des droits humains au cinéma ne date pas d'aujourd'hui. Les films des premiers temps portaient déjà les traces d'un souci de révéler certaines vérités sur les droits du citoyen devant les exactions de l'Etat. « L'affaire Dreyfus » de Georges Melies est certes le premier film à avoir investi un sujet politique d'amplitude humaine considérable. Pour la première fois, les Droits de l'Homme prenaient le dessus pour les raisons d'Etats aussi absurdes soient-elles. Depuis, le cinéma n'a pas cessé de puiser ses sujets dans les affaires événements et faits divers à caractère humain, en relatant les scandales politiques dont sont victimes les hommes et les femmes partout dans le monde en puisant carrément dans la littérature en affinité avec les aspects humain et l'existence de l'homme. Si « Les Misérables » de Victor Hugo continuent à intéresser les cinéastes depuis plus de cinq décennies, c'est à cause de l'aspect humain de ce roman qui continuera à défier le temps, tout au plaisir d'un public, sans identité précise, prêt à se ranger du côté des pauvres donc des faibles. Bien des sujets de films restent indissociables de la cause humaine. De « Jeanne D'Arc » à « Sacco et Vanzetti », de « Yol » à « l'Ile Nue », de la France, de l'Italie, de la Turquie ou du Japon, le cinéma essaie de jouer un rôle dans la sauvegarde des valeurs humaines, en dénonçant les dérapages et en condamnant les principes de l'exclusion et de l'élimination sous toutes son entier ; corps, âme et idées. La minorité a les mêmes droits humains que la majorité ce que nombre d'Etats, en particulier du Sud de la Méditerranée, n'arrivent pas encore à admettre faute d'une prise de conscience collective. Et l'on remarque, avec une regrettable désolation, que c'est l'Occident qui offre le meilleur modèle d'un cinéma conscient des maux de la société un cinéma qui ne connaît pas de lignes rouges thématiques quitte à bousculer l'ordre établi. Mieux encore, les sujets que traite le cinéma occidental vont au-delà de leurs frontières pour englober ceux propres au tiers-monde. Car le cinéma de ces parties du monde ne répond pas encore aux attentes des peuples faute de cinéastes lâches dans leur statut en affinité étroite et en déphasage avec les événements auxquelles s'ajoutent des traitements et approches cinématographiques superficielles et sans impact. Ils sont plus portés vers l'affirmation de soi que par la consistance de leurs œuvres. Les meilleurs exemples de films qui traitent des sujets à caractère humains nous viennent encore de France, d'Angleterre, d'Amérique, d'Allemagne ou d'Italie. On est à chaque fois épaté par la vérité des propos et la minutie des reconstitutions dans un esprit de fidélité à l'histoire aussi amère soit-elle la guerre d'Algérie, celle du Viet-Nam ou Tchernobyl, le drame africain, tout comme la condamnation à mort, sont certes des sujets qui intéressent tout un chacun compte tenu de la dimension universelle et humaine de ces sujets-événements. Le cinéaste s'érige en âme consciente touchant avec son doigt le mal du patient et en désignant parfois directement les causes du mal en vue de sauvegarder l'avenir et les véritables valeurs liées à une existence propre de l'Homme. En effet, le cinéma peut beaucoup dans la protection des valeurs humaines. Devenu un moyen médiatique populaire, grâce à la circulation tout azimut des D.V.D, le film bénéficie d'une large audience et peut devenir un support de prise de conscience efficace. Les cinéastes du tiers-monde bénéficient de cet outil à destination infinie qu'ils peuvent exploiter à outrance. Qu'ils en profitent pour dévoiler, dénoncer, condamner les exactions commises ici et là, entravant le développement souhaité qui, sans existence réelle des Droits de l'Homme, sera hélas sans lendemain.